Rejeté par Patrick Roy et ignoré à Tampa Bay : la chute silencieuse de Pascal Vincent fait tellement mal.
Pascal Vincent aurait pu se contenter d’une formule simple. Il aurait pu minimiser la rumeur, lancer une pirouette médiatique, puis refermer la porte en toute élégance. Mais non. Il a préféré cogner. Fort. Trop fort.
« Je ne vais nulle part! », a-t-il lancé avec cette rage contenue dans les yeux, devant les journalistes réunis à la Place Bell la semaine dernière.
On aurait dit un boxeur qui sait que le combat est terminé… mais qui refuse de tomber au sol.
Et pourtant, à ce moment précis, Pascal Vincent savait. Il savait que Patrick Roy l’avait rejeté. Il savait que le Lightning de Tampa Bay venait de combler le poste qui lui était destiné, même si rien n'avait été annoncé officiellement. Et il savait surtout que la rumeur, celle lancée par Marco Normandin, n’était pas qu’un coup de vent médiatique. C’était une information fondée. Une possibilité réelle. Et surtout, une occasion manquée.
L’histoire aurait pu être belle. Vincent, coach méthodique, intelligent, aimé de ses joueurs, allait rejoindre Patrick Roy, l’icône flamboyante, pour reconstruire l’empire des Islanders. Ou encore, il allait servir de bras droit à Jon Cooper, stratège légendaire du Lightning, dans une organisation de premier plan.
Mais la vérité est brutale et sans pitié. Les deux portes se sont refermées.
Patrick Roy a dit non.
Jon Cooper a dit non.
Et soudain, l’arrogance du point de presse de Pascal Vincent prend une teinte beaucoup plus sombre. Il n’était pas là pour démentir une rumeur. Il était là pour sauver la face. Pour empêcher que l’humiliation soit complète.
Car au fond, tout le monde dans l’entourage du Rocket le savait : la fin de saison de Pascal Vincent a été catastrophique. Pas seulement à cause de l’élimination contre les Checkers de Charlotte. Mais surtout à cause de la gestion calamiteuse du dossier des gardiens.
Rappelons les faits. Après avoir éliminé Rochester grâce à une performance solide de Cayden Primeau dans le match #5, Vincent a reçu le feu vert de Kent Hughes et Jeff Gorton pour entamer la série contre Charlotte avec Primeau.
Mais très rapidement, l’organisation souhaitait revenir à une alternance entre Primeau et Jacob Fowler, comme c’était prévu.
Vincent a refusé. Il s’est buté. Il a imposé Primeau jusqu’à l’échec total.
Résultat? La confiance entre lui et la haute direction s’est effondrée. Ce qui aurait pu être une promotion vers la LNH est devenu un dossier radioactif.
Quand Marco Normandin a sorti sa bombe médiatique sur un possible départ de Vincent vers les Islanders ou le Lightning, plusieurs ont crié à la spéculation. Mais la suite des événements donne raison au journaliste.
Car ce que personne ne savait, c’est que Patrick Roy avait bel et bien considéré Vincent. Vincent espérait. Roy analysait. Puis la sentence est tombée : ce serait Ray Bennett et Bob Boughner. Des vétérans. Des noms solides. Et surtout, pas Vincent.
À Tampa Bay? Même scénario. Le poste était vacant. Tout le monde dans le milieu pensait que Vincent était un des candidats logiques. Et pourtant, c’est Dan Hinote qui a été embauché. Un coach énergique et proche des jeunes.
Double rejet. Double humiliation.
Dans ce contexte, le point de presse incendiaire de Pascal Vincent prend des allures de psychodrame.
Son discours sur la « proximité de ses parents », sur les « déjeuners du dimanche » et le « sentiment d’être chez lui » à Laval n’était pas un éloge du confort. C’était un repli stratégique. Une manière de transformer une exclusion en choix personnel.
Mais les observateurs ne sont pas naïfs. Vincent ne voulait pas rester. Il voulait sortir. Il voulait retourner dans la LNH. Et il s’est fait claquer la porte au visage. Deux fois.
Ce rejet public dans deux organisations distinctes soulève une question cruciale : que pensent vraiment les dirigeants de la LNH de Pascal Vincent?
Les échos sont troublants. À Pittsburgh, Vincent croyait être le favori pour devenir entraîneur-chef. Il avait impressionné à l’entrevue. Il connaissait plusieurs joueurs de l’organisation. Il avait des alliés. Et pourtant… Dan Muse lui a été préféré. Encore.
C’est la troisième fois qu’il se fait doubler dans une course au poste. Un pattern inquiétant.
Les raisons? Elles sont multiples.
Sa rigidité dans le dossier des gardiens à Laval a été perçue comme une forme de défiance envers la hiérarchie.
Son style de communication, direct, parfois autoritaire, refroidit certaines équipes.
Et son aura de victime, qu’il cultive parfois en entrevue, donne des sueurs froides à plusieurs décideurs.
Le rejet de Patrick Roy est particulièrement symbolique. On sait que Roy n’a pas peur de travailler avec des personnalités fortes. Mais il n’aime pas les coachs qui se déresponsabilisent ou qui refusent l’adaptation. Vincent, dans ses entrevues, donne parfois cette impression.
Ironie du sort, ce rejet pourrait profiter… à Martin St-Louis.
Depuis plusieurs mois, chaque mauvaise séquence du Canadien entraîne un déluge de spéculations. Et au cœur de ces rumeurs? Pascal Vincent. Son nom revenait sans cesse comme potentiel remplaçant de St-Louis.
Mais maintenant qu’il a été rejeté par Roy, par Cooper et par les Penguins, la cote de Vincent s’effondre. Et Martin St-Louis peut respirer un peu. Ses détracteurs devront trouver une autre cible.
Pascal Vincent est prisonnier d’un piège qu’il a lui-même contribué à créer.
Il veut redevenir entraîneur-chef dans la LNH. Il refuse supposément d’être assistant quand dans le fond, personne ne veut de lui.
Il veut montrer sa loyauté à Laval. Mais son discours résonne comme une posture défensive. Et il sait que la direction du CH ne lui fera plus entièrement confiance.
Pire : la relation avec Kent Hughes et Jeff Gorton est fissurée. Profondément.
L’affaire des gardiens a laissé des traces. Vincent a imposé Primeau jusqu’à la catastrophe. Et dans les bureaux de la direction, on ne l’a pas digéré.
Un entraîneur qui désobéit ouvertement? Qui refuse l’alternance exigée par ses patrons? C’est inacceptable. Et dans une organisation aussi hiérarchisée que celle du CH, ça ne pardonne pas.
Le plus triste dans tout ça? Pascal Vincent avait réussi à redorer son image après l’échec de Columbus.
Il avait accepté le poste à Laval avec humilité. Il avait gagné le respect des joueurs. Il avait ramené une structure.
Mais en quelques semaines, tout s’est effondré.
Rejeté à Pittsburgh.
Rejeté par Patrick Roy.
Ignoré par Tampa Bay.
Critiqué à Laval.
Et en tension avec la direction du Canadien.
Le narratif du sauveur s’est transformé en celui de perdant.
Quand Pascal Vincent dit : « Je ne me cherche pas une job », il ment. Ou du moins, il tord la vérité. Il ne veut pas d’une job. Il veut LA job. Il veut être entraîneur-chef en LNH. Et aujourd’hui, il sait que ce rêve s’éloigne.
La déclaration qu’il croyait ferme est en réalité une confession à peine déguisée. Il ne part pas… parce qu’il n’a nulle part où aller.
Et ça, c’est la blessure la plus profonde de toutes.