Dans sa traditionnelle revue de l’année publiée dans La Presse, Stéphane Laporte n’a pas seulement fait rire ou réfléchir : il a aussi écorché les Canadiens de Montréal et leur direction.
Avec son style incisif et son humour sans pitié, il a dressé un portrait impitoyable de l’état actuel de l’équipe et de la gestion de Martin St-Louis, Kent Hughes et Jeff Gorton.
Son humour pique là où ça fait mal. Laporte a lancé des flèches bien aiguisées à l’endroit du CH.
Parmi les nombreux coups de gueule de Stéphane Laporte dans sa revue de l’année 2024, sa remarque sur l’instauration de toilettes mixtes au Centre Bell a fait le tour des réseaux sociaux.
Laporte a écrit :
"Tel que promis par la direction du CH, le Centre Bell aura des toilettes mixtes."
Sur les réseaux sociaux, une tempête s’est rapidement levée. De nombreux internautes, prenant l’affirmation au pied de la lettre, ont commencé à spéculer sur les motivations derrière cette initiative imaginaire.
Certains ont vu une tentative du Canadien de Montréal d’amadouer la communauté LGBTQ+ :
"Les toilettes mixtes, c’est pour montrer qu’ils sont inclusifs, mais ils devraient peut-être commencer par être inclusifs sur la glace et inclure des joueurs capables de gagner des matchs."
D’autres, au contraire, ont dénoncé ce qu’ils percevaient comme une démarche inutile et farfelue :
"Encore une décision pour plaire à une minorité bruyante… mais rien pour nous donner une équipe compétitive !"
Pourtant, ce n’était qu’une blague insérée dans un texte bourré d’ironie. Laporte faisait référence au fameux mix, soit les équipes qui vont se battre pour les séries et le fait que les dirigeants du CH avaient promis que l'équipe allait être dans la course
Mais comme souvent, l’humour n’a pas été bien reçu par tout le monde.
Laporte, dans son style habituel, a joué avec l’ironie et l’absurdité pour illustrer la déconnexion entre les priorités de l’organisation et les attentes des partisans.
Mais le fait que tant de gens aient pris cette blague au sérieux révèle un malaise plus large : une frustration palpable envers le CH et une méfiance générale face aux initiatives perçues comme "trop progressistes" ou éloignées du sport lui-même.
Laporte n’a pas réservé ses flèches uniquement au CH. Valérie Plante, mairesse de Montréal, a également été dans sa mire. Sa remarque cinglante :
"Valérie Plante a annoncé le 23 octobre qu’elle s’en allait dans un an. Quand on veut sortir de Montréal, vaut toujours mieux s’y prendre d’avance."
Ouch. Bien dit. Cette blague symbolise très bien l’agacement d’une partie des citoyens montréalais envers une administration municipale souvent critiquée pour sa gestion des chantiers, du transport en commun et des taxes.
En comparant la décision de Plante à une "fuite bien planifiée," Laporte souligne la lassitude d’une population fatiguée par les défis logistiques de la métropole.
Il ne s’est pas arrêté là. Des politiciens comme François Legault et Donald Trump ont également eu leur lot de sarcasme. Laporte a notamment ironisé sur Legault en écrivant :
"Lors de la réouverture de Notre-Dame-de-Paris, François Legault est parvenu à rencontrer Donald Trump en se faisant passer pour Garou."
Ici encore, l’humour est mordant, et le message est clair : le Québec, comme tant d’autres régions du monde, a connu une année marquée par des décisions parfois absurdes de notre premier ministre qui semble davantage être un clown qu'un politicien.
Le segment sur les toilettes mixtes du Centre Bell a particulièrement résonné, car il symbolise l’ère actuelle des réseaux sociaux : une blague, même évidente, peut être interprétée littéralement et devenir une polémique.
Certains ont trouvé la blague de Laporte hilarante et pertinente, tandis que d’autres y ont vu une attaque gratuite ou une moquerie déplacée.
"C’est vraiment représentatif de notre époque. On entend toilettes mixtes et on part en croisade sans vérifier si c’est vrai."
D’autres ont salué le courage de Laporte de s’attaquer à des figures puissantes comme Valérie Plante et Kent Hughes, même s’ils estiment que son humour manque parfois de nuance.
"Laporte ne fait pas toujours dans la dentelle, mais au moins il dit ce que tout le monde pense."
Sa blague sur les "toilettes mixtes" au Centre Bell en dit long sur sa perception d’une direction qui semble, selon lui, tout sauf sérieuse.
Mais c’est surtout dans son analyse plus large qu’il a frappé fort :
"Avancez en arrière. C’est aussi le slogan de notre équipe de hockey, qui est convaincue que plus on finit derrière, plus on a des chances, un jour, d’être devant.
Si ça pouvait être ainsi dans tous les domaines, au moins, ça n’irait pas mal pour rien."
Cette flèche, qui fait référence à la reconstruction sans fin des Canadiens, résume bien le ras-le-bol d’une partie des partisans et analystes envers une direction qui semble sans plan clair.
Pour Laporte, l’idée que perdre encore et encore puisse mener au succès est une excuse pour masquer l’absence de vision.
Martin St-Louis est directement dans la ligne de mire.
Martin St-Louis, pourtant encensé à son arrivée pour son parcours exceptionnel comme joueur, est devenu la cible principale des critiques de Laporte.
En évoquant le concept d’avancer en arrière," Laporte ne laisse aucun doute sur ce qu’il pense de la gestion de l’entraîneur :
Avancez en arrière, c’est aussi une façon polie de dire que Martin St-Louis apprend sur le tas, sans vraiment savoir où il va.
St-Louis, souvent critiqué pour son manque d’expérience et ses réponses parfois condescendantes en conférence de presse, est clairement dans l’eau chaude.
Pour Laporte, son inexpérience à titre d’entraîneur-chef dans la LNH se reflète dans les résultats décevants de l’équipe.
Le duo Hughes-Gorton n’échappe pas non plus à la plume cinglante de Laporte.
Depuis leur arrivée, les deux dirigeants ont promis une reconstruction méthodique et des lendemains meilleurs. Mais selon Laporte, ce processus traîne en longueur, et les partisans commencent à perdre patience.
En illustrant l’année 2024 comme une suite de promesses non tenues, il met en lumière le sentiment général d’immobilisme au sein de l’organisation.
Laporte suggère qu’à force de "brasser les mêmes ingrédients," le duo Hughes-Gorton risque de produire une soupe bien fade.
Si la revue de Laporte est avant tout humoristique, elle met aussi en lumière un problème sérieux : l’absence de direction claire pour les Canadiens de Montréal.
Il évoque la frustration des partisans qui, année après année, doivent composer avec des excuses plutôt qu’avec des résultats.
Pour Laporte, il est temps que l’organisation cesse de "faire semblant." Il appelle à un leadership capable de prendre des décisions audacieuses et de redonner espoir à une base de partisans de plus en plus désabusée.
Avec ses critiques mordantes, Stéphane Laporte ne fait que dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Le CH, symbole historique du hockey au Québec, est aujourd’hui devenu la caricature d’une équipe en perpétuelle reconstruction.
Ses dirigeants, de Martin St-Louis à Kent Hughes, ne peuvent plus se cacher derrière des promesses vagues.
Laporte clôt sa revue avec une note d’espoir pour l’année 2025, mais le sous-texte est clair : si les Canadiens de Montréal ne redressent pas la barre rapidement, ils risquent de s’enliser encore davantage dans une spirale de médiocrité.
Les partisans, tout comme les analystes, méritent mieux.
Et si l’équipe ne répond pas à leurs attentes, des critiques comme celles de Laporte continueront à pleuvoir, année après année.
Au final, la revue de l’année de Stéphane Laporte est bien plus qu’une série de blagues : c’est un miroir tendu à une société québécoise en quête de direction, qu’il s’agisse de hockey, de politique ou de gestion municipale.
Sa remarque sur les toilettes mixtes du Centre Bell, bien qu’anecdotique, a fait culminer la frustration d’une époque où tout semble sujet à controverse.
Que ce soit pour le Canadien de Montréal, Valérie Plante ou d’autres figures publiques, le message est clair : 2024 a été une année où avancer semblait souvent se faire à reculons.
Et pour Laporte, il n’y a pas de meilleure façon de clore cette année que par un humour mordant qui fait autant réfléchir que sourire.
Il est maintenant temps d'avancer...