C’est la bombe de la journée. Alors que Mathieu Darche venait tout juste de réussir une entrée impeccable devant les médias new-yorkais, confirmant sans détour la reconduction de Patrick Roy comme entraîneur-chef des Islanders, voilà que les spéculations explosent déjà.
Dans l’ombre d’un événement pourtant contrôlé au quart de tour, Jean-Charles Lajoie a lancé une coup de théâtre médiatique.
Mais ne brûlons pas les étapes. Revenons d’abord à la conférence de presse de jeudi, l’une des plus attendues de l’intersaison dans la LNH.
Le nouveau DG des Islanders, Mathieu Darche, a livré une performance médiatique quasi parfaite. Il a réitéré son admiration pour Patrick Roy, affirmant qu’ils avaient passé cinq heures ensemble à Montréal pour apprendre à se connaître.
« C’est un gagnant », a-t-il affirmé.
« J’ai une belle complicité avec lui, et je suis excité de travailler avec lui. »
Ce n’était pas une déclaration stratégique. C’était une déclaration de foi. Darche et Roy, deux Québécois à la tête d’une franchise américaine, unis dans une vision commune : gagner maintenant.
Darche a insisté : il n’est pas question de reconstruction. Il a le premier choix au repêchage, oui, mais c’est pour ajouter un morceau d’élite, pas pour tout raser et recommencer.
« Je me concentre pour gagner », a-t-il dit à Jean-Charles Lajoie en entrevue.
« J’ai le premier choix cette année. J’obtiendrai un excellent joueur. On ne fait pas de la reconstruction. »
Et pourtant, malgré cette entrevue, malgré cette déclaration claire comme de l'eau de roche, malgré l’enthousiasme palpable des deux hommes, Jean-Charles Lajoie a publié sur TVA Sports et dans le Journal de Montréal… que Patrick Roy allait démissionner.
Oui, vous avez bien lu. Selon lui, le mariage Darche-Roy est forcé. Roy ne tolérera pas les contraintes imposées par le DG. Il ne survivra pas à la première tempête. Il claquera la porte. Rien de moins.
Jean-Charles Lajoie a écrit noir sur blanc dans le Journal de Montréal que Patrick Roy allait prendre la porte de sortie volontairement.
« Ainsi, si ça ne va pas du tout à son goût, il ne va pas traîner là à attendre de se faire montrer la sortie pour encaisser le dernier dollar de son contrat. Il va tout simplement partir sans demander son reste, comme il l’a fait comme joueur et comme entraîneur-chef avec l’Avalanche du Colorado. »
Voilà ce qu’a lancé Lajoie, comme un verdict sans appel. Le même Lajoie qui, faut-il le rappeler, avait affirmé avant Noël que Martin St-Louis allait démissionner de son poste d'entraîneur-chef du Canadien de Montréal. Un scoop bidon devenu la risée du milieu.
La contradiction est flagrante. Jean-Charles Lajoie, qui s’était montré enthousiaste face à Darche dans l’entrevue, change maintenant de ton, à la recherche peut-être du prochain grand titre accrocheur.
L’ironie? Il avait déjà annoncé en ondes la démission imminente de Martin St-Louis à Montréal quelques mois plus tôt, avant Noël. Résultat? Un fiasco total. Saint-Louis est resté en poste. Il a même terminé la saison sans encombre.
Mais le pire dans tout ça, c'est que Lajoie écrit que Darche va reconstruire et que Roy sera en furie de rater les séries, alors que Darche a dit exactement le contraire: il vise les séries la saison prochaine.
Voici les propos de Lajoie qui ne font aucun sens, alors qu'il affirme que Darche va garder Roy pour rater les séries trois années de suite et ne pas payer un nouveau coach pour rien.
Voici les propos de Lajoie:
"Est-ce que Mathieu dira à ses nouveaux patrons que son premier geste à titre de directeur général sera de leur faire payer un coach pendant trois longues saisons pour essentiellement jouer au golf?
Ce serait étonnant. Pour ces motifs, je crois que Mathieu et Patrick sont réunis dans un mariage pour le moment forcé."
Pourtant, Darche a affirmé haut et fort qu'il n'allait pas reconstruire:
«Le noyau de l’équipe est formé de joueurs qui ont accompli de belles choses au fil du temps".
«L’équipe était de calibre pour être des séries cette année et je pense qu’elle aurait dû se qualifier.»
Pourquoi Lajoie affirme donc que Roy va finir par démissionner alors?
Preuve irréfutable du respect que voue Mathieu Darche à Patrick Roy : le nouveau directeur général des Islanders n’a pas hésité à prendre le blâme publiquement pour le congédiement des adjoints John MacLean et Tommy Albelin, les deux assistants que Roy n’avait pas choisis à son arrivée.
En conférence de presse, Darche a été cinglant : « C’est ma décision. »
Un geste fort, un geste politique, un geste loyal. En assumant seul la chaleur médiatique, il protège Roy, le renforce devant le vestiaire et lui tend une perche claire : tu es mon homme. C’est un message à double sens, transmis à la fois à Roy et aux joueurs.
Et ça ne s’arrête pas là. Darche a confirmé que Benoît Desrosiers, l’unique adjoint sélectionné par Roy à son arrivée, conservera son poste. Encore mieux : les deux hommes bâtiront ensemble le nouveau staff. Darche proposera des noms, Roy en fera autant, et ensemble, ils choisiront.
Pas de hiérarchie autoritaire, pas de DG qui impose ses hommes : une collaboration. Un respect mutuel. Une complicité en construction, mais qui part sur des bases solides.
Voilà pourquoi on peut croire que ce tandem improbable, entre la glace méthodique de Darche et le feu passionnel de Roy, pourrait bien faire des flammèches… mais des flammèches productives.
Alors que Lajoie prédit déjà le chaos, on observen une chimie naissante. Darche, le gestionnaire analytique, inspiré par Julien BriseBois. Roy, l’homme d’instinct, le bâtisseur d’identité.
Darche a été clair : Barzal reste. Horvat aussi. Pulock, Pelech, Pageau, Mayfield : la majorité de ces vétérans sont dans le plan à court terme.
Dobson? Joueur autonome avec compensation, pièce centrale, intouchable. Sorokin? Encore sept ans de contrat, élite. Roy veut gagner avec eux. Et Darche veut voir jusqu’où ce noyau peut aller.
C’est un test grandeur nature. Darche devra composer avec un vestiaire vieillissant, une banque de jeunes limitée, un plafond salarial serré. Roy, lui, devra prouver qu’il peut gérer ses émotions et composer avec des décisions qui ne seront pas toutes les siennes.
Mais pour Jean-Charles Lajoie, c'est un mariage forcé.
Le mot est lâché : forcé. Mais c’est faux. Ce n’est pas un mariage forcé. C’est un mariage stratégique. Les deux hommes se sont choisis. Ils ont discuté. Ils se respectent. Ils veulent la même chose, du moins pour l’instant : gagner.
C’est là que tout se jouera. Si les Islanders démarrent en force, si l’équipe performe, les sceptiques comme Lajoie devront ravaler leurs prédictions.
Si ça explose? Alors oui, on pourra reparler de mariage raté. Mais pour l’instant, tout indique que le duo Darche-Roy est prêt à défier les pronostics.
Et cette fois, pas besoin de scoop inventé. Juste de hockey.