Employés terrifiés, congédiements: TVA à la croisée des chemins

Employés terrifiés, congédiements: TVA à la croisée des chemins

Par Marc-André Dubois le 2024-02-16
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Depuis l'annonce des changements majeurs au sein de la haute direction de TVA et TVA Sports en septembre 2020, une onde de soulagement et de libération avait traversé la salle de nouvelles.

Comme l'exprimait un employé, sous le coup de l'émotion: « Le champagne coule à flots depuis hier. Il y a un sentiment de libération. C’est comme si le mur de Berlin venait de tomber. »

Cependant, derrière cette euphorie se cachait des années de difficultés et de tensions, comme en témoignait Karine Champagne, ancienne animatrice de TVA, qui a décidé de quitter le Groupe TVA après 21 ans de carrière, il y a bientôt dix ans.

Tout ce qu’elle a obtenu comme réponse de ses supérieurs, c’est un « OK ». Aucun remerciement. Pendant ses années de service, elle raconte que ses patrons pouvaient ignorer certains employés pendant de longues périodes de temps. L’ex-journaliste a été soumise à ce traitement.

« On pouvait devenir invisible aux yeux de certains patrons. Ils pouvaient saluer tout le monde et faire des high five à tout le monde. Rendus à toi, ils se viraient de bord… Ça te démolit. » (crédit: La Presse).

Ce témoignage révèle une réalité souvent ignorée, celle d'un environnement de travail où la reconnaissance et le soutien font défaut.

D'autres voix se sont élevées pour dénoncer un "management autoritaire" et des pratiques intimidantes. Charles Faribault, ancien journaliste de TVA, parle d'un « régime autoritaire » où le respect semblait absent :

« Ce n’était pas une gestion respectueuse. On ne sentait pas que les patrons avaient du respect pour nous. »

La pression constante et les conséquences sévères des erreurs ont également été dénoncées. Mélissa François, une ancienne employée, raconte comment une erreur mineure a mis fin à sa carrière en ondes :

« À TVA Sports, ils m’ont annoncé que je n’animais plus juste avant que j’entre en ondes. Je ne l’ai pas vue venir. On ne m’avait pas fait de commentaires sur mon travail avant ça. C’est comme si je venais de recevoir un coup de batte de baseball dans la face et je devais faire semblant de rien en ondes. »

Ces témoignages révèlent un tableau sombre de l'environnement de travail chez TVA. Olivier Daoust, ancien rédacteur web, décrit des années de stress et de surveillance constante :

« Les quatre dernières années à TVA Nouvelles, j’ai arrêté de sourire. Je rentrais au bureau la tête baissée, sachant qu’à la moindre faute, on allait me rencontrer. C’était invivable. »

De nombreux autres employés partagent ces expériences. Un ex-animateur, anonyme, décrit son départ de l'entreprise comme un rejet total :

« À mon départ, je filais comme un moins que rien, comme si j’avais fait de la merde pendant toutes ces années. Ça m’a affecté au niveau professionnel. Ça fait des années, et j’ai encore le motton quand j’en parle. »

Toutefois, certains diront que la lumière mentale est revenue chez les employés avec ces récents changements à la direction.

Mais si on se fait l'avocat du diable, Groupe TVA n'a jamais été aussi mal. Depuis les changements à la direction en septembre 2020, des milliers d'employés ont été congédiés car TVA perd des plumes années après année au niveau des cotes d'écoute et doit couper dans le budget jour après jour.

Depuis que le patron de TVA Nouvelles et de TVA Sports, Serge Fortin, a été congédié au mois d'août, la descente aux enfers de Groupe TVA s'est amorcée à tous les niveaux. 

Le plus gros diffuseur au Québec a chuté partout: au niveau des cotes d'écoute, au niveau de l'argent perdu, au niveau de la Bourse.

Le régime de terreur s'est terminée. Mais la chute de TVA aussi. 

Serge Fortin était vice-président de la salle d’information depuis 16 ans. Il est derrière la naissance de TVA Sports en 2011, et a dirigé les premières années de la station spécialisée. 

On l'a pointé du doigt comme un dirigeant dur et sans pitié. Mais il faut l'avouer. Il était très "profitable à TVA". Patron cruel selon certains...mais il faisait rentrer l'argent dans les coffres et il était un meneur hors-pair.

« Nous avons été saisis, il y a quelque temps, de commentaires au sujet du climat de travail de la salle de rédaction. En tant qu’employeur responsable, nous avons entrepris une série d’interventions et de mesures visant à améliorer la situation. Des professionnels indépendants ont également été mandatés afin de sonder des employés de la salle de rédaction sur le climat de travail. Respectant les meilleures pratiques en la matière, Groupe TVA a suivi un processus rigoureux à chacune des étapes de gestion de cette situation qui a mené aux changements annoncés à la direction de ce secteur de l’entreprise » avait déclaré la porte-parole de TVA, Véronique Mercier, pour expliquer le congédiement de Serge Fortin.

3 ans et demi plus tard, des milliers de congédiements de plus tard et TVA qui s'en va directement dans le mur, la question mérite d'être posée: est-on passé d'un régime de terreur à une ambiance de travail trop relax, où les employés ont fini par dormir au gaz et ne pas performer?

Sous Serge Fortin, on avait des employés malheureux, mais qui avaient un travail.

Aujourd'hui, les employés de TVA sont plus heureux au travail...jusqu'à ce qu'il se fassent congédier...