Douche froide pour Martin St-Louis : le malaise grandit dans le vestiaire

Douche froide pour Martin St-Louis : le malaise grandit dans le vestiaire

Par André Soueidan le 2025-11-04

Douche froide au Centre Bell. Une claque glaciale, brutale, brutale comme une vérité qu’on ne veut pas entendre.

En moins de dix minutes, le Canadien est déjà mené 3 à 0 par des Flyers affamés, qui n’ont eu besoin que de quatre tirs pour réduire Samuel Montembeault au silence… ou plutôt, à un concert de sarcasmes et de chants moqueurs. Bang. Bang. Bang.

Trois buts. Trois erreurs. Trois coups de poignard dans le plan bancal de Martin St-Louis.

Résultat : dès la mise au jeu, c’est la panique. Les Flyers s’en donnent à cœur joie, profitent d’un 5 contre 3, puis d’un CH désorganisé. 

Le pauvre Samuel Montembeault s'est effondré devant nos yeux:

Et pendant que le Centre Bell se fige sous la stupeur, une seule question monte à la surface comme une vérité dérangeante : mais qu’est-ce que Martin St-Louis est allé faire là?

Rappelons que deux jours plus tôt, après une victoire pourtant fragile contre Ottawa, l’entraîneur-chef n’avait pas mâché ses mots. « On n’aime pas gagner de cette façon-là », avait-il lancé au micro, en visant sans détour le manque de maturité, de rigueur, et de constance dans le jeu de ses hommes.

Un message dur, brutal même. Mais nécessaire, croyait-on. Sauf que visiblement, ce message-là s’est écrasé au sol comme une rondelle mal réceptionnée. Il n’a pas résonné. Ou pire : il a été mal digéré.

Et ce n’est pas tout. En doublant la mise ce soir avec une décision qui fait sourciller toute la planète hockey, Martin St-Louis a perdu bien plus que le contrôle du match. Il a peut-être perdu une partie de son vestiaire.

Parce que oui, il faut en parler : Samuel Montembeault était encore devant le filet. Pas Jakub Dobeš. Pas le gardien qui, depuis le début de la saison, fait saliver les recruteurs, les experts, les anciens gardiens reconvertis en panélistes, et même les réseaux sociaux.

Non. Encore Montembeault. Encore ce gardien dont on ne sait jamais s’il est en confiance ou sur le bord de s’effondrer.

Encore cette impression tenace que Martin St-Louis fait ses choix avec son cœur au lieu de lire la température dans la pièce.

Il y a bien eu un instant où le malaise a failli éclater pour de bon.

Après quelques jeux chancelants, on a pu entendre des moqueries fuser dans les gradins, des applaudissements au ton douteux chaque fois que Montembeault touchait à la rondelle.

Des relents de cette vieille habitude montréalaise de détruire ses gardiens en public.

Mais cette fois, la majorité a dit non. Un arrêt spectaculaire en échappée a tout changé.

D’un coup, le Centre Bell s’est levé et les moqueries ont été noyées dans un chant puissant, sincère : « Monty! Monty! Monty! » Un instant d’humanité, de rédemption collective. 

Comme si les partisans s’étaient souvenus, juste à temps, que ce n’est pas le gardien qu’il faut blâmer, mais le chaos autour de lui.

Piqués dans leur orgueil, les joueurs du Canadien ont fini par montrer un peu de cœur.

Et comme souvent cette saison, c’est Nick Suzuki qui a enfilé le costume de sauveur. D’abord, une relance parfaite de Kirby Dach a permis au capitaine de frapper avec précision pour allumer la mèche.

Puis, sur la séquence suivante, Ivan Demidov a démontré toute sa ruse en zone offensive pour alimenter Suzuki d’une passe vive à travers la circulation.

Deux buts en moins de trois minutes. Deux uppercuts en pleine mâchoire des Flyers. Le Centre Bell a explosé. On s’est mis à y croire, à entrevoir l’impossible.

Mais le CH n’a pas dit son dernier mot. Dans ce match de fou, les joueurs de Martin St-Louis ont répondu avec le feu sacré d’une équipe trop fière pour s’écraser.

Kirby Dach, égal à lui-même, a carrément recréé l’égalité d’un tir sec en entrée de zone, profitant d’un moment de panique dans la défensive des Flyers.

Puis, dans un Centre Bell en délire, Ivan Demidov a fait ce qu’un futur magicien est censé faire : il a saisi l’occasion en avantage numérique pour enfiler un but sublime et donner l’avance aux siens.

Montréal venait de renverser la vapeur.

Le malaise du début de match, les moqueries envers Montembeault, le désordre en zone défensive… tout semblait s’être évaporé sous le poids du talent brut et de la rage de vaincre.

Cette équipe-là est tout simplement trop bonne offensivement pour ne pas revenir dans ce genre de tempête.

Et pourtant, malgré ce revirement spectaculaire, une question persiste dans l’air lourd du Centre Bell : pourquoi a-t-on encore besoin d’un électrochoc pour réveiller cette équipe ?

Pourquoi faut-il se faire humilier avant de réagir ? Ce n’est pas seulement une question de gardien partant. C’est une question d’identité, de constance, de message.

Martin St-Louis dit vouloir 60 minutes d’engagement. Mais visiblement, entre ce qu’on dit et ce qu’on fait, il y a un fossé.

Et tant que ce fossé ne sera pas comblé, le CH restera une équipe aussi spectaculaire que frustrante. Capable du pire… comme du meilleur.

Au final, cette douche froide de départ aura été le coup de semonce qui a tout dicté.

Oui, le Canadien a orchestré une remontée spectaculaire.

Oui, Kirby Dach, Nick Suzuki et Ivan Demidov ont sonné la charge comme des guerriers refusant de mourir sans se battre. Oui, le Centre Bell a vibré, crié, chanté… Mais le mal était déjà fait.

Parce que dans cette soirée maléfique, marquée par une décision discutable derrière le banc et une préparation mentale douteuse, le CH n’a joué que 50 minutes. Et dans cette ligue, tu ne gagnes pas sans livrer 60 minutes complètes.

Et comme si ce n’était pas assez, le destin a décidé d’y aller d’une touche cruelle : c’est un certain Nikita Grebenkin ... inconnu pour plusieurs partisans qui est venu asséner le coup de grâce de ce début de carnage.

Une rondelle flottante, un tir voilé parfaitement placé depuis le haut de l’enclave, un de ces lancers qui passent au travers de tout, comme un couteau dans le beurre… et Grebenkin inscrit le tout premier but de sa carrière dans la LNH. 

Bienvenue dans la LNH, kid. Montréal s’en souviendra.

Les Flyers, eux, ont tenu bon. Ils ont encaissé le choc, absorbé la tempête, et ont fini par trancher au couteau en tir de barrage, l’emportant 5 à 4 dans un match où le chaos a servi de décor à un verdict cruel, mais juste.

Le hockey ne pardonne pas. Et ce soir, il a puni l’arrogance, l’improvisation… et les plans mal ficelés.

Misère...