Le rideau tombe à Toronto. Pas avec style, pas avec dignité, mais avec un bruit de vaisselle fracassée contre le mur.
Les Maple Leafs sont à une défaite de l’élimination, et l’humiliation qui vient avec leur déroute de 6 à 1 mercredi soir laisse des traces qui ne s’effaceront pas avec une simple poignée de mains en fin de série.
Ce n’est plus une défaite. C’est la fin d'une équipe.
Le ton a changé dans la LNH. Ce n’est plus de la critique. C’est de l’autopsie. Mark Messier a été cinglant sur ESPN :
« C’est la pire performance qu’il nous a été donné de voir depuis longtemps dans un match d’une telle importance. »
Et ce n’est pas un exagéré. C’est la réalité. Une réalité sans pitié, froide, brutale comme jamais.
Même P.K. Subban, rarement tendre avec l'équipe ontarienne, n’a pas pu se retenir :
« Inacceptable. Embarrassant. Définition de la médiocrité. »
Les signes ne mentent pas. C'est la fin du quatuor Matthews-Marner-Tavares-Nylander
John Tavares et Mitch Marner deviendront agents libres sans compensation le 1er juillet. Et soyons honnêtes : il n’y a rien, mais rien, qui laisse croire que l’un des deux souhaite ou oserait signer une prolongation à Toronto dans ce contexte.
Pas avec une ville qui les hue. Pas avec des fans qui jettent leur chandail sur la glace comme s’il s’agissait d’un vulgaire torchon. Pas avec des journalistes qui les traînent dans la boue tous les soirs de match.
Mitch Marner, jadis enfant chéri de la nation bleue, est aujourd’hui une cible. Une cible qu’on accuse d’être invisible en séries. Une cible qui ne produit pas quand ça compte. Une cible qui croule sous la pression. Une cible qui, disons-le, veut sortir de cet enfer.
John Tavares? Le roi déchu, l’enfant du pays devenu capitaine d’un Titanic sans boussole. Pour qu'on lui arrache son C au profit du lâche Auston Matthews.
Il n’a plus rien à prouver. Il est trop fier pour vivre un autre affront public. Il sait, au fond, que le rideau est tiré. Et cette fois, il n’y aura pas de rappel.
Il y a quelques jours à peine, John Tavares niait catégoriquement les rumeurs l’envoyant à Montréal, réaffirmant son attachement aux Maple Leafs et son désir de rester à Toronto jusqu’à la fin de son contrat.
Mais avec la dégelée humiliante de 6 à 1 subie devant leurs partisans et l’implosion apparente du vestiaire, tout vient de changer.
Tavares, à 34 ans, n’incarne plus la solution à Toronto, mais bien l’un des derniers vestiges d’un projet échoué. Son contrat de 11 millions par saison expire en 2025, et soudainement, un divorce semble inévitable.
Dans ce contexte, l’idée d’un passage à Montréal, jadis farfelue, commence à faire du sens. Dans un rôle mieux adapté, avec un salaire réduit et une mission claire, Tavares pourrait redevenir un meneur utile au sein d’un jeune groupe en pleine ascension. Kent Hughes et Jeff Gorton le savent : un changement de ton à Toronto peut tout déclencher.
Et pendant que tout s’écroule chez les Leafs, Kent Hughes et Jeff Gorton se frottent les mains. C’est écrit dans le ciel : ces deux-là ne vont pas rater leur chance. Si Marner teste le marché des joueurs autonomes, le Canadien va foncer. Pas à pas feutrés. À pleine vitesse.
Parce que malgré tout ce qu’on peut dire de Marner en séries, il reste un génie du hockey. Un fabricant de jeu hors pair.
Un Québécois d’adoption, francophile, à l’aise à Montréal. Un joueur qui, dans un autre système, dans une autre culture, pourrait redevenir ce joueur étoile qu’on a trop vite enterré.
Et surtout : un joueur de 28 ans, dans son prime, disponible sans sacrifier un seul espoir ou un seul choix au repêchage.
Pour une équipe comme Montréal, qui veut ajouter du talent immédiatement, c’est une occasion en or. Une opportunité générationnelle.
Et si c’était un 1-2 punch Marner-Crosby?
Car la folie ne s’arrête pas là. Si Marner signe à Montréal, cela pourrait avoir un effet domino.
Vous pensez que Sidney Crosby ne regarde pas ce qui se passe? Que son meilleur ami Marc-André Fleury, encore flamboyant au Mondial, ne le texte pas tous les soirs pour qu'il demande une transaction vers Montréal? Que le respect mutuel entre Marner et Crosby ne pourrait pas déclencher quelque chose?
Si Pittsburgh tombe en reconstruction, et que Crosby demande une transaction, Montréal est soudainement bien plus qu’un rêve. C’est une destination logique, crédible, attractive.
Pendant que Matthew Knies pourrait devenir cible d’une offre hostile, pendant que Marner et Tavares s’apprêtent à faire leurs valises, le Canadien de Montréal a tout ce qu’il faut pour en profiter.
L’espace salarial. Le momentum. Le leadership. L’organisation.
Toronto, c’est le passé qui s’effondre.
Montréal, c’est l’avenir qui s’installe.
Et dans cet avenir-là, Jeff Gorton a déjà dit qu’il était prêt à tout. C’est ce que veulent entendre les partisans. Frapper un coup de circuit. Renvoyer la balle dans le champ opposé. Récupérer ce que Toronto laisse tomber... pour recevoir absolument rien en retour...L’histoire se répète
Toronto a vu passer DG après DG, coach après coach, des dizaines de scénarios. Le résultat est toujours le même : échec. Déception. Zéro titre.
Les « quatre fantastiques »? Ils ne seront bientôt plus que des fantômes dans l’histoire d’un échec collectif.
Et s’ils ne veulent pas payer Marner?
Et s’ils veulent enfin tourner la page?
Il y a une seule équipe dans la LNH qui peut leur voler la vedette.
Et cette équipe porte encore et toujours le même nom, depuis 1909 : le Canadien de Montréal.