Patrick Roy croyait peut-être amorcer la saison 2025-2026 dans une relative tranquillité. Il avait survécu à la tempête Noah Dobson.
Il avait appuyé l’acquisition controversée de Tony DeAngelo. Et il misait gros sur Matthew Schaefer, le prodige fraîchement repêché au premier rang, pour faire oublier tous les déboires de la dernière année.
Mais dès le premier match préparatoire, le vent a tourné. Et sur les réseaux sociaux, c’est un ouragan qui s’est levé contre l’entraîneur des Islanders de New York.
Il n’aura fallu que 24 minutes et 39 secondes de jeu à Matthew Schaefer pour mettre tout le monde d’accord. Une passe décisive sur le premier but, cinq tirs au filet, une relance efficace, une vitesse de patin phénoménale, et surtout un repli défensif miraculeux en prolongation, où il a rattrapé un adversaire en échappée pour couper une chance de marquer. Les partisans ont tout vu. Et ils ont réagi.
« Matt-hew Scha-efer ! Matt-hew Scha-efer ! »
Le chant a retenti dans les gradins de l’UBS Arena. Un moment magique pour un jeune de 18 ans.
« Définitivement, j’ai eu des frissons », a confié Schaefer après le match.
« Je croyais que c’était pour Scott Mayfield, mais je suppose que c’était pour moi. C’est évidemment un moment spécial. »
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Car malgré cette performance emballante, Schaefer n’a pas été utilisé sur la première vague de l’avantage numérique. Cette place tant convoitée, Roy l’a offerte à… Tony DeAngelo.
Ce nom suffit à faire grincer des dents à Long Island, à Philadelphie, à New York et à peu près partout en Amérique du Nord.
Défenseur polarisant, enchaînant les controverses politiques, disciplinaires et comportementales, DeAngelo est le genre de joueur que peu de partisans veulent voir mis de l’avant. Mais Patrick Roy, lui, continue de le chérir.
Dans ce premier match face aux Flyers, DeAngelo a été le défenseur le plus utilisé de la soirée avec 25 minutes et 21 secondes de jeu.
Il a dirigé la première unité du jeu de puissance, alors que Schaefer, le chouchou des fans et joueur de l’avenir, regardait depuis la ligne bleue.
La réaction ne s’est pas fait attendre. Sur X, Reddit, Instagram et TikTok, Patrick Roy s’est fait détruire.
« Comment peut-il préférer un joueur aussi haï à son joyau de première ronde ? », s’indigne un partisan.
« C’est une insulte à notre intelligence. »
Un autre ajoute : « Roy est resté bloqué dans les années 90. »
Le syndrome Noah Dobson refait surface.
Et ce n’est pas un hasard si ce moment a ravivé un souvenir douloureux. Celui de Noah Dobson, aujourd’hui joueur étoile à Montréal, mais autrefois brimé par Patrick Roy.
Lorsque DeAngelo avait été acquis par les Islanders en fin de saison 2024-2025, Roy avait immédiatement retiré Dobson de la première vague de l’avantage numérique pour tester DeAngelo à sa place. Une décision interprétée comme une sanction, voire une humiliation.
Dobson, pourtant auteur d’une saison de plus de 70 points en 2023-2024, n’avait jamais digéré ce traitement. Et lorsqu’il a été échangé à Montréal, il n’a même pas pris la peine de remercier Roy publiquement.
« Ce silence n’était pas un oubli. C’était un message clair », écrivions-nous à l’époque. Un message qui résonne encore aujourd’hui.
Dès son arrivée à la barre des Islanders, Roy a multiplié les signaux négatifs à l’égard de Dobson. Roy reprochait à Dobson son exposition sur les réseaux sociaux, ses publications avec sa copine (maintenant femme) Alexa Serowik, et son style de vie jugé « trop distrayant ».
Une vieille mentalité, rigide, incapable d’accepter qu’un joueur puisse concilier excellence sportive et vie personnelle publique. Dobson, pourtant, livrait la marchandise sur la glace. Et lorsque sa production a légèrement baissé, Roy s’est vengé en convaincant Mathieu Darche de tourner la page.
Patrick Roy a toujours aimé les joueurs « qui mordent leur bâton », qui sacrifient leur corps, qui ne font pas de vagues. DeAngelo, malgré ses frasques, semble avoir trouvé grâce à ses yeux pour des raisons encore obscures.
Peut-être parce que, comme Roy, il aime déplaire. Peut-être parce qu’il représente ce que Roy appelle un « vrai caractère ».
Mais ce favoritisme commence à coûter cher à Roy. Déjà critiqué pour avoir laissé filer Dobson, le voilà de nouveau sur la sellette pour avoir mal géré Schaefer, son joyau défensif.
Oui, Schaefer a commis une erreur coûteuse en début de match, une passe dans l’axe qui a mené à un but des Flyers. Mais Roy l’a défendu :
« C’était une erreur d’équipe. Le repli du centre aurait dû être là. »
Et pourtant, quand est venu le temps de distribuer les minutes de powerplay, cette erreur semblait lui avoir coûté sa place.
Roy s’est défendu en conférence de presse :
« Il a été vraiment bon. C’est excitant de le voir jouer. Le repli qu’il a fait en prolongation, c’était spectaculaire. Il n’a que 18 ans. C’est impressionnant. »
Mais pourquoi, alors, ne pas lui donner la chance de briller en avantage numérique ? Pourquoi préférer un vétéran controversé à une future superstar, surtout dans un match sans enjeu réel ?
La situation actuelle est d’autant plus délicate que Roy semble prisonnier de ses vieilles habitudes. En 2024-2025, il s’était attiré les foudres des fans pour sa gestion de Dobson. Aujourd’hui, il recommence avec Schaefer. Et cette fois, les projecteurs sont encore plus puissants.
Il ne s’agit pas simplement d’une erreur de coaching. Il s’agit d’une rupture entre Roy et l’image d’un entraîneur moderne, en phase avec la nouvelle génération.
Schaefer incarne cette jeunesse talentueuse, confiante, expressive. Il est adulé pour ses qualités de patinage, sa vision offensive, sa personnalité rafraîchissante. Le public est prêt à lui pardonner ses erreurs. Il veut le voir évoluer, progresser, dominer.
Roy, lui, semble vouloir l’éduquer à l’ancienne. Et dans un monde où les partisans réclament de l’audace, ce type de rigidité passe de plus en plus mal.
Et maintenant ?
Il est trop tôt pour parler de fracture. Trop tôt pour dire que Roy est en danger. Mais la ligne est mince. Schaefer a conquis le cœur des partisans en un seul match.
Si Roy ne lui donne pas les rênes rapidement, il risque de le perdre. Et pire encore : il risque de se mettre à dos toute une génération de fans qui en ont assez des vétérans privilégiés.
S’il continue de traiter Tony DeAngelo comme une vedette et Matthew Schaefer comme un étudiant, Roy refera exactement la même erreur qu’avec Dobson. Et cette fois, il n’y aura pas de deuxième chance.
Car dans cette ligue, l’avenir appartient à ceux qui osent. Et Patrick Roy, pour l’instant, semble vouloir rester dans le passé.
Un passé qui, à Long Island, pourrait bientôt le rattraper.