Ras-le-bol à Détroit: Dylan Larkin rêve à Montréal

Ras-le-bol à Détroit: Dylan Larkin rêve à Montréal

Par Nicolas Pérusse le 2025-10-10

Les propos de Dylan Larkin, jeudi soir à Détroit après la défaite de 5 à 1 contre les Canadiens de Montréal, ont résonné comme un signal d’alarme dans l’organisation des Red Wings.

Le capitaine n’a pas seulement dénoncé la mollesse de ses coéquipiers ; il a exposé au grand jour un malaise profond, celui d’un joueur loyal, enraciné dans sa ville natale, mais rendu amer par des années d’échec et d’immobilisme.

« On savait comment ils allaient jouer, a lancé Larkin, visiblement écœuré. Ils attaquent en rafale, et nous, on les a laissés derrière nous, sans effort, sans fierté. On a été lâches »

Ces mots, prononcés à chaud devant les caméras, n’étaient pas une simple réaction de colère. Ils traduisaient la frustration d’un homme de 29 ans qui sent que le sablier coule, et que son équipe refuse obstinément de le suivre.

Cette sortie publique vient clore un cycle de tensions qui couvait depuis des mois entre Larkin et son directeur général, Steve Yzerman.

Au printemps dernier déjà, lors du bilan de fin de saison, le capitaine avait brisé le vernis de loyauté qui masquait leurs divergences. Il avait reproché à Yzerman son manque de "guts" à la date limite des transactions, accusant la direction d’avoir saboté les chances d’une équipe encore en vie dans la course aux séries.

Yzerman avait répondu avec la froideur d’un gestionnaire inflexible :

« Nous suivons un plan à long terme, centré sur le repêchage et le développement. »

En d’autres mots, patience, pas d’ambition immédiate. Un message que Larkin n’a jamais digéré.

Depuis, le fossé s’est creusé. Larkin, enfant du Michigan, héros local, symbole du renouveau supposé de Détroit, commence à rêver d’ailleurs.

Ce serait une trahison symbolique immense, le départ du joueur le plus identitaire des Red Wings depuis Pavel Datsyuk, mais à ce stade, tout indique que la rupture est plausible.

Larkin est tanné. Tanné de porter à bout de bras une équipe sans âme, de rater les séries année après année, de voir les promesses de reconstruction tourner au mirage. À 29 ans, il veut gagner. Et ce message, jeudi soir, il l’a lancé au monde entier.

Son contrat, signé jusqu’en 2031, à 8,7 millions par saison, est censé le lier à Détroit pour la prochaine décennie. En théorie, un joueur ainsi verrouillé n’a pas de pouvoir.

Mais la LNH moderne ne fonctionne plus sur la théorie. Plusieurs vedettes ont imposé leur départ malgré des contrats lourds. Parlez-en à Seth Jones qui est allé gagner la Coupe Stanley en Floride après avoir forcé une transaction à Chicago.

Si Larkin veut partir, il partira. Et déjà, dans les coulisses de la ligue, son nom circule dans de véritables conversations entre directeurs généraux. Et à Montréal, le sujet est brûlant.

Le timing est parfait pour Kent Hughes. Le Canadien cherche désespérément un centre gaucher pour équilibrer son top-6.

Nick Suzuki, droitier, tient le fort, mais derrière lui, c’est le vide. Kirby Dach s’est éteint, Alex Newhook est un ailier déguisé en centre, Oliver Kapanen prouve qu'il peut être un centre dominant, mais a encore des croûtes à manger, Jake Evans reste un simple joueur d’énergie, et Owen Beck est à Laval, en attendant d'être tranisgé au sein d'un "package deal". (on pourrait l'inclure dans une offre pour Détroit).

Dans un alignement où tous les jeunes centres tirent de la droite, un gaucher naturel de la trempe de Larkin changerait tout. Il viendrait combler un trou structurelle majeure, offrir à Suzuki un partenaire d’équilibre, et stabiliser l’attaque autour de deux trios menaçants.

Larkin, ce n’est pas seulement un bon centre. C’est un moteur d’équipe. Rapide, intense, responsable défensivement, habité d’un instinct de compétition rare, il représente tout ce que Martin St-Louis valorise : la vitesse d’exécution, la lecture de jeu, la discipline dans les deux sens de la patinoire.

Un joueur de ce profil, en pleine force de l’âge, signé à long terme à un prix raisonnable, c’est une perle rare. À 29 ans, Larkin est au sommet de sa carrière, et son contrat, qui le mène à 34 ans, le garde dans la fenêtre idéale de performance.

Du côté de Détroit, on sait déjà ce que Yzerman exigerait. L’ancien capitaine du Canadien a une obsession : les jeunes joueurs formés dans la culture du Michigan.

Or, Michael Hage, le joyau montréalais du futur au centre, joue justement à Michigan. Yzerman le connaît par cœur. Il a vu son évolution, son éthique de travail, son courage après la tragédie familiale qui a marqué son adolescence. Et il en est fou.

Si Hughes veut Larkin, il devra mettre Hage sur la table. Peut-être même un jeune défenseur comme David Reinbacher, que Détroit surveille depuis son repêchage.

Ce n’est pas une rumeur de salon : c’est la conversation naturelle entre deux directions aux besoins complémentaires.

Yzerman a besoin d’actifs pour relancer sa reconstruction, alors qu'il pensait que son équipe était prête à gagner, alors que Hughes a besoin de certitudes pour accélérer la sienne.

L’un veut du futur, l’autre du présent. L’équation est simple.  Et le lien entre Larkin et Montréal est plus concret qu’on ne le pense.

Selon plusieurs observateurs du Michigan, le capitaine des Wings a déjà laissé entendre à son entourage qu’il adorerait jouer dans un marché « vivant », où le hockey compte, où chaque match est une affaire d’État.

Après des années d’anonymat à Détroit, il rêve d’intensité. Montréal, dans ce registre, c’est Hollywood.

Hockeytown... c'est le Québec... pas Détroit..

La symbolique serait forte : un enfant de Détroit quittant son nid pour rallumer la flamme d’un autre grand marché historique.

Un joueur qui incarne la tradition des Red Wings rejoignant une organisation qui retrouve peu à peu la sienne. Et le moment serait idéal.

Car si le Canadien a surpris Détroit jeudi soir, c’est moins par chance que par conviction. L’équipe de Martin St-Louis dégage désormais une identité offensive claire, une liberté d’exécution offensive qui rappelle l’époque de Jacques Demers.

Montréal n’est plus un club en attente de miracle devant son gardien comme Marc Bergevin avec Carey Price. Le Tricolore s’est modernisé, et Larkin l’a senti. Son commentaire sur le jeu « créatif » du CH après la rencontre n’était pas un hasard : c’était un compliment à peine voilé.

À Détroit, pendant ce temps, la patience des partisans s’effondre. Neuf saisons sans séries, un bassin d’espoirs prometteurs mais qui piétine, et une direction obsédée par les plans de 5 ans.

Yzerman, pourtant légende locale, n’est plus intouchable. Les médias du Michigan évoquent déjà des fissures dans son autorité alors que les rumeurs de congédiement commencent à circuler.

Le parallèle avec le Canadien est cruel : là où Montréal, sous Hughes et Gorton, a trouvé une direction claire et des jeunes qui montent, Détroit stagne dans les sables mouvants.

Et quand un capitaine comme Larkin commence à remettre publiquement en question le leadership du DG, c’est que le feu est pris dans la maison.

Du point de vue du CH, le dossier Larkin a un autre avantage : il détourne la pression de la rumeur Crosby. Depuis des mois, les partisans fantasment sur une possible transaction de la légende de Pittsburgh vers Montréal.

Mais Crosby a 38 ans. Larkin, lui, en a 10 de moins. Et surtout, il est encore rapide, encore productif, encore capable d’assumer un rôle de premier plan.

Entre un mythe en fin de carrière et un centre élite en plein prime, le choix est évident. Montréal a besoin d’un moteur, pas d’une statue. Et Larkin correspond à ce profil à la perfection.

Ce n’est pas un hasard si, dans les heures qui ont suivi sa sortie médiatique, plusieurs insiders américains ont évoqué son « ras-le-bol » et la possibilité qu’il « demande un changement d’air » avant la fin de l’année.

Larkin envoie des messages, et Yzerman les entend. La prochaine étape sera décisive : soit Detroit se réveille, soit le capitaine réclamera la porte de sortie. Et si Hughes est aussi opportuniste qu’on le connaît, il sera là, prêt à dégainer.

Le capitaine des Wings est tanné de « gaspiller des années de carrière ».

On sent la colère d’un joueur qui refuse de se contenter de perdre. Un compétiteur qui exige plus, qui veut que le hockey compte. Montréal a besoin de ce genre de profil.

Le Canadien a besoin de leaders qui brûlent de l’intérieur, pas de figurants heureux de durer. Si Yzerman accepte d’écouter, le CH a tout ce qu’il faut pour construire une belle offre. 

Deux choix de première ronde (2026-2027), un centre universitaire adoré de Détroit (Michael Hage), un David Reinbacher qui doit partir de Montréal pour se relancer et un directeur général créatif qui n’a pas peur de frapper fort.

Hage et Reinbacher sont intouchables aux dernières nouvelles. Mais si Larkin devient disponible, tout peut changer.

Dylan Larkin à Montréal ? Ce n’est plus une folie. C’est une idée qui, pour la première fois, fait sens à la fois sur la glace et dans les bureaux.

Et au-delà du rêve, c’est une évidence sportive. Dans une ligue où la vitesse, l’intensité et la volonté dictent le succès, Larkin serait l'électrochoc parfait pour une équipe en pleine transition vers la maturité.

Le CH n’a pas besoin d’attendre 2030 pour redevenir crédible ; il lui suffit d’ajouter le bon joueur au bon moment. Et ce joueur, aujourd’hui, c’est Dylan Larkin.