Depuis le 1er janvier, TVA Sports et Sportsnet sont en période de négociation exclusive avec la LNH pour conserver les droits de diffusion nationale au Canada à partir de 2026.
Pendant ces discussions cruciales, la dernière chose qu’il fallait faire était d’insulter directement le commissaire Gary Bettman.
Hier soir, le directeur de TVA Sports, Louis-Philippe Neveu, était assis dans la loge du Centre Bell avec Bettman, Bill Daly et Marty Walsh, tentant de présenter TVA Sports comme un partenaire digne de confiance.
Et au même moment, un de leurs propres journalistes demandait publiquement à Bettman de quitter le Québec et de ne plus jamais y revenir.
Dans sa chronique intitulée “Sacre ton camp, Gary!”, publiée simultanément sur les plateformes du Journal de Montréal, du Journal de Québec et, de manière totalement insensée, sur le site de TVA Sports, Jean-Nicolas Blanchet a été cinglant envers Gary Bettman.
Il y dénonçait, avec une passion cinglante, l’attitude condescendante du commissaire de la LNH envers Québec, son refus catégorique de considérer la Vieille Capitale pour des matchs de saison régulière, et son hypocrisie évidente en vantant les marchés européens pendant qu’il snobait un amphithéâtre payé par des fonds publics.
Selon le journaliste, La LNH n’a aucun respect pour Québec et il est temps d’en prendre acte, donc de mettre dehors le commissaire de notre province.
Le malaise était d’autant plus grand que, pendant que cet article explosif faisait le tour du web, Louis-Philippe Neveu, directeur de TVA Sports, se trouvait assis dans la loge du Centre Bell en pleine négociation avec Bettman.
Imaginez deux secondes l'image: alors que Neveu tente de démontrer le sérieux et la crédibilité de TVA Sports comme diffuseur potentiel au-delà de 2026, une alerte de son propre site internet publiait un article demandant au commissaire de “sacrer son camp”.
On imagine la gêne absolue du dirigeant québécois, qui devait gérer l’humiliation en temps réel sous le regard perplexe et probablement irrité de Bettman.
On imagine facilement la réaction de Bettman lorsqu’un membre de son équipe lui a montré l'article sur le site de TVA Sports avec sa tête en première page.
C’est une bourde monumentale, un faux pas stratégique qui pourrait coûter très cher à TVA Sports.
Maxime Truman, journaliste bien connu du milieu sportif québécois, a rapidement fait le lien entre la présence de Gary Bettman dans la loge de TVA Sports aux côtés de Louis-Philippe Neveu et la publication incendiaire de Jean-Nicolas Blanchet.
Dans son analyse, Truman a souligné l’énorme maladresse de TVA Sports qui, en pleine négociation pour les droits de la LNH, laissait un de ses chroniqueurs publier une attaque frontale contre le commissaire.
Imaginez la scène : TVA Sports tente de courtiser Bettman pour sauver ses droits de diffusion et, en plein milieu de cette opération séduction, on publie une chronique qui lui dit carrément de sacrer son camp. C’est d’une incohérence totale.
Un manque flagrant de coordination entre les différentes branches de Québecor.
Pierre-Karl Péladeau doit être hors de lui. Non seulement TVA Sports est un gouffre financier, mais maintenant, son propre groupe médiatique vient de saboter ses efforts pour sauver ce qui peut encore l’être.
Cette situation prouve un problème récurrent chez Québécor : le manque de cohérence entre ses différentes entités.
Jean-Nicolas Blanchet est un journaliste syndiqué, directeur des sports du Journal de Montréal et du Journal de Québec.
Il est donc protégé, et TVA Sports ne peut pas simplement l’écarter ou lui imposer une ligne éditoriale. Mais cette indépendance éditoriale met maintenant toute la stratégie de négociation de Québécor en péril.
Et c’est bien là le problème : Québécor semble incapable de régler ses conflits internes. TVA Sports veut être pris au sérieux par la LNH, mais en même temps, ses propres médias torpillent ses ambitions.
Soyons honnêtes : TVA Sports n’a aucune raison financière de se battre pour ces droits. Depuis qu’elle les a obtenus en 2014, la chaîne a accumulé des centaines de millions de dollars de pertes.
Encore récemment, des rapports internes ont révélé que les émissions de variété à TVA attiraient plus de cotes d’écoute que les matchs du Canadien sur TVA Sports, même le samedi soir.
Le hockey à TVA Sports est une machine à perdre de l’argent.
Mais alors pourquoi Péladeau s’acharne-t-il à vouloir garder ces droits ?
La réponse est simple : c’est une question d’orgueil.
Pour Pierre-Karl Péladeau, perdre les droits de la LNH serait une humiliation publique. Il a mis toutes ses billes dans TVA Sports, convaincu qu’il pouvait rivaliser avec RDS. Abandonner maintenant, ce serait admettre un échec retentissant.
Sauf que la réalité est brutale :
TVA Sports n’a jamais réussi à déloger RDS dans le cœur des amateurs.
La station n’est plus viable économiquement.
Les cotes d’écoute du hockey chutent, même le samedi soir, et ne justifient plus l’investissement colossal pour diffuser des matchs.
Les émissions de variété de TVA sont plus rentables que le hockey.
Les employés de TVA sont furieux de voir que l’on coupe dans leur contenu, mais que l’on continue d’investir dans TVA Sports.
Et maintenant, cette gaffe monumentale dans les négociations avec la LNH complique encore plus la situation.
Avec cet incident, TVA Sports s’est tiré une balle dans le pied. L’insulte envers Gary Bettman pourrait avoir des conséquences catastrophiques dans les négociations pour 2026.
Si la LNH refuse de renégocier avec TVA Sports – ce qui est une possibilité réelle –, la station n’aura plus aucune raison d’exister. Il sera alors impossible pour Pierre-Karl Péladeau de justifier son maintien en vie.
D’autant plus que la colère gronde à l’interne. Les employés de TVA sont outrés de voir que leurs émissions sont supprimées alors que TVA Sports continue de brûler des millions de dollars.
Le malaise est immense. La stratégie de TVA Sports est de plus en plus indéfendable. Et si Pierre-Karl Péladeau veut éviter le naufrage total, il devra prendre une décision difficile :
Laisser tomber TVA Sports ou continuer de s’accrocher à une illusion ratée qui met en danger tout le reste de son empire.