Martin St-Louis, l’homme qui n’a jamais eu peur de se salir les mains, semble aujourd’hui être sorti de l’ombre menaçante de son propre congédiement.
Il y a quelques semaines à peine, certains fans et analystes de salon criaient à l’incompétence, martelant des mots comme « identité perdue », « gestion douteuse » et, bien sûr, « congédiement imminent ».
Eh bien, surprise! Ce soir, alors que le Canadien vient de remporter six victoires à ses sept derniers matchs, tout le monde s’empresse de louer le génie du coach.
À croire que les mémoires à Montréal sont aussi courtes que les attentes sont élevées.
Retour en arrière : le 12 décembre, le Canadien encaissait une raclée humiliante de 9-2 contre les Penguins.
Une performance grotesque qui avait propulsé les mots-clés « congédiement Martin St-Louis » en tête des recherches Google.
Les réseaux sociaux, cette place publique souvent peu nuancée, faisaient pleuvoir critiques et sarcasmes.
Mais voilà qu’un échange mineur avec Nashville, impliquant l’arrivée d’Alexandre Carrier, a agi comme un détonateur silencieux.
Depuis, la défense semble stabilisée, et le CH s’est découvert un souffle nouveau, à défaut d’une véritable identité.
Au cœur de cette renaissance, il y a Martin St-Louis, qui, malgré ses allures parfois philosophiques en point de presse, a su ramener son vestiaire à l’essentiel.
« C’est pas un jeu magique. On fait des choses simples, constamment », a-t-il déclaré après la victoire contre Vegas.
Cette simplicité, pourtant, a pris tout son sens lorsque le Canadien a effacé un déficit de deux buts pour renverser les champions en titre de la Coupe Stanley en 2023.
Une performance qui, pour une fois, n’a pas laissé place aux éternels commentaires du genre : « Si seulement on avait un entraîneur avec de l’expérience. »
Il faut dire que Montréal ne fait jamais dans la demi-mesure. Une défaite? C’est la crise. Deux victoires de suite? On ressort les comparaisons avec la Sainte-Flanelle de 1977.
Alors imaginez le tumulte après trois victoires consécutives contre la Floride, Tampa Bay et Vegas, trois équipes solides, construites pour gagner.
Même Kirby Dach, souvent critiqué pour son inconstance, a réussi à faire taire ses détracteurs en marquant le but gagnant à Vegas, bien que son jeu en zone défensive laisse toujours à désirer.
Mais bon, on n’est pas ici pour chipoter : à Montréal, un héros est un héros, même s’il trébuche sur sa propre ligne bleue de temps à autre.
Et que dire de Samuel Montembeault? Le gardien québécois, souvent éclipsé a tenu le fort avec des arrêts cruciaux contre Vegas.
« La ligne entre gagner ou perdre est tellement mince », a souligné St-Louis. Montembeault a démontré que cette mince ligne était parfois la largeur d’un patin bien positionné.
Alors, qu’est-ce qui a changé? Est-ce vraiment l’ajout d’Alexandre Carrier? L’éveil tardif de certains joueurs clés? Ou simplement un vent de confiance qui a balayé les doutes?
Peu importe, car pour une fois, le Canadien montre des signes de maturité. « Récemment, on croit vraiment à ce qu’on fait », a déclaré St-Louis.
Et cette croyance, aussi intangible soit-elle, commence à porter ses fruits. Le CH, qui affichait une fiche abominable de 0-13-0 lorsqu’il tirait de l’arrière après deux périodes, a finalement brisé ce cycle en gagnant à Vegas.
Une petite victoire statistique, certes, mais un symbole de progression indéniable.
Au-delà des chiffres, c’est l’attitude qui impressionne. L’équipe semble enfin jouer pour elle-même, et non pour apaiser les frustrations d’une base de partisans capricieuse.
Nick Suzuki, Cole Caufield et même le jeune Juraj Slafkovsky contribuent de manière constante, tandis que des vétérans comme Josh Anderson et Jake Evans trouvent leur niche dans des rôles plus spécifiques.
Et bien sûr, il y a Patrick Laine, dont l’impact va bien au-delà de ses buts en avantage numérique. La chimie qu’il développe avec Dach et Newhook est un rappel que le hockey reste, avant tout, un jeu collectif.
Alors, que réserve l’avenir? Si le Canadien parvient à maintenir ce rythme, la fameuse « course aux séries » pourrait devenir une réalité, un scénario impensable il y a un mois.
Mais attention, à Montréal, le chemin entre la gloire et la disgrâce est plus court qu’un passage en désavantage numérique mal géré.
St-Louis, pour sa part, semble déterminé à garder les pieds sur terre. « On limite les mauvaises minutes. Ça nous aide à aller chercher du résultat. »
Bref, la crise est évitée, pour l’instant. Mais à Montréal, tout peut basculer d’un match à l’autre.
Alors, profitons du moment. Et à ceux qui se demandaient si Martin St-Louis avait encore sa place derrière le banc?
Vous pouvez ranger vos torches et vos fourches, pour l’instant.
Amen