Coup de tonnerre au Québec : TVA s’effondre... et TVA Sports en est le coeur malade...
Le chiffre donne le vertige : 59,7 millions de dollars en pertes pour TVA en 2023-2024. Et encore, ce n’est qu’une partie du gouffre.
L’année précédente, c’était 65,1 millions. Une lente agonie. Une descente sans fin. On ne parle pas ici d’un accident ponctuel, mais d’une spirale qui s’étire et qui asphyxie l’ensemble de la division télé du Groupe TVA. Ce ne sont plus des chiffres : ce sont des signaux d’alarme.
Ces pertes ne tiennent même pas compte des chaînes spécialisées comme TVA Sports, pourtant au centre du naufrage.
Parce que la vérité est brutale : TVA Sports est devenue le boulet financier de l’empire Péladeau. Une erreur stratégique qui draine, chaque trimestre, les dernières forces d’un modèle médiatique à bout de souffle.
TVA Sports, depuis sa création en 2011, a englouti plus de 230 millions de dollars. C’est Pierre Karl Péladeau lui-même qui l’a reconnu. Un gouffre. Une fuite sans fin. Et la réalité est que le vrai chiffre serait davantage autour de 300 millions de dollars de pertes.
Un chiffre colossal qu’aucun stratège, aucune grille horaire, aucun contrat n’a su combler. Et maintenant que les droits de la LNH sont pratiquement scellés chez Rogers jusqu’en 2038, avec RDS et Amazon Prime qui rafle la langue française, c’est fini. Le modèle ne tient plus. Le pari a échoué. Le projet TVA Sports, tel qu’il a été pensé, est mort.
L’annonce de Péladeau lors de l’assemblée des actionnaires de TVA ne laissait aucune ambiguïté :
“Il ne faudrait pas s’étonner que TVA Sports cesse ses activités.”
Ce n’est plus un avertissement. C’est un faire-part de décès. En direct. Quand le contrat avec la LNH prendra fin à l'été 2026, le respirateur artificiel sera débranché.
Depuis deux ans, plus de 680 emplois ont été abolis chez Groupe TVA. Près de 600 pour la seule année 2023. Des rédacteurs, des recherchistes, des réalisateurs, des techniciens, des monteurs. Des artisans. Des gens formés, dévoués, des pères et des mères de famille mis à la porte. Ce n’était pas un réajustement. C’était une liquidation.
Et pendant que TVA coupe dans le gras, que les studios ferment les uns après les autres, les revenus, eux, plongent.
Sous les 160 millions de dollars. Un seuil plus bas encore que celui atteint en pleine crise pandémique. L’exode publicitaire vers les géants du web, combiné à l’incapacité de TVA à se réinventer numériquement, a accéléré le déclin.
TVA Sports est au coeur de ce fiasco. Sa grille horaire surchargée, ses chroniqueurs trop nombreux, ses salaires disproportionnés, ses cotes d’écoute en chute libre… et un modèle d’affaires dépendant d’un Canadien de Montréal déclinant pendant une décennie.
On le savait : si le CH était bon, TVA Sports avait une chance. Mais pendant douze ans, Montréal était en ruine. Et aujourd’hui que l’équipe remonte, c’est trop tard. RDS va reprendre les droits.
Ce que les gens oublient, c’est que la guerre entre Bell et Québecor a entraîné une escalade. Une surenchère. TVA a investi massivement. Trop. Pour compenser, ils ont gonflé les dépenses. Produit plus. Payé plus. Sans jamais ajuster le tir. Jusqu’à frapper le mur.
Aujourd’hui, tout le monde cherche un coupable. Mais la conclusion est claire comme de l'eau de roche : TVA Sports était une utopie. Un rêve mal jugé. Et le réveil est douloureux.
La source principale de cette hémorragie ? La chute dramatique des revenus publicitaires, accélérée encore plus depuis un an.
TVA est littéralement abandonnée par les annonceurs, qui migrent vers Google, Meta, YouTube, TikTok. L’argent s’en va à l’étranger. Et pendant que les plateformes engrangent les profits, la télé québécoise suffoque.
Et malgré tous les congédiements, ce n’est pas assez, affirme TVA. L’entreprise appelle à l’aide, réclame des changements réglementaires, espère un miracle des gouvernements. Mais pendant ce temps, les pertes s’accumulent, la pression monte, et l’espoir s’amenuise.
Et TVA n’est pas seule. Noovo, de Bell Média, a aussi perdu plus de 50 millions de dollars dans la même période. La guerre des géants privés vire au désastre économique. Les deux groupes se sont livrés une bataille féroce depuis l’acquisition de V par Bell.
Une guerre de programmation, d’achats, d’investissements massifs dans la production. Mais maintenant que les recettes ne suivent plus, les deux camps reculent, coupent, réduisent les budgets, freinent leur ambition.
On parle souvent du sort de TVA Sports, mais c’est l’ensemble de TVA qui s’effondre lentement, structurellement. Et malgré ça, l’ironie veut que l’action de Québecor continue de grimper. Pourquoi ? Parce que les investisseurs veulent du rendement, peu importe les pertes humaines ou culturelles.
On parle de plus en plus ouvertement, dans certains cercles financiers, de demander à la famille Péladeau de réduire leurs salaires. Mais il ne faut pas rêver. Jamais les grands patrons ne couperont dans leurs privilèges. Ce ne sont pas les bosses qui vont se serrer la ceinture. C’est toujours le bas de l’échelle qui paie.
Pendant ce temps, les syndicats hurlent, les employés vivent dans la peur, et les studios, jadis pleins de bruit et de fureur, résonnent dans le vide. Les salles de rédaction d'effondrent.
C’est le branle-bas de combat dans les corridors de TVA Sports. Le climat est irrespirable. La tension, électrisante. Le sentiment d’urgence invivable.
À l’intérieur de la station, dans les salles de montage, les studios, les cubicules, tout le monde le sait, tout le monde le sent : la fin approche.
Ce n’est plus une intuition. Ce n’est plus un scénario lointain. C’est une fatalité qui se dessine jour après jour, communiqué après communiqué, aveu après aveu. Et les plus lucides comprennent que cette fois, c’est différent.
Et pourtant, pendant que tout cela s’écroule, pendant que les pertes s’accumulent, il y a un fait encore plus troublant : l’action de Québécor monte.
C’est le paradoxe. Les investisseurs adorent les compressions. Le marché salue la souffrance. En annonçant la fin probable de TVA Sports, Pierre Karl Péladeau a rassuré la bourse. Il a envoyé un message clair :
« On va arrêter l’hémorragie ».
Mais à quel prix?
Pierre Karl Péladeau détient 92 % des actions de Québécor. L’entreprise a annoncé des revenus de 1,57 milliard pour les six premiers mois de 2025. Faites le calcul. L’homme qui parle de discipline financière se verse potentiellement des dividendes personnels gigantesques. Et pourtant, il ne réduit jamais son propre salaire. Jamais. Ce sont les autres qui paient.
Il ne vit pas comme un prince. Il ne frime pas comme les Desmarais. Il ne fait pas les manchettes comme Luc Poirier. Mais il encaisse. Toujours. Sans fléchir. Sans baisser les yeux.
La vérité est dure : TVA Sports va mourir. Et tout le monde le sait.
Ce qui reste, c’est le malaise. La colère. Le dégoût. Une industrie sacrifiée au nom de la rentabilité boursière.
Et pendant que le sang continue de couler dans les corridors de TVA, à la Bourse, on applaudit.