Cauchemar pour Connor McDavid: une triste entrevue après la défaite des Blue Jays

Cauchemar pour Connor McDavid: une triste entrevue après la défaite des Blue Jays

Par David Garel le 2025-11-02

Dans le regard de Connor McDavid, on pouvait voir une fatigue et une tristesse qu’aucune victoire en prolongation ne peut effacer.

Ce samedi soir, à Edmonton, le capitaine des Oilers venait de récolter trois passes dans une victoire de 3-2 face aux Blackhawks, mais sa tête et son cœur étaient ailleurs.

Alors que les partisans des Oilers hurlaient à chaque fois qu'un joueur des Jays étaient sur les buts, le meilleur joueur au monde pensait à un autre drame sportif, à quelques milliers de kilomètres de là : la défaite déchirante des Blue Jays de Toronto dans le septième match de la Série mondiale.

McDavid a grandi à Richmond Hill, dans la grande région de Toronto. Il a vécu les triomphes des Jays dans les récits de 1992 et 1993, racontés par ses parents, et il a rêvé, comme tout jeune Ontarien, de voir une autre parade bleue traverser les rues de la métropole.

Samedi soir, il a vu ce rêve s’effondrer à deux retraits du bonheur.

« C’était un moment historique et je ne pouvais pas être plus dévasté pour ces gars-là », a confié McDavid après le match.

« On sait exactement ce que ça fait. Et pour que ça arrive de cette façon, c’est brutal. Je suis complètement vidé pour eux. »

Le capitaine d’Edmonton ne parlait pas dans le vide. Il sait ce que représente une 7e partie perdue pour un pays entier.

En juin 2024, les Oilers étaient à un souffle de la Coupe Stanley. Le rêve canadien, celui d’un premier championnat depuis 1993, semblait à portée de main.

Puis, la Floride a tout arraché en gagnant le match ultime 2-1. La même chose est arrivée en 2025, alors que les Panthers ont battu les Oilers une 2e année de suite, cette fois en 6 matchs.

Ce même scénario, presque copié-collé, s’est reproduit au Rogers Centre : les Blue Jays menaient 3-0, dominaient, et n’avaient besoin que de deux retraits pour être champions du monde alors que le score était de 4-3 en 9e.

Puis les Dodgers de Los Angeles ont frappé un circuit égalisateur, avant d’achever Toronto en 11e manche, 5-4.

« C’est ça le sport, c’est cruel et magnifique à la fois », a soufflé McDavid.

« Ils ont fait rêver tout un pays, et ils peuvent être fiers d’eux. Ils ont rassemblé les gens, ils ont fait vibrer le Canada au complet. »

L’analogie est trop évidente pour être ignorée : les Oilers de McDavid et les Blue Jays ont tous deux fait renaître une ferveur nationale.

En 2024 et 2025, Edmonton avait réconcilié le pays avec l’idée qu’une équipe canadienne pouvait encore toucher à la Coupe Stanley.

En 2025, Toronto a ravivé la flamme du baseball au nord du 49e parallèle. Deux équipes, deux parcours, deux tragédies sportives, et un même sentiment de vide.

McDavid l’a résumé avec justesse :

« Le sport, c’est ça, ça rassemble les gens. Pendant deux mois, tout le monde s’est senti impliqué. Ils ont créé quelque chose de rare. »

Il n’y a pas que lui à Edmonton qui a ressenti ce choc émotionnel. Le match entre les Oilers et les Blackhawks se déroulait pendant la dernière partiede la Série mondiale.

L’organisation avait même diffusé la rencontre de baseball sur l’immense tableau central de Rexall Place pendant les deux premières périodes. Le résultat : une ambiance unique, surréaliste.

Chaque rugissement du public n’était plus dicté  par les actions sur la glace, mais par ce qui se passait sur le terrain de baseball.

« C’était vraiment étrange », a reconnu McDavid.

« On était tous derrière les Jays. Tout le monde voulait les voir gagner. Mais honnêtement, c’était difficile de rester concentré. J’entendais la foule réagir, je me demandais ce qui venait de se passer… je regardais même la partie en étant assis sur le banc ! Je suis content qu’ils aient fini par fermer le son pour la troisième période. »

Le coach des Oilers, Kris Knoblauch, a aussi vécu ce moment d’histoire à sa manière. « Il y a eu des instants où on croyait que les Jays avaient gagné.

Le public explosait, et je me disais : “OK, ils l’ont fait.” Puis ils remontraient le match, et on comprenait que ce n’était pas fini. C’était surréaliste. »

Même les Blackhawks, adversaires d’un soir, ont été emportés dans l’émotion collective. Ryan Greene, jeune attaquant canadien de Chicago, a avoué avoir jeté quelques regards discrets vers l’écran.

« Comme Canadien, j’étais derrière eux, c’est sûr. Mais c’était dur de ne pas être distrait. À un moment, il y a eu une énorme clameur, et j’ai complètement perdu le fil de mon changement. »

Son entraîneur, Jeff Blashill, a confirmé l’évidence :

« Oui, c’était distrayant. La foule devenait folle, et on essayait de comprendre ce qui se passait. C’était un moment spécial. Être ici, au Canada, quand un seul club représente tout le pays, c’est quelque chose qu’on ne vit nulle part ailleurs. »

Ce soir-là, le Rogers Centre et le Rexall Place vibraient à l’unisson. Deux sports, une même émotion nationale. Pendant que McDavid offrait trois passes décisives, les Jays vivaient leur naufrage en direct sous les yeux de millions de téléspectateurs.

L’image est forte : le capitaine des Oilers, casque sur la tête, regard rivé sur la rondelle, mais l’esprit hanté par ses deux finales perdues... et la défaite crève-coeur des Jays.

Je me suis surpris à suivre le match du coin de l’œil, même sur le banc », a-t-il avoué.

« C’était impossible de ne pas être ému par ce qu’ils faisaient. »

Le plus triste est que, sur la glace, McDavid a lui-même été le moteur d’une victoire émotive. C’est lui qui a préparé le but gagnant d’Evan Bouchard en prolongation, scellant un triomphe en trois passes, mais sans sourire. Son esprit était ailleurs.

« On sait ce que c’est de perdre quand tout est en jeu. On sait ce que c’est de sentir le rêve s’échapper à deux doigts. »

Pour Bouchard, un Ontarien d’Oakville, la situation était tout aussi bouleversante.

« J’essaierais bien de dire que je ne regardais pas l’écran, mais je mentirais », a-t-il dit.

« On voulait tellement les voir gagner. C’était difficile de se concentrer. »

Edmonton compte sept joueurs ontariens : McDavid, Bouchard, Jake Walman, Darnell Nurse, Adam Henrique, Zach Hyman et Andrew Mangiapane.

Tous ont grandi dans ce même univers où les Blue Jays représentent plus qu’une équipe : un symbole d’unité, un rappel que le Canada peut régner dans un sport dominé par les États-Unis.

En juin 2024, McDavid avait promis que la défaite contre les Panthers servirait de carburant pour la saison suivante. Il a finalement perdu une 2e année de suite.

Mais voir les Blue Jays subir le même sort a ravivé la plaie. Dans son ton, il n’y avait pas seulement de la compassion, mais une douleur personnelle.

« On a tous senti cette peine. Les Jays, c’était un groupe spécial. Ils peuvent garder la tête haute. Ils ont fait ce que le sport fait de mieux : rassembler les gens. »

Et c’est exactement ce qu’il avait fait lui-même, les deux dernières années. Quand Edmonton s’était approché à une victoire de la Coupe Stanley, le pays entier s’était arrêté pour y croire.

Dans les bars de Halifax à Vancouver, les drapeaux des Oilers flottaient comme ceux des Blue Jays cet automne. Trois épopées, trois chutes. Deux blessures encore fraîches.

Ce soir-là, Connor McDavid a incarné la fibre canadienne à sa plus pure expression : celle d’un pays fier mais meurtri, fidèle à ses équipes même dans la défaite.

Son empathie pour les Blue Jays n’était pas un simple geste de politesse entre athlètes. C’était le cri du cœur d’un capitaine qui a ressenti le même poids sur ses épaules, le même silence après la sirène, la même nuit blanche après un rêve brisé.

Le Canada n’a peut-être pas soulevé de trophée en 2024 ou 2025, mais il s’est retrouvé. Les Oilers et les Blue Jays ont rappelé ce qu’il y a de plus puissant dans le sport : cette capacité de faire vibrer un pays entier, de faire rêver les enfants, d’unir les générations.

McDavid, comme Guerrero Jr. et Bichette, représente cette jeunesse talentueuse qui porte sur elle tout le poids des attentes nationales.

Et même si le score final affichait 5-4 pour les Dodgers, le véritable héritage de cette Série mondiale restera ailleurs : dans cette communion, dans cette émotion partagée jusque dans les arénas de hockey.

Hier, Connor McDavid ’était pas seulement un joueur de hockey. Il était un Canadien parmi tant d’autres, le cœur serré devant un rêve qui s’envole, mais le regard déjà tourné vers le prochain printemps, celui où, peut-être, il écrira enfin la fin heureuse que tout un pays attend.