Il y a de l’attente. De l’incertitude. Et une tonne de spéculations autour d’Ivan Demidov en vue de sa première "vraie année" à Montréal.
Allait-il commencer sur la première vague du powerplay? Allait-on le « protéger » en le lançant sur la deuxième unité? Allait-on ménager ses débuts comme on l’a fait avec Lane Hutson la saison précédente?
Non. Martin St-Louis aurait déjà pris sa décision. Ivan Demidov sera sur la première unité de l’avantage numérique dès le match d’ouverture.
Et c’est une onde de choc pour deux autres noms majeurs dans l’alignement : Patrik Laine et Juraj Slafkovsky.
Pourquoi Demidov?
La raison est simple. Martin St-Louis ne veut plus d’un powerplay statique, prévisible, centré uniquement sur « le bureau » de Laine et sur les tirs de loin de Lane Hutson.
Demidov apporte l’élément manquant : le dynamisme. Sa capacité à porter la rondelle en zone offensive, à créer du mouvement latéral et à improviser sous pression a complètement changé le visage du jeu de puissance lors des quelques séances d’entraînement à Brossard.
Dès ses premières présences, le message était clair : il n’était pas là pour observer. Il voulait le rôle principal.
Martin St-Louis a été séduit. Et il l’a confirmé dans les coulisses : ce que Demidov apporte, aucun autre joueur dans l’équipe ne peut le reproduire.
Avec Demidov sur la première vague, il faut sortir quelqu’un. Et ce ne sera pas Nick Suzuki, ni Cole Caufield, ni Lane Hutson.
Alors il ne reste que deux noms : Patrik Laine et Juraj Slafkovsky.
Laine, quand il est dans son coin, attend la passe. C’est efficace, mais c’est aussi devenu prévisible. Et surtout, ça immobilise les autres.
Lorsque Laine est sur la glace en avantage numérique, toute la structure tourne autour de lui. Mais avec Demidov, ce n’est plus une option viable. Le Russe crée le chaos. Il attire la défensive à lui. Il casse les schémas. Il oblige tout le monde à bouger.
Et c’est exactement ce que Martin St-Louis veut instaurer cette saison : un powerplay fluide, imprévisible, en mouvement constant.
Surtout que si Patrik Laine est déplacé sur la deuxième unité d’avantage numérique pour faire place à Ivan Demidov sur la première, Cole Caufield va enfin pouvoir reprendre son fameux « bureau » à gauche de la glace (à droite pour la vision du gardien), dans le cercle de mise en jeu. Celui d’où il a marqué la majorité de ses buts en carrière.
Depuis l’arrivée de Laine, Caufield avait perdu son emplacement de prédilection. On l’utilisait davantage comme passeur ou comme présence flottante dans le haut de la zone, ce qui limitait son impact offensif.
Mais s’il revient dans son « bureau », là où il peut décocher son tir sur réception rapidement, on maximise à nouveau son efficacité.
En envoyant Laine sur la deuxième vague avec Caufield dans son rôle naturel, Martin St-Louis crée une deuxième unité d’élite, plutôt que de concentrer tout son talent sur la première. Ce n’est plus une unité A et une unité B : ce sont deux groupes capables de marquer chaque présence.
En bougeant une seule pièce (Laine), on règle deux problèmes en même temps : on libère Demidov et on relance Caufield.
Une pierre. Deux coups. St-Louis le sait très bien.
Slafkovsky, de son côté, a été utilisé à sur la première vague pendant pratiquement toute l'année. Il a été grandement critiqué pour son "Hockey IQ", mais au finail, il a bien fait. Il a été efficace devant le filet, a gagné des batailles le long de la bande et a su distribuer la rondelle au bon moment.
Mais dans le plan offensif 2025-2026 du CH, ce n’est pas suffisant pour lui garantir une place sur la première vague.
Demidov est simplement trop complet. Il combine la vitesse, la vision, les mains et l’instinct offensif. Slafkovsky, lui, reste encore un projet en développement.
Et dans ce contexte, il pourrait se retrouver relégué à la deuxième unité, probablement avec Dobson à la pointe et un rôle de présence physique près du gardien.
Mais attention : ce changement pourrait aussi devenir un test. Si Slafkovsky ne performe pas rapidement sur cette deuxième vague, la pression va monter, alors qu'il va empocher 10 M$ la saison prochaine (son contrat de 7,6 M$ par année sur 8 ans commence dès cette saison).
Et à Montréal, on sait à quelle vitesse l’opinion publique peut basculer.
Le plan de St-Louis est clair. Il veut deux unités capables de produire. Et non pas une première vague où tout repose sur trois joueurs.
Il voit Demidov comme une pièce maîtresse de son système. Il ne veut pas le protéger comme Hutson à ses débuts. Il ne veut pas le former doucement. Il veut lui donner des responsabilités dès le jour 1, exactement comme il l’avait fait avec Cole Caufield en 2022.
Et selon plusieurs sources, Martin St-Louis considère Demidov comme un joueur de calibre élite dès maintenant. Il aurait même dit dans une réunion interne :
« On ne va pas gagner si on garde ce gars-là en laisse. Il faut lui donner la rondelle et le laisser faire ce qu’il sait faire. »
Patrik Laine n’est pas naïf. Il sait lire les signaux. Il voit les répétitions en avantage numérique à l’entraînement. Il voit que Demidov est celui à qui Martin St-Louis confie les clés du jeu de puissance.
Et même s’il est en année de contrat, même s’il veut prouver qu’il mérite de rester à Montréal à long terme, il est conscient que son rôle va changer.
Il risque donc de devoir s’adapter. Peut-être en jouant davantage sur la deuxième vague. Peut-être en jouant à cinq contre cinq avec des responsabilités accrues.
Mais une chose est certaine : le statut de Laine n’est plus celui d’un joueur intouchable sur le powerplay. Demidov a bousculé la hiérarchie.
Ce changement envoie un message clair : le Canadien de Montréal est en train de bâtir autour d’un nouveau noyau offensif, et Ivan Demidov en est déjà la pierre angulaire.
Le CH ne veut plus être une équipe facile à lire. Fini l'avantage numérique centré autour d’un seul tir. Place à la création, à l’instinct, à l’improvisation contrôlée. Et dans ce domaine, Demidov est le maestro.
Son impact ne sera pas seulement visible dans ses points. Il va redéfinir la manière dont les équipes adverses se préparent à affronter Montréal.
Il va forcer les unités de désavantage numérique à s’ajuster. Il va ouvrir des espaces pour Suzuki. Il va donner plus de liberté à Lane Hutson. Et il va faire souffrir les défenses.
Demidov n’a pas besoin de temps d’adaptation. Il n’a pas besoin de s’habituer à la pression. Il a déjà prouvé en séries, en deux matchs, et à l’entraînement cet été, qu’il était prêt.
Martin St-Louis le sait. Kent Hughes le sait. Jeff Gorton le sait. Et les joueurs aussi.
Ce n’est donc pas une surprise de le voir dès maintenant sur la première unité du powerplay. C’est une confirmation. Une validation de tout ce qu’on pensait de lui. Et un avertissement pour ceux qui pensaient que la hiérarchie ne bougerait pas.
Demidov arrive. Et il prend ce qui lui revient.