Drame à Laval : Le Canadien n'est plus en discussion avec Joshua Roy

Drame à Laval : Le Canadien n'est plus en discussion avec Joshua Roy

Par André Soueidan le 2025-07-07

C’est une phrase qui en dit long. Une phrase qu’on balaye souvent du revers de la main, mais qui, dans le contexte actuel du Canadien de Montréal, sonne comme un aveu brutal.

« Je n’ai pas eu de discussion avec le Canadien, mais je pense que je suis assez intelligent pour voir que j’en ai beaucoup à apprendre et à travailler pour me faire une place permanente dans la LNH. »

Voilà ce qu’a déclaré Joshua Roy, lundi, en marge du tournoi de golf de Jonathan Huberdeau.

Et cette phrase, lancée avec calme, est en réalité un signal d’alarme. Un cri du cœur. Une façon très polie de dire : « Le Canadien m’a oublié. »

Il faut relire ses propos à tête reposée.

Le jeune homme de 21 ans, un ancien roi du junior québécois, ne parle pas de progression. Il ne parle pas d’un plan d’intégration ou de confiance mutuelle.

Il dit très clairement qu’il n’a plus de contact avec l’état-major du CH.

Le silence. Le vide. L’inquiétude.

Et c’est là que le drame commence à se dessiner.

Joshua Roy, c’est le joueur qu’on rêvait de voir exploser.

Un gars qui avait mis la LHJMQ à genoux avec une saison de 119 points en 2021-2022. 51 buts. 68 passes.

Un monstre offensif. Il avait tout pour devenir le prochain Charles Hudon... ou le contraire. Et c’est ce dilemme cruel qui le hante depuis deux ans.

Quand il est passé chez les pros, on s’attendait à ce qu’il bouscule la hiérarchie. À ce qu’il fasse mal paraître ceux qui doutaient encore. Mais ce n’est pas ce qui est arrivé.

À Laval, l’an dernier, il a été bon. Mais pas exceptionnel. 20 buts et 15 passes en 47 matchs. C’est correct. Mais ce n’est pas le genre de production qui force une équipe à lui faire de la place.

Et à Montréal, en 12 matchs, 2 buts, 0 passe. Encore une fois, pas désastreux. Mais loin d’être inoubliable.

C’est ça, le problème. Joshua Roy est en train de devenir oubliable.

Et aujourd’hui, il est coincé. Coincé dans une organisation qui ne lui parle plus.

Coincé dans un pipeline où les jeunes talents s’accumulent. Zachary Bolduc, Sean Farrell, Owen Beck, Florian Xhekaj, Oliver Kapanen… tous veulent la même chose : une place dans l’alignement.

Et tous frappent plus fort que lui à la porte.

Bolduc, justement, est en train de le tasser lentement mais sûrement.

Plus explosif, plus engagé, plus imposant. Choix de première ronde. Le genre de joueur à qui on fait de la place.

Roy, lui, a été repêché 150e au total. Cinquième ronde. Et malgré son éclatant retour en 2021-2022 avec le Phoenix de Sherbrooke, il n’a jamais retrouvé cette magie chez les pros.

Et c’est ce que le Canadien a compris. Ou plutôt, ce qu’il a cessé d’attendre.

Le silence dont parle Roy n’est pas un oubli. C’est un verdict.

Le CH a lancé la serviette. Discrètement. Sans l’annoncer. Sans faire de vagues.

Mais le message est clair : s’il veut un contrat après cette année, ce ne sera pas avec Montréal. Il devra se battre ailleurs.

Ce qui rend la situation encore plus triste, c’est que Roy, lui, veut y croire. Il dit :

« C’est probablement la saison la plus importante pour moi. »

Et il a raison. Ce sera sa dernière chance. Son contrat d’entrée prend fin à la fin de la saison 2025-2026. Il n’y a plus de temps. Il n’y a plus de marge d’erreur. Il doit forcer la main de l’organisation… ou disparaître.

Mais comment y arriver quand tu sais que tu n’es même plus dans les plans?

Le discours est toujours le même : « Il est jeune », « il a du talent », « donnons-lui du temps ».

Mais à 21 ans, après deux saisons complètes chez les pros, on ne peut plus se cacher derrière les excuses. Joshua Roy est à un carrefour. Et l’intersection est dangereuse.

Soit il se transforme radicalement cet été. Soit il rejoint la longue liste des espoirs québécois qui ont brillé en junior et se sont éteints avant même d’avoir trouvé leur place.

Charles Hudon. Gabriel Dumont. Sven Andrighetto.

Des joueurs qui, à un moment donné, semblaient incontournables. Mais qui ont fini par devenir des noms de fond de formation, des joueurs de profondeur dans des ligues inférieures, ou pire, des souvenirs.

Le parallèle est brutal. Mais il est réel.

Joshua Roy le sait. Et c’est pour ça qu’il a lâché cette phrase, comme on laisse tomber un poids trop lourd à porter :

« Je suis assez intelligent pour voir que j’en ai beaucoup à apprendre. »

Ce n’est pas une phrase d’espoir. C’est une phrase de survie.

Et à Montréal, personne n’est dupe. L’organisation n’est plus dans une phase d’expérimentation. Kent Hughes et Jeff Gorton veulent gagner.

Le ménage est commencé. Les postes disponibles seront rares. Et ceux qui ne font pas le poids seront balayés sans remords.

Il y aura de la casse. Et Joshua Roy est en première ligne.

S’il ne frappe pas fort dès le camp d’entraînement, il sera relégué à Laval pour toute la saison.

Et à ce moment-là, sa carrière sera officiellement en danger.

Le talent, il l’a. Mais ce n’est plus une question de talent. C’est une question de place. De momentum. De timing. Et pour l’instant, il n’a ni l’un, ni l’autre.

À Laval, il reste populaire. Le public croit encore en lui. Mais même ça, ça fond comme neige au soleil.

Parce qu’à Laval, ce qui compte maintenant, ce n’est pas d’être un bon gars. C’est d’être irremplaçable.

Et Joshua Roy, malgré toutes ses qualités, ne l’est pas.

À moins d’un miracle, il sera oublié.

Et c’est ça, le vrai drame de Laval.

Misère...