Logan Mailloux ne fait pas dans la modestie.
Depuis son arrivée à Saint-Louis, le défenseur de 6 pieds 3 pouces, jadis controversé, agit comme s’il appartenait déjà à l’élite de la LNH.
À ceux qui osent le comparer à Evan Bouchard, devenu une vedette offensive à Edmonton, Mailloux ne répond pas par la diplomatie.
Il hausse les épaules, bombe le torse, et réplique :
« Pour être franc, je ne vois pas vraiment de similarités entre lui et moi. »
Pour lui, la discussion est close. Il n’est pas ce défenseur dit “moderne” que l’on cajole pour son jeu de transition ou sa mobilité. Mailloux, lui, veut mordre.
« J’aime la manière dont il lance la rondelle. J’aime ce qu’il fait avec le disque, honnêtement. Il manœuvre bien à la ligne bleue, surtout pour un gars qui ne patine pas comme Makar ou Hughes. Il effectue une bonne première passe. Mais je ne dirais pas qu’il me ressemble comme joueur. »
Et pour ceux qui insistent sur le parallèle avec Bouchard, Mailloux leur répond en citant d’autres modèles :
« J’ai toujours préféré me comparer à Alex Pietrangelo, ou même à John Carlson. J’aime jouer avec du mordant, avec de la hargne. Je pense que c’est important. »
Logan Mailloux l’a visiblement mal pris, cette comparaison avec Evan Bouchard. Et pourtant, on parle ici d’un des meilleurs défenseurs offensifs de toute la LNH, un quart-arrière de luxe sur l’avantage numérique, un passeur et un buteur d'exception.
Mais non. Pour Mailloux, c’est presque une insulte. Il ne veut pas qu’on pense qu’il est juste un défenseur qui joue avec la rondelle, un spécialiste de la ligne bleue qui fait des feintes de poignets sans jamais salir son chandail.
Il refuse qu’on le voit comme un gars soft, unidimensionnel, vulnérable dans son territoire. Et il faut un certain culot pour balayer du revers de la main un nom aussi établi que Bouchard simplement pour protéger son identité de joueur méchant, physique, intense.
Il faut avoir du courage, il faut être prétentieux aussi.
Et cette méchancté arrogante, cette dureté qu’il évoque presque comme un besoin vital, commence sérieusement à séduire Saint-Louis.
Il n’y a pas si longtemps, la transaction Mailloux-Bolduc faisait grincer des dents. Zachary Bolduc, le kid en feu, un buteur de talent, un choix de premier tour… échangé pour un défenseur encore vert, avec une feuille de route controversée et une réputation difficile à cerner? À Saint-Louis, les critiques ont fusé.
Mais ça, c’était avant. Avant que Logan Mailloux n’arrive en ville en se tenant droit, le menton levé, sûr de lui comme s’il avait déjà porté le blues note toute sa vie.
Avant qu’il ne parle comme un vétéran. Avant qu’il ne s’assume pleinement comme un joueur méchant, physique, intense, tout ce que la ville, et Doug Armstrong, réclament depuis des années.
Un « Brent Burns » version Saint-Louis?
Les comparaisons pleuvent depuis son arrivée. Un partisan affirme qu’il voit en lui une version jeune de Brent Burns.
Un autre le compare à Charlie McAvoy.
Car Mailloux ne s’excuse plus de son passé controversé. Et Saint-Louis aime ça.
La meilleure preuve? Ce n’est pas Mailloux qui supplie pour une place dans l’alignement, c’est le contraire. Il agit comme si elle était déjà sienne.
En entrevue, il le laisse entendre entre les lignes : on lui a promis un poste. Ce n'est pas pour rien que Nick Leddy a été soumis au ballottage, puis réclamé par les Sharks.
il se voit à la droite de Cam Fowler ou Philip Broberg. Il veut jouer gros. Il veut frapper. Et il réclame simplement qu’on le laisse jouer son jeu.
« Je vais faire des erreurs. Mais ce que j’ai besoin, c’est d’un bon partenaire stable. Et surtout, qu’on me laisse jouer. »
Traduction? Laissez-moi m’installer. Je vais me planter parfois, oui, mais j’ai besoin de glace. J’ai besoin de responsabilités. Et je suis prêt.
Ce qui choque et fascine dans le cas de Mailloux, c’est à quel point il ne s’excuse de rien. À Montréal, on l’a longtemps perçu comme un projet risqué, un joueur à surveiller de près, à encadrer, à former.
À Saint-Louis? On l’aime comme il est. Arrogant. Fier. Imposant. Le genre de gars qui ne veut surtout pas qu’on le qualifie de défenseur offensif « soft ».
Le genre de gars qui rêve d’être reconnu pour ses mises en échec, ses batailles à un contre un, ses coups d’épaule dans le coin.
Et ceux qui insistent pour le ramener à Bouchard se font rapidement rabattre le caquet.
« Je ne me compare pas à lui. Je suis plus physique. Meilleur défensivement. Plus intense. »
Voilà le Mailloux que les Blues voulaient. Même s’ils ne le savaient pas encore.
C’est exactement ce que Doug Armstrong recherchait. Les Blues, depuis la fin de l’ère Pietrangelo, cherchent désespérément un défenseur droitier avec du chien, de l'arrogance, de la méchanceté.
Mailloux incarne cette renaissance défensive. Il ne parle pas comme un jeune de 21 ans. Il parle comme un vétéran frustré qu’on n’ait pas encore reconnu sa vraie valeur.
Et en coulisses, selon plusieurs observateurs à Saint-Louis, les Blues n’ont aucun doute qu’il fera l’équipe cette saison.
Mieux encore : ils planifient déjà leur brigade défensive en fonction de sa présence. Mailloux sait qu’il n’a pas besoin d’un camp parfait. Il a déjà conquis les gradins. Il a déjà gagné l’oreille du DG. Et il se comporte comme tel.
Le plus ironique dans tout ça, c’est que l’indignation entourant la perte de Zachary Bolduc commence déjà à s’évaporer.
À Montréal, Bolduc est vu comme une pièce d’avenir, un buteur intéressant… mais à Saint-Louis, on commence à parler de Mailloux comme d’un futur pilier.
Sur les réseaux sociaux, les commentaires explosent.
Un partisan écrit : « Mailloux est déjà meilleur que Bouchard. »
Un autre : « C’est le genre de joueur qu’on n’avait plus depuis Pietrangelo. »
Et encore : « C’est le monstre qu’on attendait. »
C’est exagéré? Peut-être. Mais c’est le genre de phrase qui fait vibrer un public et qui vend des chandails. Logan Mailloux n’est pas ici pour plaire. Il est ici pour imposer.
L’état-major des Blues, à commencer par leur entraîneur-chef Jim Montgomery, est séduit par la mentalité de Mailloux.
Il n’a pas peur de l’échec, ni des attentes. Il les provoque. Il les provoque comme on provoque un adversaire en zone neutre : avec l’intention claire de l’écraser à la première occasion.
Et dans un vestiaire où les personnalités fades ne survivent pas, Mailloux arrive avec tout ce qu’il faut : du volume, du mordant, et un désir sincère de s’imposer physiquement.
À ce rythme-là, il pourrait devenir un favori de la foule plus rapidement que prévu.
Logan Mailloux, ce n’est pas Evan Bouchard. Ce n’est pas Quinn Hughes. Ce n’est pas Kaiden Guhle.
Logan Mailloux, c’est un je-m’en-foutiste structuré, un gars qui veut faire mal, qui veut marquer, qui veut être respecté, et qui n’a pas besoin d’être aimé. Et c’est pour ça qu’on commence à l’aimer, justement.
À Saint-Louis, on croyait avoir perdu un futur marqueur en Zachary Bolduc. Mais on découvre qu’on a peut-être gagné quelque chose de beaucoup plus rare : un défenseur arrogant, cocky, intense et spectaculaire… qui veut devenir un monstre.
Et ça, dans le Missouri, on appelle ça un vol.