Il fut un temps où les parieurs politiques, les stratèges des coulisses et les cyniques des médias mettaient en jeu leurs jetons sur une double éventualité : qui allait perdre son poste en premier?
Martin St-Louis, entraîneur d’une équipe en naufrage à l’automne, ou Geneviève Guilbault, ministre d’un système informatique en feu?
À la surprise générale, Martin St-Louis a survécu.
Guilbault, elle, est toujours debout. Mais pour combien de temps?
Car aujourd’hui, tout indique que le verdict est tombé. Non pas dans les sondages, ni dans une entrevue téléguidée, mais par les faits, les preuves, les documents et les perquisitions : Geneviève Guilbault n’a plus aucune légitimité pour occuper ses fonctions. Elle doit partir.
Son départ est devenu inévitable.
Alors que le gouvernement Legault s'effondre dans le scandale SAAQclic, que l’UPAC débarque dans les bureaux de la SAAQ, que les commissions s’enchaînent, les documents s’accumulent, et que les Québécois se font siphonner 1,1 milliard $ de fonds publics… personne ne démissionne.
On parle ici d’un projet informatique qui devait coûter 500 millions, mais qui en coûtera plus du double. Un fiasco annoncé, documenté, dénoncé.
Et pourtant, Geneviève Guilbault, ministre responsable à l’époque de Transports Québec, a rencontré Karl Malenfant, le cerveau informatique derrière l’échec, à trois reprises avant le déploiement catastrophique de la plateforme.
Trois fois. Trois chances de poser les bonnes questions. Trois occasions de protéger les contribuables. Trois rendez-vous ratés.
Et maintenant qu’on sait que plus de 25 rencontres politiques ont eu lieu avec Malenfant dans les mois qui ont précédé l’implosion de SAAQclic, que fait Guilbault?
Elle s’accroche.
Et comme si les révélations sur ses rencontres avec Karl Malenfant ne suffisaient pas, d’autres éléments accablants continuent d’émerger.
Il est maintenant prouvé, documents à l’appui, que le cabinet de Geneviève Guilbault a été informé à l’avance des risques élevés liés au déploiement de SAAQclic.
Des courriels internes, obtenus via la Loi d’accès à l’information, démontrent que les ratés techniques et les dépassements budgétaires étaient connus bien avant le lancement public du système.
Pire encore, plusieurs experts à l’interne avaient tiré la sonnette d’alarme sur l’impréparation des serveurs et le manque de formation des employés.
Et qu’a fait cette chère Geneviève? Rien. Aucun plan d’urgence. Aucune suspension temporaire. Aucune prise de parole claire.
Elle a foncé tête baissée vers le mur, traînant avec elle des millions d’automobilistes québécois et 1,1 milliard de dollars de fonds publics.
Elle a couvert l’incendie avec des communiqués creux et des sourires télévisés. Mais aujourd’hui, le masque est tombé. Elle savait. Elle a menti. Elle doit partir.
Pendant que Guilbault accumulait les gaffes en douce, Martin St-Louis, lui, affrontait les critiques de front. Le Canadien se noyait. L’équipe perdait match après match. Et l’entraîneur était au bord du gouffre.
Rappelez-vous l’automne. Le club sombrait au classement, l’attaque était anémique, les partisans réclamaient du sang. Les caméras pointaient vers St-Louis. Et lui, sans se cacher, répondait :
« Je sais qu’on ne livre pas. Mais j’suis pas un gars qui abandonne. Je vais continuer à me battre. J’ai vu pire. »
Il était lucide. Humble. Déterminé.
À ce moment-là, plusieurs disaient qu’il ne passerait pas Noël. Qu’il serait le premier fusible à sauter.
Mais il s’est accroché. Il a changé ses trios, secoué ses vétérans, protégé ses jeunes, et a fini par redresser le navire, assez pour sauver sa peau.
Il a fait le travail. Il a pris ses responsabilités. Il s’est exposé.
Et c’est là toute la différence avec Geneviève Guilbault, ministre souriante mais invisible quand vient le temps de rendre des comptes.
Lorsqu’on lui pose des questions sur SAAQclic, elle détourne le regard. Lorsqu’on lui parle de ses rencontres avec Malenfant, elle s’abrite derrière le jargon bureaucratique. Lorsqu’on exige des réponses, elle botte en touche.
Même son collègue François Bonnardel, aujourd’hui largué à l’Éducation, a tenté de rejeter la faute en affirmant qu’il avait été “trompé”. Pourtant, lui aussi a été briefé. Lui aussi était là.
Les partis d’opposition le disent sans détour :
« C’est impossible que le gouvernement Legault n’ait pas été au courant de ce dépassement de coûts majeur. Au mieux, c’est de la négligence grave et grossière, au pire, désolé, mais c’est un cover-up. » affirme Marwah Rizqy, du PLQ
« La population mérite des ministres qui assument leurs responsabilités, pas des excuses préparées après coup. » affirme Monsef Derraji, encore une fois du PLQ.
« Mme Guilbault et M. Bonnardel ne peuvent plus rester en poste dans l’état actuel des choses. » affirme Ruba Ghazal de Québec solidaire
Et Legault, dans tout ça?
Legault? Il joue à l’aveugle. Il dit qu’il est “content que l’UPAC enquête”. Il “n’aime pas ce qui s’est passé”, mais ne retire pas sa confiance à Guilbault. Il joue la montre.
Pourtant, il est celui qui a nommé Guilbault. Celui qui a encensé le projet de modernisation. Celui qui a maintenu en poste Ducharme et Marsolais, les deux PDG impliqués.
Et surtout : il est celui qui refuse de reconnaître l’échec.
Pendant que le Canadien vivait un cauchemar sur la glace, Legault et sa ministre envoyaient les Québécois dans un labyrinthe bureaucratique numérique sans fin.
SAAQclic, c’était l’enfer : files d’attente, pertes de données, rendez-vous disparus, agents débordés, citoyens frustrés.
Et au sommet de cette pyramide d’incompétence : Geneviève Guilbault, toujours ministre.
Ce n’est plus tenable
Si Martin St-Louis avait livré la moitié du désastre que représente SAAQclic, il aurait été renvoyé à coups de canon hors du Centre Bell. Il aurait été la risée des réseaux sociaux. Il aurait été exécuté médiatiquement.
Mais il a survécu. Il a tenu le coup.
Geneviève Guilbault, elle, n’a plus d’excuses. Elle était là. Elle savait. Elle a menti par omission.
Et aujourd’hui, l’UPAC perquisitionne la SAAQ.
Pas pour un détail. Pas pour un formulaire manquant.
Pour fraude. Pour corruption. Pour un engrenage de mensonges et de camouflage digne des plus grandes époques de collusion à la québécoise.
Saint-Louis a gagné son pari. Guilbault a perdu le sien.
Il y avait des paris en 2024-2025.
Qui allait tomber le premier?
Martin St-Louis? Ou Geneviève Guilbault?
Aujourd’hui, la réponse est claire : St-Louis a gagné ses galons. Guilbault a trahi les siens.
Et si François Legault avait encore un soupçon de respect pour les contribuables, il l’aurait déjà congédiée.
Martin St-Louis parlait de son équipe comme d’un groupe en crise, mais toujours capable de redressement. Il a évoqué le “feu dans les œufs”, cette image colorée pour décrire l’urgence d’agir, la pression, l’envie de prouver qu’on est encore capable.
Et il a agi.
À la SAAQ, le feu brûle depuis des mois. Pas dans les œufs, mais dans les circuits. Dans les coffres. Dans la confiance.
Et que fait le gouvernement Legault?
Rien.
Ce n’est plus une question politique. Ce n’est plus une guerre partisane.
C’est une question de respect pour les Québécois.
François Legault ne peut plus protéger indéfiniment ses ministres. Pas après le rapport du Vérificateur général. Pas après les révélations de Karl Malenfant. Pas après les perquisitions de l’UPAC. Pas après les témoignages accablants devant la Commission Gallant.
C’est terminé.
Geneviève Guilbault ne peut plus être ministre.
Et si le premier ministre refuse encore d’agir, c’est lui qui doit partir.
Le Québec mérite mieux qu’un gouvernement qui laisse couler 1,1 milliard $ dans les égouts numériques pendant que ses ministres planquent les factures. Il est temps que le ménage commence.
Et il commence avec Geneviève Guilbault.