Drame à Winnipeg: nos pensées et nos prières sont avec Mark Scheifele et sa famille

Drame à Winnipeg: nos pensées et nos prières sont avec Mark Scheifele et sa famille

Par David Garel le 2025-05-17
jets mark scheifele

« Pour un père, pour un frère » : Winnipeg joue ce soir dans la tempête.

C’est une onde de choc. Une secousse qui dépasse le sport. Une commotion invisible qui frappe l’âme plutôt que le crâne.

Ce matin, à Winnipeg, personne ne savait que l’équipe allait basculer dans une journée de deuil. Une journée grise, lourde. Une journée où le hockey est devenu secondaire. Parce qu’au cœur de l’émotion, une nouvelle est tombée : le père de Mark Scheifele est décédé subitement cette nuit.

Le mot est sorti avec précaution. Les journalistes présents n’ont rien senti venir. Le point de presse attendu de l’entraîneur Scott Arniel a été annulé sans explication, et c’est le directeur général Kevin Cheveldayoff qui s’est présenté devant les micros, le visage fermé. Une rareté. Un silence évocateur. Et un message qui a glacé tout le monde : le vétéran des Jets traverse l’un des pires moments de sa vie.

Winnipeg devait aujourd’hui se préparer pour un sixième match crucial face aux Stars de Dallas. Un match à la vie, à la mort. Gagner, ou partir en vacances. Gagner, ou mourir symboliquement. Et puis, soudainement, il y a eu une vraie mort. Un vrai drame. Et tout le reste est devenu flou.

Les caméras ont continué de tourner. Mais elles ne filmaient plus une équipe. Elles filmaient un deuil collectif.

On ne sait pas encore si Mark Scheifele pourra jouer ce soir. Et au fond, ce n’est pas la question. Parce que personne ne devrait avoir à choisir entre faire son deuil ou disputer un match éliminatoire. Personne ne devrait avoir à prendre sa décision dans la douleur, dans l’incompréhension.

Mais voilà. La LNH n’attend pas. Les séries ne s’arrêtent pas. La machine avance. Et les Jets devront sauter sur la glace ce soir, que leur cœur soit brisé ou pas. Il ne s’agit plus ici d’un duel contre les Stars. Il s’agit d’un combat contre l’effondrement. Contre l’émotion. Contre le vide.

Mais les Jets sont en survie. Ils traînent déjà un déficit de 3-2 dans la série. Ils n’ont pas encore été capables de gagner à Dallas. Et les corps sont fatigués. Écorchés. Les visages portent les traces d’une guerre de tranchées. Ajoutez à cela la peine de ce drame… et vous obtenez une équation impossible.

Ou peut-être… peut-être le début d’un miracle.

Parce que parfois, le hockey dépasse le hockey.

Parfois, la mort d’un père devient l’étincelle d’une renaissance.

Il y a un monde où les Jets s’écroulent ce soir, submergés par la tristesse, la fatigue, l’injustice d’un moment trop dur. Ce serait compréhensible. Qui pourrait leur en vouloir?

Mais il y a un autre monde.

Un monde où les gars se regardent dans les yeux, dans le vestiaire, et se disent : on joue pour lui.

Pas pour les caméras. Pas pour les cotes d’écoute. Pas pour le spectacle. Mais pour Mark. Pour le frère. Pour le leader. Pour le gars qui a toujours été là, toujours debout, toujours fidèle. Ce soir, chaque passe, chaque mise en échec, chaque blocage de tir pourrait porter un nom.

Celui de Scheifele. Celui de son père.

C’est tout sauf un cliché. Les équipes sportives, lorsqu’elles sont bien tissées, lorsqu’elles sont vraies, deviennent des familles. Et aujourd’hui, la famille des Jets est en deuil. Une peine partagée, ressentie dans chaque fibre, dans chaque cellule.

Et la plus belle réponse qu’un athlète peut offrir au deuil, c’est le jeu. Pas pour fuir. Pas pour oublier. Mais pour honorer.

Ce soir, si Mark Scheifele enfile son chandail et patine sur cette glace, ce ne sera pas un acte de bravoure.

Ce sera un acte d’amour. C'est ce que son père aurait voulu.

Et même s’il ne joue pas, il sera là. Dans les esprits. Dans les regards. Dans les gants serrés. Dans les mises au jeu féroces. Il sera partout. Sur tous les bancs. Dans chaque coin de patinoire. Il sera ce souffle silencieux qui pousse l’équipe vers un exploit.

C’est dans ce genre de moment que le hockey révèle son humanité. Ses tripes. Sa vulnérabilité. C’est là qu’on comprend que derrière les millions de dollars, les contrats, les analyses de zone et les systèmes de jeu, il y a des hommes. Des fils. Des frères. Des amis. Qui doivent composer avec la mort pendant que tout le monde continue de regarder.

Et aujourd’hui, on regarde avec respect.

Même les Stars de Dallas, adversaires redoutables, sauront ce soir qu’il y a quelque chose de plus grand que la série en jeu. Il y aura sur la glace un deuil qu’on ne peut pas effacer. Un trou dans l’alignement, peut-être. Mais surtout, un poids dans l’âme de tous les joueurs des Jets.

Scott Arniel, l’entraîneur-chef, a d’ailleurs préféré annuler son point de presse du matin pour retourner directement à l’hôtel, aux côtés de Scheifele. Un geste humain. Digne. Rempli d’une sensibilité rare dans un sport souvent dominé par le silence émotionnel.

Il n’a rien dit aux médias, parce qu’il n’avait rien à dire. Parce que parfois, la meilleure réponse, c’est une présence.

Et c’est ce que les Jets vont offrir ce soir : leur présence. Leur effort. Leur cœur. On ne sait pas si ce sera suffisant pour forcer un match #7. On ne sait pas si ce sera suffisant pour renverser Dallas. Mais on sait que ce sera vrai. Brut. Authentique.

Et ce sera peut-être le match le plus important de leur vie.

Pas à cause de la série.

À cause du sens.

Car au fond, ce soir, il ne s’agit plus d’un simple match de hockey.

Il s’agit d’un dernier hommage. D’un cri du cœur. D’un geste collectif de solidarité.

Peut-être que les Jets perdront ce soir. Peut-être qu’ils ne tireront aucun avantage du choc émotif. Peut-être qu’ils seront trop lourds pour voler. Mais même dans la défaite, ce qu’ils s’apprêtent à vivre laissera une marque. Sur eux. Sur nous. Sur le sport.

À Mark Scheifele, on ne peut qu’offrir nos pensées les plus profondes. Nos condoléances sincères. Et lui dire ceci : que tu sois sur la glace ou non, ce soir, tu ne seras pas seul. Tu n’as jamais été seul. Et tout Winnipeg joue avec toi.

Ce soir, les Jets ne jouent pas pour la gloire.

Ils jouent pour un père.

Ils jouent pour un frère.

Ils jouent pour l’amour.