Le ciel vient de s'effondrer sur la tête de Marc Bergevin.
Lui qui croyait dur comme fer qu'il allait enfin retrouver un poste de directeur général dans la LNH. Lui qui avait eu une deuxième entrevue avec les Islanders. Lui qui pensait être le choix logique, le choix expérimenté, le choix sûr. Eh bien non.
C'est Mathieu Darche qui a reçu l'appel. C'est lui qui devient le nouveau directeur général ET vice-président éxécutif des Islanders de New York. C'était un duel entre les deux hommes depuis le début. Et Bergevin a encore raté son coup.
On apprend aussi que Brendan Shanahan ne sera pas engagé. Malgré les rumeurs insistantes qui le liaient aux Islanders comme président des opérations hockey, l’état-major de Long Island a tranché : aucune embauche supplémentaire n’est prévue.
C’est donc Mathieu Darche, seul maître à bord, qui répondra directement aux propriétaires — Scott Malkin, Jon Ledecky et John Collins — sans filtre, sans hiérarchie au-dessus de lui.
Quant à Marc Bergevin, il n’a plus aucun avenir à Long Island. Il est forcé de rentrer à Los Angeles, la tête basse, pour reprendre son rôle subalterne auprès de Kent Holland, comme un serviteur loyal qui regarde les autres s’asseoir à la table du pouvoir.
L’homme qui voulait redevenir DG est désormais relégué au second plan, condamné à obéir, à observer, à conseiller… sans jamais décider.
Encore une fois, Marc Bergevin est rejeté. Après Columbus. Après Toronto. Après Pittsburgh. Après Los Angeles où Luc Robitaille a préféré Kent Holland.
Voilà maintenant Long Island qui lui tourne le dos. Et pourtant, tout semblait jouer en sa faveur.
Il avait une expérience incomparable. Il avait même déjà bâti une équipe finaliste à Montréal. Mais les décideurs ont choisi la nouveauté. La modernité. L'approche analytique. Ils ont choisi Mathieu Darche.
Darche, c'est l'homme calme. Le stratège. Le bras droit de Julien BriseBois à Tampa Bay. Le cerveau discret derrière une dynastie moderne.
Il ne fait pas de vagues, mais il comprend les vagues de fonds. Et maintenant, c'est lui qui hérite d'une organisation à rebâtir, d'un premier choix au repêchage, et d'un vestiaire à galvaniser.
Pendant ce temps, Marc Bergevin doit regarder la scène depuis l'ombre. Un nouveau rejet. Une nouvelle humiliation.
Il n'a pas été battu par un vieux routier ou un président en place. Il a été battu par un compatriote. Par un "jeune DG" qui n'a jamais occupé officiellement le poste. Et ça, c'est difficile à avaler.
Et dans l'ombre de cette annonce, il y a Patrick Roy. Qui, lui aussi, attend. Qui, lui aussi, retient son souffle. Car maintenant, son avenir est entre les mains de Mathieu Darche.
On ne sait toujours pas si Darche gardera Roy en poste. Officiellement, aucune décision n'est prise. Mais ce qui est certain, c'est que Roy ne peut plus prétendre au rôle de DG. Il doit maintenant convaincre Darche qu'il est l'homme de la situation derrière le banc. Et c'est tout sauf gagné.
Darche, avec son approche posée et analytique, pourrait vouloir instaurer une culture différente. Un système de gestion plus prévisible. Moins émotif. Moins explosif. Et cela n'entre pas nécessairement en harmonie avec le style de Patrick Roy.
Il faudra voir si les deux peuvent coexister. Mais là encore, le sort de Roy ne lui appartient plus.
En une journée, c'est tout le paysage du hockey québécois qui est chamboulé. Darche, le discret, le stratège, prend le contrôle. Bergevin, l'ancien roi de la Sainte-Flanelle, retombe encore. Et Roy, le flamboyant, le volcanique, est suspendu au bon vouloir de l'autre.
Ce n'est pas seulement une nomination. C'est un transfert de pouvoir. Une redistribution des cartes. Une fin de chapitre pour Bergevin. Un point d'interrogation pour Roy. Et un nouveau départ pour Darche.
Une chose est certaine : les prochains jours seront cruciaux. Et les répercussions de cette décision vont se faire sentir bien au-delà de Long Island.
Une question obsède maintenant tous ceux qui suivent la trajectoire de Marc Bergevin : où ira-t-il maintenant?
Même si les caméras ne sont plus pointées sur lui, les murmures continuent de circuler dans les coulisses de la LNH. Car malgré ce nouveau revers, malgré l’humiliation ressentie, Bergevin n’est pas complètement seul.
À Los Angeles, Ken Holland a affirmé sans détour son intention de le conserver dans son entourage immédiat. Il a vanté son expérience, salué sa loyauté, et rappelé leur passé commun — autant sur le plan professionnel que personnel.
Les deux hommes ont partagé l’arrière-scène de la Coupe du monde 2016 pour Équipe Canada, et Holland n’a jamais caché le respect qu’il voue à celui qui fut, un temps, la tête pensante de la Sainte-Flanelle.
Mais peut-on vraiment parler de consolation?
Holland est le nouveau patron. C’est lui qui tient les rênes. Et Bergevin, malgré toute son expérience, n’a été qu’un spectateur impuissant du processus qui a mené à sa propre exclusion du poste de directeur général.
Il n’a pas été recommandé. Il n’a pas été soutenu activement. Il a été maintenu en poste, certes, mais dans un rôle effacé, consultatif, périphérique.
Et ça, pour un homme aussi intense, aussi investi, c’est peut-être la forme de rejet la plus cruelle.
Car même à Los Angeles, le message est clair : l’avenir ne lui appartient plus.
Ce qui rend le tout encore plus amer, c’est que Bergevin croyait sincèrement que cette fois serait la bonne. Après les déceptions vécues à Columbus, à Toronto, à Pittsburgh, et bien sûr à Los Angeles où Luc Robitaille lui avait préféré Ken Holland, il pensait que les Islanders lui offriraient enfin cette fameuse deuxième chance.
Deux entrevues. Un club vieillissant qui avait besoin de structure. Tout semblait jouer en sa faveur.
Mais encore une fois, c’est le modèle moderne qui l’a emporté. Une approche analytique, discrète, méthodique. Un profil plus sobre, plus lisse. Celui de Mathieu Darche.
Et cette fois, ce n’est même pas un vétéran établi qui l’a battu. C’est un compatriote. Un ancien joueur comme lui. Un “jeune” dirigeant qui n’a jamais été numéro un. Et ça, pour un homme de caractère comme Bergevin, c’est une gifle difficile à encaisser.
Il faudra maintenant voir si Patrick Roy et Mathieu Darche vont pouvoir coexister. Mais à première vue, Darche et Roy n’ont pas le même langage.
Darche vient d’un univers rationnel, mesuré, maîtrisé. Roy, lui, est un volcan, une intensité brute, une flamme qu’on ne canalise pas. Le choc culturel est réel. Et le risque de rupture aussi.
En l’espace de quelques jours, le hockey québécois a été ébranlé.
Darche, l’architecte discret, a pris le contrôle.
Bergevin, l’ex-roi du Centre Bell, est retombé dans l’ombre.
Et Roy, l’icône passionnée, est désormais à la merci d’un système qui ne lui ressemble pas.
Ce n’est pas simplement une nomination. C’est une redistribution complète des cartes.
Une révolution silencieuse dans les coulisses du pouvoir.
Et Marc Bergevin, malgré toute sa gloire passée, n’est plus qu’un nom de plus dans le carnet des oubliés.
Pas tout à fait dehors. Mais jamais plus dedans.
C’est peut-être ça, le sort le plus cruel : assister à ta propre disparition… les yeux ouverts.