Lane Hutson pensait s’accorder un souffle avec une série honnête contre les Capitals. Cinq points en quatre matchs, c’est plus que respectable pour un défenseur recrue.
Mais dans le bureau de Kent Hughes, on avait déjà d’autres lectures. Parce que le DG du Canadien espérait, secrètement, que ces séries révèleraient les limites de Hutson.
Qu’on verrait enfin les failles dans son jeu défensif, son incapacité à supporter la pression physique, son gabarit mis à l’épreuve. Il n’a pas été mauvais, mais il n’a pas été transcendant non plus. Et Hughes pensait déjà tenir une carte dans sa manche pour la négociation à venir.
Mais tout cela vient de voler en éclats. La cause? Scotty Bowman. Le légendaire entraîneur a jeté une bombe en comparant Hutson à Wayne Gretzky et Guy Lafleur.
Oui, vous avez bien lu. Selon Bowman :
« Hutson est un joueur spécial. Ses habiletés en font un joueur dynamique. Il a un grand sens du jeu et de l’anticipation. Wayne Gretzky était comme ça, Guy Lafleur aussi. Ces joueurs savaient comment jouer. Ils sont leurs propres entraîneurs. »
Pour Sean Coffey, l’agent de Lane Hutson, c’est un cadeau du ciel. Après avoir perdu la bataille contre Hughes dans le dossier Jacob Fowler – où il n’a même pas réussi à obtenir le contrat d’entrée régulier ou les bonus maximaux – voilà qu’il peut maintenant se pointer à la table des négociations avec une déclaration de Scotty Bowman sous le bras.
Et Scotty Bowman ne s’est pas arrêté là. Dans une entrevue qui a fait lever bien des sourcils au Journal de Montréal, le légendaire entraîneur a carrément déclaré que « Lane Hutson me fait penser à Wayne Gretzky, dans sa capacité à voir le jeu avant les autres. Il ne patine pas comme Paul Coffey, mais il pense comme Gretzky. »
Une comparaison aussi audacieuse n’est pas anodine lorsqu’elle vient de l’homme qui a dirigé les plus grandes légendes de la LNH.
Pour l’agent de Hutson, c’est du pain béni. Ce genre de déclaration, surtout quand elle est diffusée en plein cœur des séries et reprise dans tous les segments de TSN et Sportsnet, fait monter la valeur du joueur comme un titre en bourse "boosté".
Si Kent Hughes pensait négocier à la baisse à cause des quelques erreurs défensives de Hutson, cette citation vient ruiner ses espoirs. Car dans le monde du hockey, lorsqu’un cerveau comme Bowman t’élève au rang de Gretzky — même partiellement — tu viens de gagner plusieurs millions garantis.
Imaginez le scénario : vous êtes agent d’un joueur de 66 points à 20 ans, brisant des records, dominant offensivement, et vous pouvez affirmer qu’un des plus grands esprits du hockey le compare à Gretzky.
Vous pensez vraiment que Coffey va accepter un contrat de 8,5 millions par année pour huit ans? Oubliez ça. Il vise maintenant les 10 millions par saison, voire plus.
Et ça complique tout. Parce que le Canadien a une structure salariale précise. Nick Suzuki est à 7,875 M$. Slafkovsky à 7,6 M$. Caufield à 7,85 M$. Kent Hughes ne veut pas créer un précédent. Il ne veut pas payer un jeune défenseur plus qu’il ne paie son capitaine. Mais Hutson, lui, est sur une autre planète. Et Coffey le sait.
La pression monte. D’autant plus que dès le bilan de fin de saison, Lane Hutson a dévoilé ses cartes. Il veut rester à Montréal. Il veut signer rapidement. Il adore le noyau.
Il a cité les Gallagher, Savard, Matheson, Suzuki… Il a parlé avec son coeur. Et là, c’est Sean Coffey qui doit avoir les cheveux blancs. Parce que pour un agent, la pire chose, c’est un joueur qui désarme publiquement avant la bataille.
Mais attention : Coffey n’a pas dit son dernier mot. Et cette fois, il a un argument de destruction massive. Scotty Bowman.
Le mythe vivant. Celui qu’on négocie pas. Celui qu’on cite dans les livres. Et Bowman, non seulement il vante Hutson, mais il raconte l’avoir vu patiner à huit ans à Lincolnwood.
Il parle de sa vitesse explosive, de sa vision, de son intelligence. Il le place dans la lignée de Doug Harvey, Yvan Cournoyer, Mario Lemieux. Ce n’est plus un prospect. C’est une icône en formation.
Alors oui, Kent Hughes pensait qu’il aurait le beau jeu. Mais les déclarations de Bowman changent la donne. Et Hughes le sait. Il peut bien parler des séries ordinaires de Hutson.
De ses erreurs en zone défensive. De son gabarit malmené par les Capitals. Tout cela est vrai. Mais face au poids des mots de Bowman, ces critiques sont reléguées au second plan.L’opinion de Scotty fait foi de tout dans l’univers du hockey.
Et à la fin, ce ne sera pas Lane Hutson qui décidera. Ce sera Sean Coffey. Lui seul a le stylo. Lui seul pourra dire « oui à 8,5 millions » ou « non, ce sera 10 ».
Et connaissant le personnage, après sa défaite dans le dossier Fowler, après avoir vu Hughes le battre à la règle du jeu, il ne voudra pas se faire humilier deux fois. Il va jouer dur. Il va exiger le gros lot.
La seule question qui reste : Hutson va-t-il intervenir? Va-t-il dire à son agent qu’il veut signer maintenant? Qu’il ne veut pas être le joueur le mieux payé?
Ou va-t-il laisser son agent diriger le combat? Parce qu’au bout du compte, cette guerre ne se gagnera ni sur la glace ni dans les médias. Elle se gagnera dans un bureau, autour d’une table, entre Coffey, Hughes et un contrat prêt à faire sauter la banque.
Et pendant ce temps, le nom de Wayne Gretzky résonne dans toutes les oreilles. Une fois que vous avez été comparé à lui… comment demander moins que 10 millions par année?