Crise à Radio-Canada: Luc Poirier s’effondre dans l’oeil du dragon

Crise à Radio-Canada: Luc Poirier s’effondre dans l’oeil du dragon

Par David Garel le 2025-04-10

C’est un échec. Un échec monumental. Un naufrage de première classe, avec le luxe en prime.

Luc Poirier, cet homme d’affaires multimillionnaire qui rêvait depuis des années de briller à la télé, a connu ce qu’on peut appeler un moment de vérité… ou plutôt, un réveil brutal.

Il s'est tout simplement effondré sur le plateau de Radio-Canada. Mentalement, il était au fond du trou, surtout après cet extrai vidéo qui est devenu viral sur les réseaux sociaux:

On l’attendait dans Dans l’œil du dragon comme on attend un invité d’honneur. Il avait tout pour faire jaser : fortune colossale, look calibré, passé d’enfant de HLM devenu roi de l’immobilier, et surtout, cette notoriété controversée acquise dans Vie$ de rêve, où il exhibait ses Ferrari, ses sacs Chanel (ceux de sa femme) et ses escapades en jet privé avec une insistance presque gênante. Bref, on ne pouvait pas l’ignorer.

Mais dès qu’il a ouvert la bouche sur le plateau de Radio-Canada, l’illusion s’est effondrée.

Ce n’était pas une question de connaissances. Ce n’était pas une question de succès entrepreneurial. C’était une question de présence. De charisme. De capacité à captiver. Et Luc Poirier n’en avait pas. Zéro. Nada.

Il a livré ses interventions comme un adolescent blasé en cours de maths. Monotone, maladroit, hésitant. Comme s’il ne comprenait pas que la télé, ce n’est pas juste une vitrine pour exposer ses montres et ses voitures.

C’est un espace où l’on doit connecter avec les gens. Créer un lien. Devenir humain. Et là-dessus, Poirier a lamentablement échoué.

Quand Hugo Dumas écrit de La Presse que Luc Poirier a « autant de chaleur qu’une ampoule brûlée », il ne fait pas dans l’hyperbole.

Il résume l’évidence. Ce n’est pas juste qu’il était terne. C’est qu’il était invisible. À côté de lui, même Georges Karam, souvent brusque et cinglant, semblait chaleureux et accueillant.

Et ce malaise-là, ce froid glacial sur le plateau, ne vient pas de nulle part.

Pourtant, ce n’est pas comme si on n’avait pas été avertis.

Avant même de s’écrouler devant les caméras de Radio-Canada, Luc Poirier avait déjà offert un avant-goût de son mépris et de sa suffisance.

Dans une entrevue, il avait violemment attaqué Louis Morissette — celui-là même qui allait ensuite le poursuivre en justice — en affirmant que les Québécois, surtout les Canadiens français comme lui, avaient une mentalité hypocrite face à l’argent.

« C’est typique Québécois, très canadien-français. On ne voit pas ça chez les anglophones, les Grecs, les Italiens. Ceux qui font de l’argent se cachent. Ils ont une picouille, mais une Rolls-Royce en Floride. »

Et il enchaînait avec une flèche directe à Morissette :

« Il dit qu’il se cache pour pas montrer ses voitures. Moi, je flashe mes autos, pis j’inspire mille fois plus de monde que lui. »

Cette phrase-là a mal vieilli. Très mal.

Parce qu’aujourd’hui, c’est exactement cette attitude qui lui revient en plein visage. Cette prétention, cette autosatisfaction, ce ton de « moi, je fais mieux, je vaux plus » — tout ça a écœuré les téléspectateurs et refroidi les patrons de Radio-Canada. Luc Poirier pensait incarner la réussite. Il incarne désormais l’arrogance.

Et Hugo Dumas ne l’a pas raté.

« Il s’exprime sur le ton monocorde d’un adolescent dont la voix mue. »

Parce qu’au-delà des poursuites, des Ferrari, des sacs Hermès et des millions dépensés chaque mois, il y a une vérité impossible à maquiller : le charisme, ça ne s’achète pas.

Luc Poirier peut bien essayer de se défendre en disant qu’il a été mal compris. Ou qu’il voulait inspirer. Mais les faits sont là. Il a parlé trop fort, trop vite, trop haut. Il a craché sur l’humilité québécoise en croyant faire la leçon. Et aujourd’hui, c’est le Québec au complet qui lui tourne le dos.

Luc Poirier traîne un bagage. Un sacré bagage.

À peine arrivé dans l’émission, il est poursuivi en justice par Louis Morissette et Véronique Cloutier. Une poursuite de près de deux millions de dollars pour diffamation, à la suite de propos tenus en ondes à QUB Radio, dans lesquels il accusait Morissette de se verser des honoraires lors des événements de la Fondation Véro & Louis.

Il s’est excusé, oui. Mais à reculons. D’abord en disant qu’il avait entendu ça d’un ami. Ensuite en tentant d’arranger ça « à l’amiable », en offrant de faire un don à la fondation, comme s’il s’agissait d’un malentendu qu’un chèque pouvait effacer.

Mais Louis Morissette n’a pas mordu à l’hameçon. Et il a eu raison. Parce qu’à un moment donné, quand tu passes ton temps à t’exhiber comme symbole du succès, tu dois aussi accepter qu’on t’en tienne rigueur lorsque tu dérapes.

Et c’est exactement ce qui est en train de se produire. Luc Poirier est en chute libre dans l’opinion publique.

Même ses tentatives d’autodérision, face à un faux compte qui se moquait de son embonpoint, n’ont pas suffi à redorer son image.

Pire encore, elles ont ajouté une couche à son image de personnage ridicule, un peu clownesque, qui veut jouer dans la cour des grands, mais qui n’a pas les épaules pour y rester.

Et que dire de sa guerre de mots avec François Lambert, un autre ex-Dragon qui ne s’est pas gêné pour lui répondre sèchement après avoir été attaqué sur les réseaux sociaux.

Lambert, qu’on peut aimer ou non, a au moins la répartie et l’intelligence médiatique. Poirier, lui, donne l’impression d’un homme constamment dépassé par la portée de ses propres paroles.

Et c’est là le cœur du problème.

Luc Poirier est peut-être un roi de la construction. Un stratège de l’immobilier. Un self-made man, comme il aime tant se définir.

Mais il n’est pas fait pour la télé. Pas fait pour la scène publique. Il est fait pour les coulisses, pour les chiffres, pour les plans de développement. Pas pour le dialogue, l’inspiration ou la communication.

Ce que cette débandade publique révèle, c’est une chose très simple : la richesse n’achète pas la légitimité. Et surtout, elle n’achète pas la classe.

Valérie Plante, à qui il avait lancé plusieurs flèches en lien avec sa gestion de la neige, doit bien rigoler aujourd’hui en voyant que sa fameuse déneigeuse rouge Ferrari est maintenant devenue un symbole d’arrogance dégonflée.

Et Radio-Canada, dans tout ça, se retrouve dans un sacré cauchemar. Car Luc Poirier est maintenant synonyme de controverse, de maladresse, d’ennui.

Lui qui devait faire grimper les cotes d’écoute, les plombe. Et la direction du diffuseur public doit se demander si elle n’a pas commis une erreur de casting aussi grave que coûteuse.

Pire : dans une autre production de Bell Média, Luc le milliardaire, il est censé nous inspirer avec son parcours. Mais comment croire à cette histoire de réussite émouvante, quand le héros lui-même devient source d’embarras généralisé ?

Ce n’est pas une campagne de salissage. C’est une réalité. Une réalité documentée. Un effondrement à ciel ouvert, capté par les caméras, relayé par les chroniques, amplifié par les réseaux sociaux.

Luc Poirier n’est plus l’homme que les gens envient. Il est l’homme que les gens évitent.

Et ça, c’est le genre de verdict que même une fortune ne peut pas acheter.