La nouvelle est tombée comme une gifle de reality check au réveil : Kirby Dach souffre d’une fracture au pied et sera absent de quatre à six semaines.
À Montréal, on commençait déjà à sentir l’air devenir lourd après la perte d’Alex Newhook pour quatre mois… puis celle de Kaiden Guhle pour 8 à 10 semaines. Cette fois, c’est le cœur de l’identité offensive du Canadien qui craque. Et ça fait mal. Très mal.
Ce n’est pas juste une blessure de plus, c’est le genre de coup qui change la structure d’une équipe au complet. Dach, c’était le projet de centre qui commençait enfin à ressembler à ce qu’il aurait pu devenir à Chicago : un grand joueur intelligent, capable de créer des jeux sous pression, bon pour enlever le poids des épaules de Nick Suzuki sur les matchs serrés.
Même avec un temps de jeu réduit, il avait réussi à accumuler 5 buts et 2 passes en 14 minutes d’utilisation moyenne. Rien d’éclatant, mais assez pour montrer qu’il redevenait utile, stable, et surtout : nécessaire.
Cette fracture tombe au pire moment possible.
Le Canadien venait de passer trois défaites de suite, dont une soirée catastrophique en avantage numérique où le 5-contre-3 a paralysé toute l’équipe.
On cherchait une étincelle, une ligne qui clique par accident, un flash, un bounce. On ne trouvera pas ça chez Dach pour un bon bout de temps.
Cette absence, c’est un domino qui en fait tomber d’autres.
Parce que Dach n’est pas juste un joueur parmi tant d’autres : il est celui qui permettait de garder Oliver Kapanen sur l’aile quand on voulait lui simplifier la vie.
Celui qui absorbait des mises au jeu importantes pour éviter à Jake Evans de se faire broyer par les minutes difficiles.
Celui qui pouvait glisser à l’aile d’un soir à l’autre pour créer un trio productif quand on avait envie d’injecter du punch.
Là, tout ce plan bascule. Il faut tout refaire.
Le trou laissé par Dach est immense. Et Montréal n’a plus le luxe de piger dans un "pipeline" offensif en santé. On vient déjà de rappeler Jared Davidson et de lui demander de survivre à son baptême du feu au Centre Bell contre Boston.
Alors qui monte maintenant?
Est-ce qu’on ramène Joshua Roy, encore? Le jeune a déjà goûté à la LNH, a bien fait tôt dans l’année, mais est retombé dans la hiérarchie quand l’équipe a voulu envoyer un message. Est-ce qu’on lui redonne un rôle offensif teinté d’urgence? (Mise à jour: Joshua Roy a été rappelé)
Ou est-ce qu’on appelle finalement Owen Beck, l’enfant modèle de l’organisation, mais qu’on hésite toujours à exposer trop vite? Parce qu’on s’entend… c’est maintenant ou jamais. Le Canadien est littéralement en train de perdre sa colonne vertébrale.
Et c’est ça qui rend cette fracture-là encore plus douloureuse : Montréal n’a plus de marge d’erreur. Plus personne pour absorber les minutes difficiles. Plus aucun rempart pour protéger les jeunes qui, eux, traversent des séquences irrégulières.
On l’a vu hier soir : Slafkovsky n’a pas été à la hauteur. On l’a vu : Demidov ne peut pas tout faire. On l’a vu : Kapanen, aussi bon qu’il soit dans ses responsabilités, reste un recrue qui se cherche un rythme dans un chaos collectif.
Perdre Dach, en ce moment, c’est perdre un stabilisateur.
Et il y a aussi l’effet psychologique. Cette équipe était déjà fragile après trois défaites consécutives.
Le message de Martin St-Louis hier : « Nous n’avons pas oublié comment jouer », sonnait comme un coach qui essaie de réanimer un groupe qui glisse tranquillement.
Mais maintenant? Il va falloir beaucoup plus qu’une phrase rassembleuse. Il faut des solutions. De l’identité. De la cohérence. Et Dach était censé être une partie de cette cohérence.
Il y a un moment dans la saison où tu te dis : “Ok, ça, c’est la blessure de trop.” Ce moment-là vient d’arriver.
La fracture de Dach n’est pas juste un pépin médical.
C’est la perte d’un joueur qui avait commencé à refaire surface après deux années d’interruptions, de doutes, de chirurgies, de frustration.
C’est comme si la LNH s’acharnait à l’empêcher d’avancer. Et cette fois, la réalité frappe encore plus fort, parce qu’il n’a même pas eu le temps de s’installer dans un rythme constant.
Le Canadien devra tenir sans lui, sans Newhook, sans Guhle, et sans stabilité au poste de deuxième centre.
Il faudra bricoler, improviser, espérer des bonnes séquences des jeunes, espérer que Montembeault et Dobs rebondissent, et surtout espérer que ce noyau n’explose pas sous la pression.
La fracture de trop, c’est parfois celle qui ne se répare pas juste physiquement. C’est celle qui force une équipe à revoir sa façon de jouer, son identité, sa hiérarchie.
On va voir, dans les prochains matchs, si le Canadien survit à ce coup dur… ou s’il glisse pour de bon dans cette portion sombre de la saison qui, l’an passé, avait presque tout fait dérailler.
Pour l’instant, une chose est claire : Montréal vient de perdre beaucoup plus qu’un joueur.
Ouch...
