Déconfiture sur l’avantage numérique: Martin St-Louis voit rouge avec Kirby Dach

Déconfiture sur l’avantage numérique: Martin St-Louis voit rouge avec Kirby Dach

Par David Garel le 2025-09-21

Il y a parfois des images qui parlent plus fort que tous les discours. Dimanche, au Complexe CN de Brossard, alors que les premières vraies vagues d’avantage numérique du Canadien de Montréal prenaient forme, une séquence a frappé tous les observateurs présents sur place : Martin St-Louis, visiblement agacé, a pris Kirby Dach à l’écart pour une longue discussion. Pendant ce temps, Patrik Laine et Ivan Demidov, frustrés, ont chacun frappé la bande avec leur bâton.

Le message était limpide. Quelque chose ne tournait pas rond dans cette deuxième unité censée être dévastatrice sur papier. Et tous les regards se sont instinctivement tournés vers Dach.

Ce n’était pas un petit échange à la va-vite. Martin St-Louis a mis le jeu sur pause et s’est approché de Dach avec une gestuelle lourde de sens.

Bras croisés, regard fixe, il a parlé pendant plusieurs minutes, pendant que les autres joueurs reprenaient leurs exercices. Dans le jargon du hockey, on appelle ça un « reality check ». Et dans ce cas-ci, il visait directement l’un des piliers attendus de ce deuxième trio.

Pendant ce temps, Demidov et Laine, deux joueurs au tempérament explosif, exprimaient leur frustration à leur manière. L’un a cogné la bande avec son bâton, l’autre a levé les bras au ciel, visiblement excédé par l’incohérence du jeu.

Ce n’est un secret pour personne : depuis le début du camp, la chimie tarde à s’installer au sein de la deuxième vague du jeu de puissance. Et au centre de ce triangle problématique, il y a Kirby Dach.

Des attentes énormes… et une pression démesurée

On oublie souvent à quel point Dach revient de loin. Après une blessure sérieuse, une rééducation longue et un retour tant espéré, il se retrouve propulsé dans un rôle stratégique, aux côtés de deux snipers impitoyables. Sur papier, c’est un rêve. Dans la réalité, c’est un fardeau.

Patrick Laine n’est pas un joueur qui s’adapte. Il exige que le jeu se construise autour de lui, qu’il reçoive la rondelle dans ses zones préférées, qu’il puisse décocher son tir foudroyant sans délai.

Ivan Demidov, de son côté, voit le jeu plus vite que la moyenne et n’a pas de patience pour les hésitations. Il veut jouer avec des joueurs qui pensent comme lui. Or, Dach n’est pas encore à ce niveau.

Résultat? Un malaise grandissant sur la glace. La rondelle circule mal, les passes sont imprécises, et les jeux préparés tournent souvent au chaos improvisé.

En prenant Dach à part, Martin St-Louis n’a pas seulement corrigé un joueur. Il a envoyé un message au groupe. Le temps des excuses est terminé.

Le deuxième avantage numérique n’est pas un terrain de jeu expérimental : c’est une unité censée marquer des buts et faire peur. Si ça ne clique pas maintenant, il y aura des changements.

St-Louis a d’ailleurs été clair en point de presse :

« On est dans un camp, mais on est aussi en train de préparer la vraie saison. J’attends que mes leaders sur ces unités prennent le contrôle. »

Aucune mention de Dach dans ses éloges. En revanche, il n’a pas tari d’éloges sur Zachary Bolduc, inséré sur la première unité.

C’est là que ça commence à faire mal pour Dach. Pendant que lui peine à trouver sa place avec Laine et Demidov (avec Gallagher et Dobson), Bolduc, lui, nage dans le bonheur avec Suzuki, Hutson, Caufield et Slafkovský. À chaque répétition, le Trifluvien s’illustre dans le rôle de pivot. Il est calme, précis, et il comprend l’espace.

Ce qui rend la situation encore plus délicate, c’est que Bolduc est un nouvel arrivant. Il aurait pu être intimidé. Il aurait pu demander du temps. Mais il a plutôt arraché sa place par le travail. Il s’est fait une niche, pendant que Dach donne l’impression de s’enliser.

Et tout cela ne passe pas inaperçu dans le vestiaire.

Derrière les apparences, tout change rapidement dans la hiérarchie du Canadien. Oui, Dach était vu comme le centre du futur. Oui, on a misé gros sur lui. Mais la patience a des limites, surtout avec un camp aussi compétitif.

Zachary Bolduc a été clair :

« Rien n’est garanti ici. Tu dois faire ton travail quand tu sautes sur la glace. »

Une phrase qui pourrait s’appliquer directement à Dach. Parce que même si la direction a investi en lui, même s’il est vu comme un atout central à long terme, il n’est pas à l’abri d’un déclassement si l’unité ne fonctionne pas.

Et ce déclassement pourrait être brutal. Il y a trop de joueurs talentueux qui cognent à la porte. Si Bolduc continue de briller, si Slafkovský démontre qu’il mérite de jouer avec Suzuki, si Roy ou Beck s’illustrent dans les prochains matchs… le jeu des chaises musicales pourrait commencer plus tôt que prévu.

Ce qui frappe, c’est à quel point cette deuxième unité est mal synchronisée. Sur papier, elle est intimidante : Dobson à la pointe perdait aussi patience Gallagher est trop "fini" pour jouer sur le power play, et Dach au centre.

Laine et Demidov sur les ailes étaient bien déprimés...comme Noah Dobson qui croit aussi mériter la première unité d'avantage numérique.

Dès les premiers jeux, les problèmes sautent aux yeux. Laine n’a pas le temps de décocher. Demidov tente des jeux à haute difficulté qui ne sont pas compris. Gallagher dérange devant le filet, mais personne ne le nourrit. Et Dach, censé orchestrer le tout, semble constamment en retard d’une seconde.

On l’a vu dimanche : les jeux se terminent en rondelle perdue. Et les gestes d’impatience, comme les coups de bâton contre la bande, ne mentent pas.

Martin St-Louis a toujours été un entraîneur patient, mais exigeant. Et il sait lire le langage corporel de ses joueurs. Quand deux vedettes comme Laine et Demidov expriment ouvertement leur frustration, ça ne passe pas sous le radar.

Dach, pour sa part, a été digne. Il a écouté son entraîneur, il n’a pas bronché. Mais on l’a vu retourner au banc avec un air abattu. Comme s’il réalisait que cette saison ne lui fera aucun cadeau.

Et maintenant?

La suite dépendra des prochains jours. Rien n’est encore coulé dans le béton. Les groupes sont séparés, les unités pourraient être remaniées.

Il est possible que tout cela change d’ici le début de saison. Mais l’image de dimanche restera dans les mémoires : Demidov et Laine qui frappent la bande, Dach isolé en conversation avec St-Louis, et Bolduc qui rayonne à l’autre extrémité de la glace.

Le message est clair. Kirby Dach est maintenant écarté... par ses propres coéquipiers...