Michel Bergeron, «le Tigre», celui qui a longtemps régné en maître absolu sur les ondes sportives québécoises, est aujourd’hui réduit à un silence gênant.
Celui qui parlait plus fort que tout le monde, celui qui mordait, griffait et ne lâchait jamais sa proie, refuse obstinément d’admettre qu’il avait tort sur Martin St-Louis.
Ironiquement, lui qui réclamait constamment le congédiement immédiat de Martin St-Louis semble aujourd’hui avoir été victime d’un congédiement déguisé de la part de TVA Sports.
Sa disparition soudaine, son absence prolongée à l’écran, ressemblent à un évanouissement médiatique orchestré par la chaîne.
Bergeron demandait avec virulence la tête de l’entraîneur, et c’est finalement la sienne qui semble être tombée, lentement, en silence, sans annonce officielle, sans fracas, mais avec une évidence brutale.
Ce refus, cet entêtement, cette incapacité à reconnaître ses erreurs, révèle bien plus qu’une simple fierté mal placée. Elle marque la chute lente, embarrassante, et de plus en plus évidente, d’un monument du hockey québécois.
On ne le voit presque plus à TVA Sports. On ne l’a pas vu cette semaine non plus. Il a manqué les moments les plus importants, ceux où l’on aurait attendu sa présence, son analyse, sa voix forte et familière.
Mais rien. Silence radio. Michel Bergeron est invisible à l’antenne depuis plusieurs semaines. On le voit apparaître de temps en temps sur LCN, TVA Nouvelles, par petite goutte, comme pour rappeler qu’il est encore vivant.
Mais chaque fois, son regard est perdu, son discours hésitant, son ton sans vigueur. Il semble complètement dépassé par les événements. Incapable de saisir la portée historique du moment vécu par le Canadien.
La vraie raison derrière cette absence prolongée est évidente. Bergeron refuse d’affronter la réalité qu’il a si longtemps dénigrée.
Il refuse de reconnaître publiquement que Martin St-Louis, l’entraîneur qu’il a traité toute l’année de «coach pee-wee», «entraîneur mou», «entraîneur sans envergure», avait finalement raison.
Refuse d’admettre que le Canadien est en séries grâce au leadership, à la patience et à la résilience de Martin St-Louis.
Michel Bergeron a commencé très tôt ses attaques contre Martin St-Louis. Dès l’annonce de sa nomination en février 2022, il déclarait sur TVA Sports:
«La LNH, c’est pas un laboratoire d’apprentissage! On nomme pas un coach sans aucune expérience professionnelle à la barre d’une équipe comme le Canadien.»
Bergeron a martelé cette idée pendant des mois. À chaque défaite, à chaque revers, à chaque contre-performance, il revenait à la charge, remettant en doute la légitimité de St-Louis.
«C’est fini. Ce gars-là n’a pas d’affaire dans la LNH. On est la risée de la ligue.»
Il réclamait ouvertement le congédiement immédiat de St-Louis. Il insinuait régulièrement que les joueurs n’écoutaient pas leur entraîneur, que le vestiaire était perdu, que le leadership était inexistant. Il ne cessait de répéter que le Canadien n’avait pas d’identité sous Martin St-Louis:
«Le Canadien n’a aucune identité! Martin St-Louis change de stratégie à chaque match, il est complètement perdu.»
Pendant toute l’année, Bergeron a brandi la solution miracle: Patrick Roy. Roy, celui qu’il adore, celui qu’il vénère. Bergeron répétait semaine après semaine que Roy était le vrai entraîneur dont le Canadien avait besoin.
Il profitait de chaque défaite pour réclamer à grands cris que le légendaire gardien prenne place derrière le banc montréalais. Pour Bergeron, Roy incarnait le cœur, la passion, l’identité québécoise qu’il fallait à Montréal.
Aujourd’hui, la réalité est cruelle pour Bergeron. Roy vit une saison cauchemardesque avec les Islanders de New York.
Son vestiaire ne répond plus, ses joueurs semblent dépassés. Et Bergeron, lui, refuse même d’en parler désormais. Parce que reconnaître l’échec de Roy reviendrait à admettre qu’il avait tort sur toute la ligne.
Le capitaine Nick Suzuki n’a pas échappé non plus aux attaques du «Tigre». Bergeron avait sévèrement critiqué Suzuki lorsque ce dernier avait choisi de ne pas représenter le Canada aux Championnats du monde.
Il avait publiquement douté de son leadership, insinuant que ce choix égoïste allait lui coûter cher. Bergeron avait même affirmé avec certitude que Suzuki ne serait pas retenu pour le tournoi des 4 nations, une prédiction totalement fausse et infondée.
Aujourd’hui, Suzuki est le cœur battant du Canadien, celui qui a porté l’équipe à bout de bras jusqu’aux séries éliminatoires.
Bergeron, pourtant, n’a jamais rétracté ses propos à ce sujet non plus. Ce silence obstiné est révélateur de sa difficulté à reconnaître ses erreurs devant tout un public.
Ce silence volontaire n’est pas seulement sportif, il est humain. Michel Bergeron, à bientôt 79 ans, semble complètement dépassé par les événements.
Il oublie ses propos passés, perd le fil de son discours lorsqu’il apparaît à la télévision, semble troublé, mal à l’aise. Le public le ressent, et le malaise se propage à chaque apparition, aussi rare soit-elle.
Bergeron a lui-même déjà parlé ouvertement de ses graves problèmes de santé. Il avait confié, avec franchise, avoir eu une vie chaotique, fumant constamment, dormant peu, vivant sans discipline.
Il a survécu à plusieurs alertes cardiaques graves, a eu un pacemaker installé. Aujourd’hui, on ressent presque une forme d’inquiétude pour sa santé chaque fois qu’il réapparaît, visiblement affaibli, à l’écran.
Le moment d’avouer ses torts est-il passé ?
Malgré tout cela, Bergeron ne plie pas. Il refuse catégoriquement de présenter ses excuses à Martin St-Louis. Son silence est devenu assourdissant, embarrassant même pour ses anciens collègues qui n’osent plus vraiment l’interroger sur le sujet.
Bergeron aurait pourtant pu sortir de cette impasse médiatique par un simple geste d’humilité, un aveu de ses torts, une reconnaissance du travail accompli par St-Louis.
Mais non. Bergeron préfère disparaître lentement, dans un silence gênant, plutôt que de reconnaître publiquement son erreur. Il préfère l’entêtement, même si cela signifie ternir peu à peu son immense héritage médiatique.
La grande question : Reverra-t-on Michel Bergeron en séries éliminatoires ?
La grande inconnue demeure : Bergeron reviendra-t-il commenter la série Canadiens-Capitals sur les ondes de TVA Sports ?
Osera-t-il affronter la réalité que Martin St-Louis est peut-être en train d’écrire une des plus belles histoires récentes du Canadien ?
Si Bergeron revient, il devra s’expliquer. Il devra parler. Il devra faire face à ses propres paroles, à ses propres critiques. Si, au contraire, il demeure absent, ce sera une confirmation définitive de sa difficulté à reconnaître ses torts.
Le silence actuel de Bergeron est donc bien plus qu’un simple choix éditorial. C’est un aveu de défaite, de malaise, d’entêtement.
C’est le signe qu’une époque se termine, celle d’un commentateur flamboyant, mais incapable d’assumer ses erreurs.
Michel Bergeron, à travers son silence obstiné, rappelle tristement ces grandes vedettes qui refusent de quitter la scène à temps.
Comme les chanteurs qui enregistrent l’album de trop, il s’accroche maladroitement au micro alors que son époque est révolue.
Aujourd’hui, c’est peut-être cela la plus grande tragédie de Michel Bergeron : ne pas avoir su partir au bon moment. Ne pas avoir su reconnaître qu’il avait eu tort.
Et cela, Martin St-Louis ne l’oubliera probablement jamais.