Il y a des soirs où les dieux du hockey se taisent. Et il y a des soirs où ils parlent fort, très fort. Ce vendredi soir à Pittsburgh, ils ont hurlé leur verdict à l’oreille des Blue Jackets de Columbus : vous avez attaqué Patrik Laine, et maintenant, vous payez le prix.
La défaite de 6 à 3 face aux Penguins, leur sixième d’affilée, a officiellement prouvé l’effondrement d’une équipe qui, il y a trois mois à peine, faisait encore la belle face en jouant les gros bras contre leur ancien coéquipier.
Mais au final, Laine avait raison.
Tout a commencé ce soir-là juste avant Noël, au Nationwide Arena, quand Patrik Laine est revenu pour la première fois à Columbus depuis son échange à Montréal. Avant même la mise au jeu, il avait décidé de dire la vérité, sans filtre, sans masque.
« J’étais tanné de perdre et d’abandonner dès décembre pour se concentrer sur la saison suivante. »
« C’est frustrant pour un joueur quand tu veux gagner et que d’autres personnes ne sont pas comme ça. »
« Ils sont un peu trop satisfaits et confortables avec [l’idée de perdre]. »
Des propos qui ont fait exploser le vestiaire des Blue Jackets. Zach Werenski l’avait carrément qualifié de traître, d’égocentrique, d’ingrat, affirmant que Laine les avait plantés dans le dos alors qu’ils avaient été de « bons coéquipiers » pour lui.
Et qu’ont-ils fait sur la glace? Ils se sont vengés.
Ils l’ont frappé sans relâche, le ciblant physiquement, avec une intensité anormale — et comme l’a révélé Renaud Lavoie, en visant délibérément son épaule opérée.
Résultat : Laine a quitté le match dès la première période, incapable de continuer.
Ce qui devait être un moment d’émotion et de reconnaissance a rapidement tourné au cauchemar. Les Blue Jackets avaient préparé un hommage vidéo, comme c’est la coutume dans la LNH lorsqu’un ancien joueur revient affronter son ancienne équipe.
Mais après les propos de Laine en matinée, où il avait osé critiquer la culture perdante de l’organisation, l’hommage a été annulé. Froidement. Brutalement.
Mais la vérité, c’est que Laine avait tout simplement dit tout haut ce que plusieurs pensaient tout bas. Au lieu de l’écouter, on l’a crucifié publiquement.
Et pendant que Columbus organisait sa vendetta, Martin St-Louis, lui, est resté silencieux. Lorsqu’un journaliste lui a demandé après le match s’il aurait préféré que Laine se taise, l’entraîneur-chef du Canadien a répondu que, s’il affrontait Laine, il serait physique avec lui.
Pas un mot sur l’inacceptable ciblage. Pas un mot pour défendre son joueur. Ce soir-là, Patrik Laine était seul au monde. Trahi par son ancienne équipe, abandonné par sa nouvelle.
Les Blue Jackets jubilaient. Leur vengeance était accomplie. Le match était à eux.
Mais ils ont oublié une chose : le hockey a une mémoire.
Et le karma aussi.
Depuis ce soir-là… l’effondrement est total. Columbus n’a jamais été la même équipe après cette soirée de vengeance.
Ils ont perdu leur calme, leur structure, leur momentum. Leurs gardiens sont vulnérables, leur défensive est un chaos permanent, et leur attaque est muette.
Vendredi, ils ont lancé 47 tirs sur Nedeljkovic. Et pourtant, ils ont encore perdu contre les Pauvre Penguins.
Ils n’y arrivent pas. Parce qu’ils ne sont pas des gagnants. Et c’est exactement ce que Patrik Laine leur avait dit.
Columbus ne sait pas comment gagner. Et au lieu de se remettre en question, ils ont préféré lyncher celui qui osait leur dire la vérité.
Aujourd’hui, les Blue Jackets sont en train de s’éteindre, pendant que les Canadiens de Montréal — et Laine — s’accrochent à la dernière place qualificative pour les séries.
Ce n’est pas une histoire de statistiques. Ce n’est pas une histoire d’analytique ou de X et O. C’est une histoire de culture, d’intégrité, de vérité qu’on ne voulait pas entendre.
Les Blue Jackets ont voulu se faire les fiers. Ils ont voulu enterrer Patrik Laine. Ils ont annulé leur hommage prévu pour lui ce soir-là, ils l’ont hué, ils l’ont traqué comme un chien blessé.
Mais aujourd’hui?
C’est eux qui boitent.
Et Laine? Il est entouré, respecté, écouté. Il n’est plus un bouc émissaire.
Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est le miroir d’une organisation qui refuse d’évoluer. Les Jackets ont préféré tirer sur le messager plutôt que de comprendre le message.
Mais la Ligue nationale n’est pas tendre avec ceux qui refusent de se regarder en face.
Et pendant que Columbus s’enlise, Montréal monte.
Les "hockey gods" ont tranché.
Le karma a frappé.
Et Patrik Laine a eu le dernier mot.