Effondrement en direct : Martin St-Louis expose le vrai problème du CH

Effondrement en direct : Martin St-Louis expose le vrai problème du CH

Par André Soueidan le 2025-04-11

C’est arrivé encore une fois. Un début de match à l’image d’un club qui regarde ses patins pendant que l’autre équipe regarde le filet.

Un début de match où tout va trop vite, trop fort, trop tôt.

Et un entraîneur-chef, debout derrière le banc, qui regarde son équipe se faire gifler d’entrée de jeu sans même avoir eu le temps de cligner des yeux.

À force de s’en sortir en deuxième et troisième période, à force de miser sur l’orgueil pour sauver les meubles, le Canadien de Montréal a oublié que les matchs de hockey commencent à 0:00.

Et ce soir, Martin St-Louis a regardé son groupe s’effondrer dès la mise au jeu initiale.

« Pour moi, c’est une urgence depuis le début. On perd la face-off, ils sont dans notre zone. On perd la bataille. Peux-tu… peux-tu ne pas brûler pendant la première période ? »

Un coach à court de mots. Un vestiaire à court de réponses. Et une équipe à court d’énergie, dès la troisième minute de jeu.

Face à des Sénateurs privés de Brady Tkachuk, le Canadien avait une occasion en or de confirmer sa place en séries.

Mais au lieu de ça, on a eu droit à une sortie de route.

Un naufrage sans appel, où le CH n’a jamais été dans le coup.

Et St-Louis ne l’a pas caché. Il a parlé comme un homme au bord de l’épuisement.

Pas un entraîneur qui panique.

Un entraîneur qui voit venir le mur.

« Je voulais juste sortir de cette période à 0… mais certains soirs, c’est trop dur. »

Et ce soir, c’était trop dur dès la première présence.

Deux buts rapides. Une pression asphyxiante.

Un jeu de passes qui tombe à plat.

Une défensive qui recule, une attaque qui cherche ses repères.

Et surtout, une impression tenace : le CH n’était pas prêt à jouer.

C’est là que ça commence à faire mal. Parce que ce n’est pas une question de talent. Ce n’est même pas une question d’effort.

C’est une question de timing.

Et le CH joue 60 minutes de hockey… en commençant à la 21e.

Kaiden Guhle, lucide, ne s’est pas défilé après le match.

Il a mis des mots sur le chaos.

« Je pense qu’on essayait d’être un peu trop jolis parfois. C’est du hockey de séries, y’a pas beaucoup d’espace. Faut juste bouger la rondelle vite, la garder sur les bandes et aller la chercher. »

Une analyse chirurgicale.

Trop de tentatives de jeux parfaits. Pas assez de simplicité. Et surtout, aucune chance de permettre aux attaquants de faire leur job.

« On n’a pas vraiment donné la chance à nos avants d’aller forechecker ce soir, et c’est pourtant notre pain et notre beurre. »

 Tu ne peux pas dire mieux.

Et quand même les défenseurs savent que ça part tout croche, c’est que la culture du départ lent est devenue une habitude.

C’est là que Lane Hutson a pris le relais. Et à 20 ans, il a sonné plus mature que certains vétérans.

« C’est un début de match difficile, c’est clair, mais c’est pas assez. Chaque jour dans cette ligue est une bénédiction. On passe à autre chose, j’imagine. »

« Ils ont fait du bon boulot pour nous compliquer la tâche, et nous, on a fait un boulot assez mauvais pour sortir de leur pression. »

« On doit se vider la tête de ça rapidement et être mentalement prêts dès le départ. Faut arrêter d’entrer dans ces matchs-là sur la pointe des pieds. »

Des mots simples. Des mots justes. Des mots qui accusent le groupe sans les excuser.

Parce que c’est exactement ce que Martin St-Louis dénonce depuis des semaines.

Et ce soir, il l’a dit entre les lignes : il n’en peut plus. Il essaie. Il tente des trucs. Il ajuste ses trios.

Mais le feu pogne toujours trop tôt.

« J’essaie d’agir, de maximiser les gars, de créer des match-ups. Mais parfois, t’es en train de brûler… pis t’as juste envie de sortir de là vivant. »

Le problème?

On commence les matchs comme si on attendait que l’adversaire nous dise quand on peut commencer à jouer.

Et quand c’est trop tard, là on met le moteur en marche.

Cole Caufield, d’habitude tout sourire, a lui aussi sonné l’alarme.

« Je ne veux pas dire qu’il n’y a pas d’urgence, mais on doit se concentrer sur le temps. On ne peut pas toujours revenir. »

« Ce n’est pas le bouton panique. Mais faut se regarder dans le miroir. Faut faire face à ça. »

Voilà. C’est exactement là qu’en est le Canadien.

À la croisée des chemins. Il reste trois matchs. Deux points à aller chercher pour confirmer une place en séries.

Mais deux matchs de suite où l’équipe a été dominée dès le départ.

Et pas juste dans les chiffres.

Dans l’attitude. C’est le mot que St-Louis n’a pas dit… mais qu’il a laissé planer.

L’attitude.

Le réflexe de jouer avec urgence.

Le besoin de se lever avant que le score l’exige.

Parce que là, le CH joue comme un club qui croit qu’il va toujours trouver une manière de revenir.

Mais les séries, ce n’est pas une ligue de come-back. Ce n’est pas pour rien que St-Louis a dit :

« Je pense qu’ils vont répondre. Ils ont répondu toute l’année. Mais ce n’était pas notre game ce soir. Je pense qu’on est un groupe honnête. »

Un groupe honnête.

Mais qui joue avec le feu. Et qui commence à se brûler pour vrai.

Dans la salle de presse, personne ne lui a demandé s’il regrettait ses choix.

Mais tout le monde a vu son regard vide quand il a parlé d’urgence.

Ce mot-là, il l’a dit plusieurs fois.

Et à chaque fois, c’était un avertissement.

Un signal qu’il va falloir que quelqu’un, quelque part, décide que l’alignement doit commencer les matchs à 0-0, pas à 0-2.

La fatigue de tirer de l’arrière est réelle.

Et la Ligue nationale ne pardonne pas ceux qui attendent de perdre pour se réveiller.

Ce soir, on n’a pas vu une équipe désespérée d’entrer en séries. On a vu un groupe qui pensait avoir encore du temps.

Mais le temps… il est presque écoulé.

Misère...