Déménager sa femme et sa fille à Anaheim: le cauchemar de Josh Anderson

Déménager sa femme et sa fille à Anaheim: le cauchemar de Josh Anderson

Par David Garel le 2025-08-09

C’est un été qui aurait dû être doux.

Pour Josh Anderson, l’attaquant de puissance du Canadien de Montréal, il devait marquer un moment heureux : l'éét suivant l’arrivée de sa petite fille, un nouveau chapitre dans sa vie de famille avec Paola, sa conjointe physiothérapeute bien établie à Montréal.

Un bébé, un foyer, un semblant de stabilité… tout ce que le monde du hockey professionnel malmène si souvent.

Sauf que cette bulle familiale se trouve aujourd’hui en plein cœur de la tempête.

À mesure que la fin de l’été approche et que les rumeurs de transactions se multiplient, le nom de Josh Anderson revient dans toutes les conversations de coulisses.

Et pas juste comme un bruit de fond : il est désormais l’une des principales monnaies d’échange pour Kent Hughes, coincé avec sa masse salariale qui menace de paralyser le Canadien avant même le début de la saison 2025-2026.

À 5,5 millions de dollars par saison jusqu’en 2027, Anderson n’est ni un contrat insurmontable, ni un cadeau tombé du ciel.

Il est dans cette zone grise : assez cher pour bloquer de la marge, mais assez utile pour intéresser un DG en quête de robustesse. Et c’est exactement ce qui en fait un candidat idéal pour équilibrer les masses salariales dans une transaction d’envergure.

Le dossier Mason McTavish à Anaheim en est l’illustration parfaite. Les Ducks veulent de la robustesse pour encadrer leur jeune noyau, Joël Quenneville réclame du poids dans son top 9, et Pat Verbeek sait que le CH doit absolument sortir du salaire dans une possible transaction pour Mason McTavish.

Anderson, dans ce contexte, devient un pion logique.

Mais pour le Canadien, la logique a un prix : Anaheim exige le choix de première ronde 2026 sans protection, dans un repêchage où Gavin McKenna est la tête d’affiche et où la profondeur de talent fait saliver toutes les équipes.

Hughes résiste. Mais le temps joue contre lui.

Comme tout vétéran protégé par une clause partielle de non-échange, Anderson a son mot à dire. Sa liste comprend 5 équipes auxquelles il refuse d’être échangé.

De sources concordantes, Pittsburgh en fait partie, un marché en reconstruction qui ne correspond ni à ses ambitions sportives ni à ses réalités familiales.

Anaheim, par contre ? Pas sur la liste.

Attention. La Californie, le soleil, la proximité de Los Angeles et du monde de Disney, ça pourrait sembler idyllique sur papier… sauf que Paola Anderson a son entreprise à Montréal, leur vie est ici, et déménager à l’autre bout du continent avec un nouveau-né, ce n’est pas une décision qu’on prend à la légère.

Voilà le choc entre le personnel et le professionnel.

Le hockey, surtout au niveau de la LNH, ne connaît pas la compassion.

Kyle Dubas à Pittsburgh, Pat Verbeek à Anaheim… les DG font leurs listes de cibles, évaluent les masses salariales, et pèsent les joueurs comme on pèse des actifs. Qu’un joueur vienne d’avoir un bébé ne change pas le verdict : si le numéro fonctionne sur le tableur Excel, le téléphone sonne.

Même chose du côté de Kent Hughes.

Pour Josh Anderson, cette froideur du marché se vit en direct.

Il l’a confié lorsqu'il a vidé son casier en mai :

« Je me concentre sur ce que je peux contrôler… mais évidemment, je vois ce qui se dit. »

Et ce qui se dit, c’est que son contrat est devenu la clef d’une transaction monstre. Que ce soit pour McTavish, pour un coup de poker sur Jordan Kyrou, voire dans un scénario fou impliquant Sidney Crosby, Anderson est l’élément qui permettrait de faire entrer un gros salaire tout en équilibrant les comptes.

Le paradoxe, c’est que Josh Anderson n’est pas inutile sportivement.

Oui, sa production offensive a décliné (15 buts, 27 points l’an dernier), mais en séries, il reste l’un des rares attaquants capables de dicter un rythme physique, d’user les défenses et de provoquer des revirements par la simple menace de son échec avant.

C’est d’ailleurs pour ça qu’il a aidé le Canadien à se qualifier, puis faire bonne figure contre Washington. Dans un format « playoff-style », Anderson vaut plus que sur une fiche statistique.

Les Ducks, qui visent les séries, le savent. Et c’est ce qui entretient sa valeur sur le marché.

Mais au-delà du style de jeu, il y a la réalité comptable.

Le CH est 5,4 millions au-dessus du plafond salarial. Gallagher est indésirable sur le marché. Carey Price reste sur la liste active tant qu'il n'a pas touché son dernier bonus de 5,5 M$ le 1er septembre que la saison n’a pas commencé, pour permettre la gymnastique du cap « accumulable ».

Résultat : Anderson devient le seul candidat pour équiliber les salaires dans une transactions... avec Mike Matheson...

Et les autres DG le savent.

Pat Verbeek joue la montre à Anaheim. Les équipes intéressées à Jordan Kyrou (St-Louis) ou Jared McCann (Seatte) font de même. Elles attendent que Kent Hughes ou un autre DG craque, qu’il ajoute un défenseur établi (Matheson) et attaquant établi (Josh Anderson) avec un choix de 1ère ronde.

Mais le CH veut un jeune 2e centre. Anaheim est toujours la piste la plus chaude.

Dans le dossier McTavish, Anaheim coche toutes les cases :

Espace sous le plafond : presque 21 millions.

Besoin de robustesse et d’expérience.

Quenneville qui adore le profil d'Anderson.

Mais aussi, une volonté d’arracher au CH un prix fort. Les Ducks n’ont pas besoin de McTavish pour se développer. Ils peuvent le remplacer par Carlsson, Granlund et leur profondeur au centre (Strome, Poehling).

Leur intérêt, c’est de faire payer Montréal en jeunes talents ou en choix, et de prendre Anderson comme contrepartie salariale.

Ce qui rend cette situation encore plus cruelle, c’est la dimension familiale.

Josh et Paola viennent tout juste d’accueillir leur petite fille. Le couple s’est construit une vie à Montréal : un réseau d’amis, une entreprise, un environnement stable. La perspective de tout bouleverser pour atterrir dans un vestiaire inconnu, dans une ville à l’autre bout du pays, est un choc émotionnel majeur.

Mais la LNH ne freine pas pour ce genre de considérations. Le marché avance, les camps d’entraînement approchent, et les échéanciers sont impitoyables.

Dans l’état actuel, la présence ou non de Josh Anderson au camp du CH pourrait servir d’indicateur sur l’ampleur des manœuvres de Kent Hughes.

S’il part : attendez-vous à voir débarquer un centre top 6 immédiatement.

S’il reste : c’est que le marché n’a pas offert le retour escompté, et que Hughes est toujours coincé.

Anderson est devenu ce thermomètre. Pas parce qu’il est la pièce maîtresse, mais parce qu’il est la seule pièce bougeable qui libère assez de masse pour un vrai coup de poker.

Au moins, la famille Anderson a un espoir. Si les Ducks continuent d’exiger David Reinbacher dans l’échange pour Mason McTavish, ça change complètement la donne.

Kent Hughes a toujours répété qu’il ne voulait pas sacrifier son jeune défenseur droitier, pierre angulaire de l’avenir du CH.

Tant que ce nom reste dans la demande d’Anaheim, il y a de fortes chances que les négociations piétinent et que l’échange ne se fasse pas.

Et dans ce cas, Anderson pourrait bien commencer la saison à Montréal, simplement parce que l’organisation refuse de payer le prix demandé par les Ducks.

Mais en coulisses, certains murmurent que la cohabitation avec les contrats lourds d’Anderson et de Gallagher commence à peser.

Pas de tensions personnelles, mais une frustration sourde : ces deux vétérans occupent des rôles qu’on pourrait donner à des jeunes plus productifs. Et quand un joueur à 5,5 millions patine sur un 3e trio avec 27 points, difficile de vendre le mérite comme principe de gestion.

Il reste quelques semaines. Le camp approche. Les Panthers et le CH sont les seuls clubs au-dessus du plafond. Les DG adverses flairent l’opportunité.

Et Josh Anderson, lui, vit chaque journée en se demandant si ce sera la dernière à Montréal.

C’est un métier sans filet de sécurité émotionnel. Aujourd’hui, Anderson jongle entre les biberons et les textos de son agent. Entre la chambre de sa fille et les appels de Hughes. Entre la joie d’un nouveau rôle de père et l’incertitude d’un futur professionnel qu’il ne contrôle plus.

Le monde de la LNH est sans pitié...