On croyait Kent Hughes assis confortablement sur son trône de magicien de la masse salariale, celui qui avait réussi à transformer un club moribond en une franchise excitante, pleine de promesses, avec des contrats de joueurs étoiles qui font saliver les DG adverses.
Mais voilà qu’un coup de poignard invisible est venu troubler son plan parfait. Et ce poignard porte un nom : Frank Nazar.
Oui, Frank Nazar, un joueur qui n’a même pas franchi le cap des 60 matchs dans la LNH, mais qui a tout de même décroché un contrat de sept ans avec les Blackhawks de Chicago.
Et ce n’est pas un contrat banal.
C’est un contrat qui fait parler toute la Ligue, au point qu’Elliotte Friedman a déclaré dans son podcast 32 Thoughts :
« Ce contrat de Nazar… une des raisons pour lesquelles on en a entendu parler avant même que les Blackhawks l’annoncent, c’est parce qu’il y avait des discussions pour dire à quel point c’était un gros contrat. C’est un contrat qui établit un précédent. »
Boom. Tout est dit.
Nazar n’est pas seulement un joueur prometteur, il est devenu un levier, une référence, un symbole qui chamboule l’ordre établi.
Et c’est là que le spectre de Frank Nazar refait surface.
Parce qu’il ne hante pas seulement Kent Hughes à travers son contrat qui sert désormais de précédent empoisonné pour Lane Hutson.
Non. Nazar est aussi le fantôme de la transaction Kirby Dach.
Rappelons-le : en 2022, Hughes avait mis la main sur le 13e choix au total en échangeant Alexander Romanov.
Ce choix, il l’a aussitôt expédié à Chicago pour obtenir Dach.
Les Blackhawks, eux, ont utilisé cette sélection pour repêcher… Frank Nazar.
Depuis ce jour, chaque but, chaque exploit, chaque manchette de Nazar agit comme une petite claque en plein visage pour Montréal.
Parce que Dach, lui, n’a jamais eu la chance de s’imposer à cause de ses blessures, alors que Nazar monte en flèche.
Résultat? Nazar frappe deux fois. Une première fois en tant que rappel cruel de la transaction Dach.
Une deuxième fois en tant que référence contractuelle qui vient compliquer les négociations avec Hutson.
Double peine pour Hughes.
Quand Elliott Friedman dit que le contrat de Nazar est un « deal marquant » que toute la ligue observe, à Montréal, ça résonne encore plus fort qu’ailleurs.
Parce que Nazar n’est pas seulement un jeune talent à Chicago : il est la cicatrice vivante d’un pari risqué qui tarde à payer, et maintenant, il est aussi le point de comparaison qui pourrait coûter des millions au CH dans son futur noyau.
Et à Montréal, ce précédent tombe comme une gifle en plein visage.
Parce qu’au même moment, Kent Hughes est en train de jongler avec le dossier le plus explosif de sa reconstruction : celui de Lane Hutson.
Le petit génie de la ligne bleue, qui a déjà mis la LNH à genoux en récoltant 66 points à sa saison recrue, n’est pas n’importe qui.
C’est un défenseur qui a gagné le Calder, qui a redonné au Centre Bell ses frissons de l’époque Subban, et qui incarne à lui seul l’avenir offensif du Canadien.
Mais voilà, ce phénomène doit être payé. Et vite.
Hughes avait un plan. Enfermer tout le noyau dans une structure salariale béton, où personne ne dépasse Nick Suzuki et où la hiérarchie est claire : Suzuki le capitaine, Caufield et Slafkovsky les jeunes stars, tous signés à rabais.
Même Noah Dobson, arrivé de Long Island, a trouvé sa place à 9,5 millions. L’équilibre était beau, presque trop beau. Puis Nazar est arrivé.
Comment convaincre Hutson de signer un contrat « d’équipe » quand Nazar, avec ses 56 petits matchs d’expérience, vient déjà de toucher le gros lot? C’est impossible.
Les agents ne sont pas fous. Ils s’en servent déjà comme référence. Et Hutson, lui, il regarde ça et il se dit : « Si Nazar peut obtenir ça, pourquoi pas moi? »
Voilà pourquoi ce coup de poignard est invisible, mais fatal. Hughes n’a rien fait, mais il est piégé par la décision d’un autre DG. Chicago vient de faire exploser le barème, et Montréal doit s’adapter.
Et le dilemme est cruel. Si Hutson signe maintenant, Hughes pourrait répéter le vol qu’il a réussi avec Caufield et Slafkovsky. Verrouiller le joueur longtemps, à un prix qui semblera ridicule dans cinq ans.
Mais si Hutson décide d’attendre, il peut viser la lune.
Imaginez-le sortir une saison de 75 ou 80 points.
Imaginez-le flirter avec des records de production jamais vus chez un défenseur de 20 ans. À ce moment-là, c’est un contrat de 10 ou 11 millions qu’il faudra sortir.
Mais l’attente est un jeu dangereux. Connor Bedard vient d’en donner la preuve.
Lui aussi avait tout pour lui : un Calder, une première saison de feu, et la certitude de confirmer.
Sauf que sa deuxième saison a laissé un goût amer.
Moins de points, moins d’impact, et une valeur qui a chuté.
Résultat : Bedard négocie aujourd’hui sans la même aura.
Lane Hutson est donc devant un choix existentiel. Se sécuriser tout de suite et s’assurer la richesse… ou attendre et risquer l’accident de parcours.
Kent Hughes, lui, ne peut qu’observer cette partie de poker en espérant que les cartes tombent de son côté.
Parce qu’en coulisses, ce dossier n’est pas qu’une affaire de chiffres.
C’est une affaire de vestiaire. Quand Suzuki, Caufield et Slafkovsky ont accepté moins pour le bien de l’équipe, c’était une promesse silencieuse, une entente morale.
Mais si Hutson exige beaucoup plus, c’est tout cet équilibre qui éclate. Et à ce moment-là, les sourires dans les corridors deviennent des regards lourds de reproches.
C’est ça, le vrai danger. Nazar n’a rien à voir avec le Canadien, mais son contrat vient miner l’équilibre psychologique du vestiaire montréalais.
C’est un rappel brutal que les règles de la LNH changent à chaque signature, et que personne n’est à l’abri.
Hughes est prisonnier d’un précédent qu’il n’a pas choisi.
Un contrat signé à Chicago se transforme en tempête à Montréal.
Et si Hutson choisit de jouer la carte de Nazar, Hughes n’aura pas le choix. Soit il paye, soit il prend le risque de froisser son joyau et de compromettre sa reconstruction.
Voilà pourquoi cette histoire n’est pas seulement une anecdote de marché.
C’est une véritable bombe à retardement.
Parce que si Hutson prolonge trop cher, c’est tout le projet Hughes-Gorton qui vacille. Et si Hutson décide d’attendre, la tension va durer encore un an, empoisonnant chaque pointage, chaque passe, chaque mise en jeu.
Au final, le Canadien voulait écrire sa propre histoire.
Mais une page signée à Chicago est venue se glisser dans le cahier, et elle pourrait tout changer. Le précédent Nazar est là, gravé dans le marbre.
Et Kent Hughes, impuissant, réalise qu’il est déjà prisonnier de ce coup de poignard invisible.
Misère...