Il n’y a pas si longtemps, Martin St-Louis était la cible de vives critiques pour son cachet de 250 000 à 300 000 dollars reçu dans le cadre d’une publicité pour Hydro-Québec.
Cette controverse, révélée par une enquête du Journal de Montréal, avait enflammé les réseaux sociaux dans un contexte où les hausses tarifaires, l’inflation grandissante et la crise économique frappaient durement les Québécois.
L’idée qu’une société d’État verse un montant aussi élevé à un entraîneur de hockey pour une campagne publicitaire était jugée indécente par plusieurs, d’autant plus que les tarifs d’électricité ne cessaient d’augmenter.
Mais aujourd’hui, l’histoire a pris une tournure étonnante. Martin St-Louis, autrefois sous le feu des projecteurs pour des raisons controversées, est devenu le favori pour le trophée Jack-Adams, remis au meilleur entraîneur de la LNH.
Et soudainement, le discours change : St-Louis est maintenant vu comme un entraîneur… sous-payé.
Actuellement rémunéré à hauteur de 2,9 millions de dollars par année, Martin St-Louis verra son salaire passer à 5 millions de dollars par saison à compter de 2025-2026.
Ce montant le propulsera au deuxième rang des entraîneurs les mieux payés de la LNH, derrière Mike Sullivan (5,5 M$) et Jon Cooper (5,3 M$), tous deux détenteurs de Coupes Stanley.
Mais même avec cette augmentation, certains estiment que St-Louis mérite davantage, compte tenu de l’impact qu’il a eu sur le développement des jeunes joueurs et sur la dynamique de l’équipe qui se dirige tout droit vers les séries.
Son ascension spectaculaire et sa capacité à faire taire les sceptiques contrastent fortement avec les critiques qui fusaient il y a à peine un an.
Quelle revanche pour celui qui, de figure controversée, est devenu un candidat sérieux pour le titre d’entraîneur de l’année.
Ce qui rend cette situation encore plus frappante, c’est la comparaison avec l’un des postes les plus prestigieux et exigeants au monde : la présidence des États-Unis.
Donald Trump, récemment réélu à la Maison-Blanche, touchera un salaire annuel de 400 000 dollars américains, soit environ 570 000 dollars canadiens.
Ajoutons à cela une enveloppe de 100 000 dollars pour ses déplacements, un budget de divertissement de 19 000 dollars et une allocation personnelle non imposable de 50 000 dollars.
Sur l’ensemble de son mandat de quatre ans, Trump percevra environ 2,3 millions de dollars canadiens, un montant qui semble dérisoire lorsqu’on le compare aux 5 millions annuels (US) que Martin St-Louis touchera dès la saison prochaine.
Autrement dit, St-Louis gagnera en un an plus de dix fois le salaire du président des États-Unis, une réalité qui donne le vertige.
Depuis 1789, le salaire du président américain a connu plusieurs hausses successives, mais il reste largement en deçà des standards du sport professionnel. Voici un aperçu de l’évolution du salaire présidentiel au fil des ans :
1789 : 25 000 $ (équivalent à 895 741 $ US en 2024)
1873 : 50 000 $ (1,3 M$ US en 2024)
1909 : 75 000 $ (2,6 M$ US en 2024)
1949 : 100 000 $ (1,3 M$ US en 2024)
1969 : 200 000 $ (1,7 M$ US en 2024)
2001 : 400 000 $
Avec de telles comparaisons, il est difficile de ne pas voir Martin St-Louis sous un nouveau jour. Si diriger le Canadien de Montréal est une tâche exigeante, mérite-t-il vraiment un salaire dix fois supérieur à celui du président des États-Unis ?
Pour ses partisans, la réponse est oui. Après tout, le hockey est une religion au Québec, et les attentes autour du Tricolore sont parfois aussi intenses que celles entourant la politique mondiale.
Loin d’être gêné par ces comparaisons, St-Louis peut aujourd’hui revendiquer son statut avec fierté. Son parcours atypique, passant du hockeyeur sous-estimé à entraîneur respecté, justifie cette reconnaissance financière.
Lorsqu’on regarde les autres entraîneurs de la LNH, on constate que son salaire est loin d’être extravagant.
Les entraîneurs les mieux payés de la ligue sont :
Mike Sullivan (Penguins de Pittsburgh) – 5,5 millions de dollars
Jon Cooper (Lightning de Tampa Bay) – 5,3 millions de dollars
Peter Laviolette (Rangers de New York) – 4,9 millions de dollars
Jared Bednar (Avalanche du Colorado) – 4,9 millions de dollars
Bruce Cassidy (Golden Knights de Vegas) – 4,5 millions de dollars
Avec son contrat de 5 millions de dollars à partir de l’année prochaine, St-Louis s’inscrit donc dans le top 3 des entraîneurs de la LNH, un groupe d’élite dont il semble désormais faire partie de plein droit.
Le chemin parcouru par Martin St-Louis depuis la controverse d’Hydro-Québec est remarquable. Lui qui avait été détruit pour avoir accepté une somme jugée excessive pour une publicité, est aujourd’hui vu comme un entraîneur indispensable au projet du Canadien.
Alors que certains voyaient en lui un simple écran de fumée utilisé par Kent Hughes pour masquer les lacunes de la reconstruction, St-Louis a prouvé qu’il avait les compétences pour mener l’équipe à bon port.
Désormais favori au trophée Jack-Adams, il n’a plus à se justifier.
Martin St-Louis a gagné sa revanche sur tous les fronts. Son ascension fulgurante et sa place parmi les meilleurs entraîneurs de la LNH sont désormais incontestables.
Et s’il gagne dix fois le salaire du président des États-Unis, c’est peut-être parce que, dans la province du hockey, être à la tête du Canadien de Montréal est une mission aussi importante que celle de diriger une nation entière.
Mais attention. Donald Trump a plusieurs avantages que St-Louis n'a pas.
Une enveloppe annuelle de 100 000 dollars pour ses déplacements
Un budget de 19 000 dollars pour le divertissement
Une allocation personnelle de 50 000 dollars, non imposable
L’accès aux moyens de transport exclusifs comme Air Force One, Marine One, et une limousine blindée surnommée "The Beast"
La résidence officielle à la Maison-Blanche ainsi qu’une propriété secondaire à Camp David, une luxueuse retraite de 50 hectares
Une protection à vie assurée par le Secret Service, y compris après la fin de son mandat
Une pension annuelle de 200 000 dollars après son départ de la Maison-Blanche
Bien que ces privilèges soient impressionnants, ils ne compensent pas l’énorme écart entre son salaire et celui de Martin St-Louis.
Ce dernier, à la tête d’une équipe en reconstruction, perçoit un montant astronomique comparé à celui d’un homme chargé de diriger les États-Unis.
Ces chiffres font réfléchir, surtout dans un contexte où le Québec traverse une crise économique majeure, comme l'augmentation du coût de la vie ou les difficultés du système de santé
Alors que 324 médecins québécois ont gagné plus d’un million de dollars en 2023 – certains atteignant même la barre des 3 millions – le public québécois se demande où sont les vraies priorités.
D’un côté, des professionnels de la santé qui sauvent des vies dans des conditions difficiles et, de l’autre, un entraîneur de hockey qui touche 5 millions pour diriger une équipe encore en difficulté.
Malgré ces comparaisons, il faut reconnaître que Martin St-Louis a su s’imposer dans la LNH. Arrivé comme entraîneur novice, il est désormais reconnu pour sa capacité à inspirer ses joueurs et à bâtir une culture de travail exemplaire au sein du Canadien.
Après tout, il est l'homme le plus important du Québec, quoiqu'on en dise.