Il n’a que deux matchs derrière la cravate cette saison, mais Mike Matheson fait déjà mentir tous ceux qui le voyaient glisser dans la hiérarchie défensive du Canadien.
Un but, une passe, aucune minute sur l’avantage numérique, et pourtant : il est, de loin, le défenseur le plus complet et le plus percutant de ce début de calendrier. Et pour une rare fois, tout le monde semble d’accord : il ne faut pas l’échanger. Il faut le garder.
Les rumeurs de l’été? Écartées. Net. Fini.
L’été dernier, les téléphones ont sonné à Brossard.
Anaheim. Seattle. Même Pittsburgh s’est informé à un moment donné. Et à chaque fois, le nom de Mike Matheson revenait dans les packages proposés pour aller chercher un centre top-6.
Mason McTavish. Jared McCann. Adam Henrique à rabais. Le CH faisait ses devoirs, testait la valeur marchande… mais au final, aucune offre ne passait le test de la cohérence.
Le message est désormais clair en interne : Mike Matheson ne bougera pas.
Il a lui-même exprimé son désir de demeurer à Montréal. La direction partage son intention. Ce dossier ne passera pas par une transaction. Il passera par une prolongation de contrat.
L’heure de vérité est arrivée : combien vaut Matheson?
C’est là que les vraies discussions commencent.
Du côté du clan Matheson, on se base sur une donnée toute simple : en argent réel cette saison, il touchera 6,5 millions de dollars (salaire + bonis). Pourquoi donc accepterait-il moins dans sa prochaine entente?
Renaud Lavoie a d’ailleurs été le premier à poser la question publiquement. Son chiffre est clair : pour garder Matheson, le CH devra monter jusqu’à 6,5 M$ par année sur plusieurs saisons.
Mais Kent Hughes, lui, ne veut rien savoir de ce montant.
Du point de vue comptable, la logique de Hughes est sans pitié. La ligne bleue montréalaise est en transition :
Noah Dobson est déjà solidifié à droite pour de longues années.
Kaiden Guhle est un pilier à gauche, avec du leadership en progression.
Lane Hutson va réclamer sa part du gâteau budgétaire sous peu.
David Reinbacher finira par arriver.
Alexandre Carrier stabilise l’arrière-garde.
Adam Engström est désormais à deux doigts .. lui qui est NHL-ready
Jayden Struble réchauffe le banc des gradins
Arber Xhekaj est le shérif intouchable du public. (mais ne sera jamais le favori du coach)
Avec cette abondance, investir massivement dans un défenseur de 32 ans devient difficile à justifier.
Et pourtant, dans les faits, aucun de ces jeunes n’a encore supplanté Matheson.
Sur la glace, Mike Matheson joue comme un défenseur de 6,5 M$.
Il transporte la rondelle. Il gère les transitions défensives. Il joue contre les meilleurs trios adverses. Il prend des décisions intelligentes sous pression. Il évolue dans toutes les situations.
Et surtout, il le fait sans demander plus de reconnaissance, sans se plaindre du temps d’utilisation offensif qu’on lui retire pour développer les jeunes.
Matheson, c’est la colonne vertébrale silencieuse.
Et dans un marché comme Montréal, cette constance vaut de l’or.
Kent Hughes veut éviter cela.
Mais Mike Matheson n’est pas un vétéran qui ralentit. À 32 ans en février, il est en pleine maîtrise de son jeu. Il veut rester. Il veut continuer à grandir avec cette équipe. Et dans le vestiaire, son leadership est perçu comme crucial, notamment auprès de Guhle, Hutson, Xhekaj, Struble et bientôt Reinbacher.
Le compromis logique semble se dessiner : 5,75 ou 6 millions par saison sur 3 ou 4 ans. Une entente qui respecte le joueur, sans bloquer le plan structurel du club.
Mais Matheson, selon plusieurs sources proches du dossier, n’est pas fermé à ce genre d’entente. Ce qu’il veut surtout, c’est être respecté.
On parle ici d’un Montréalais pur souche, qui a fait ses preuves, qui a été un ambassadeur irréprochable de l’organisation, et qui, dans les faits, porte la défensive sur ses épaules depuis deux saison.
Au-delà des chiffres, la dimension humaine est capitale dans ce dossier.
Matheson et sa conjointe sont enracinés à Montréal. Les enfants vont à l’école ici. Ils ont leurs habitudes. Le quartier. Les amis. Le quotidien.
Changer de ville? Ce serait une déchirure.
Et c’est pour ça que le mot d’ordre est tombé dans son camp : on ne veut pas partir.
Tout ce qui reste à négocier, c’est le prix de cette stabilité.
Ce début de saison renforce une certitude : Mike Matheson n’est pas remplaçable à court terme. Et chaque performance renforce sa valeur sur le marché.
Si le CH veut éviter un nouveau feuilleton, il faudra agir vite.
Car plus Matheson accumule les bonnes performances… plus il se rapproche du marché autonome.
Et à ce moment-là, il y aura des équipes prêtes à lui offrir le fameux 6,5 M$ pour plus longtemps que 4 ans.