Crise de Martin St-Louis à l’entraînement: sa famille s'inquiète

Crise de Martin St-Louis à l’entraînement: sa famille s'inquiète

Par Marc-André Dubois le 2025-04-29

Les fils se sont touchés. Ce matin, au complexe d’entraînement du Canadien de Montréal, Martin St-Louis n’a plus été capable de contenir ce que tout le monde voyait venir depuis des semaines : l’impatience, la frustration, la fatigue.

Sous l’œil étonné des journalistes présents, il a stoppé net un exercice, a crié sur ses joueurs, a lancé des jurons, et a relancé la machine dans une ambiance glaciale.

C’est officiel : Martin St-Louis est à bout du rouleau.

Le coach, si positif à ses débuts, celui qui prônait l’enseignement par le sourire et la confiance, a explosé ce matin devant la mollesse de son groupe.

On sentait dans sa voix, dans son corps tendu, dans son regard perdu, toute l’usure des derniers mois. L’homme qui portait l’espoir de l'équipe cendrillon commence à porter le fardeau de l’échec.

Depuis deux matchs, la ville entière se demande si Martin St-Louis est encore l’homme de la situation. Les médias multiplient les critiques. Le public doute. Et maintenant, les joueurs doutent.

Face aux Capitals, le Canadien n’a plus l’air d’une équipe affamée. Il a l’air d’une équipe épuisée. Une équipe sans réponse. Une équipe abandonnée à elle-même. Et ce matin, au lieu de trouver des solutions, St-Louis a cédé aux démons de l’impatience.

Il faut être clair : ce n’est pas un détail. Dans les grandes heures du Canadien, les entraîneurs exigeants savaient canaliser leur colère pour "booster" leurs troupes. Ce matin, ce n’était pas de la simulation d'énergie. C’était du découragement. De la frustration pure et simple.

Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que l’ambiance pesante de ce matin ne s’explique pas uniquement par le score de la série.

Cela fait des mois que Martin St-Louis donne des signes d’épuisement. Ses conférences de presse sont devenues plus défensives, ses décisions plus émotives, ses stratégies plus incohérentess.

Son entêtement à laisser Arber Xhekaj dans les gradins en début de série malgré l’évidence, son incapacité à toucher les bons boutons avec ses combinaisons et ses confrontations face à Spencer Carbery, ses réactions tardives en match : tout montre un coach qui n’a plus l’énergie ni la clarté pour guider son équipe. Ce matin, c’était simplement la confirmation publique de ce que ses joueurs ressentent depuis longtemps.

Et que dire de sa famille? Derrière chaque coach surmené, il y a une famille qui encaisse les contre-coups. Sa femme, ses enfants, doivent le voir rentrer chaque soir plus vidé, plus soucieux, plus absent.

À travers toute cette tempête, c’est dans ses rares confidences sur sa femme Heather Caragol que Martin St-Louis a touché droit au cœur.

Dans un moment de vulnérabilité rare, il a rappelé à quel point elle a toujours été son point de repère.

« Mon épouse se trouve à mes côtés depuis longtemps. Elle a vu un jeune homme essayer de réaliser son rêve et travailler malgré les hauts et les bas.

Elle m’a toujours gardé très humble et elle joue un grand rôle dans ma vie, car elle m’aide à être la meilleure personne possible, le meilleur mari et le meilleur père », a-t-il confié avec reconnaissance.

Heather, cette femme forte qui a porté seule leur famille quand Martin poursuivait son rêve, incarne aujourd’hui le prix silencieux de sa carrière.

Alors que St-Louis tente de sauver sa saison et son poste derrière le banc du Canadien, c’est surtout pour elle — et pour ses trois fins — qu’il continue de se battre.

Mais derrière chaque coup de sifflet, chaque défaite, chaque critique, il sait que c’est un peu plus de temps qu’il sacrifie loin d’eux. Et ça, aucune victoire ne pourra jamais le compenser.

Peut-être qu’en secret, sa famille souhaite que l’élimination arrive demain. Pour qu’enfin, Martin St-Louis puisse décrocher. Respirer. Se retrouver.

Car ce n’est plus du coaching, c’est de la survie émotionnelle.

Il faut aussi dire que les blessures n’ont rien arrangé. Ce matin, Samuel Montembeault et Alexandre Carrier étaient encore évalués au quotidien. Gallagher, Anderson et Savard, eux, étaient en traitement. Même Patrik Laine, de retour sur la glace avec un chandail de régulier, n’est qu’une ombre de lui-même.

Comment demander à Martin St-Louis de faire des miracles quand la moitié de son effectif est à moitié affectée? Comment lui reprocher de perdre patience alors que son équipe est en morceaux?

Et pourtant, c’est ça, être entraîneur-chef dans la LNH. C’est savoir absorber la douleur collective. Savoir transformer la panique en plan de match. Ce matin, St-Louis n’a pas transformé la panique. Il l’a amplifiée.

La vérité, c’est que cette scène de colère était écrite dans le ciel. Depuis que l’étau se resserre, depuis que le rêve des séries tourne au cauchemar, Martin St-Louis donne l’impression de reculer, de se refermer, d’être à court d’idées. Son message ne passe plus.

Et quand le message ne passe plus, la fin approche toujours plus vite qu’on le croit.

Peut-être que demain, il trouvera le discours parfait. Peut-être que demain, ses joueurs lui livreront le match de leur vie. Peut-être que demain, il y aura un miracle.

Mais ce matin, dans cette séquence où il a hurlé, pesté, jeté son dépit à la face de son équipe, c’est une page qui s’est tournée. Ce matin, c’était un adieu silencieux à l’illusion qu’il contrôlait encore la situation.

Demain, à Washington, ce sera peut-être son dernier match à la barre du Canadien. Pas parce que Geoff Molson ou Jeff Gorton décideront de le congédier cet été — son contrat court jusqu’en 2027. Mais parce que son autorité, son aura, son pouvoir de rassembler, eux, semblent avoir pris un coup.

La seule chose qui pourrait encore sauver Martin St-Louis, c’est la fierté de ses joueurs. Mais ce matin, même cette fierté avait l’air fragile.

La province entière sera suspendue à ce match no 5. Pas seulement pour l’espoir d’un retour miraculeux dans la série. Mais pour voir si Martin St-Louis est encore capable de rallumer la flamme. De convaincre ses gars, une dernière fois, de se battre jusqu’au bout.

Parce que s’il y a une chose qu’on a comprise ce matin, c’est que l’homme est au bord du précipice. Et demain soir, il tombera… ou il deviendra, l’espace d’un match, l’incarnation même du mot « courage ».