C’est un coup de massue qui vient de s’abattre sur les dirigeants du Canadien de Montréal, et plus largement sur toutes les équipes canadiennes.
La nouvelle convention collective de la LNH, en apparence technique et discrète, est en réalité une trahison monumentale signée Gary Bettman.
Une série de changements réglementaires vient de retirer, un à un, tous les outils qui permettaient aux formations du nord de rivaliser avec les clubs des États américains sans impôts.
Résultat : Kent Hughes et Jeff Gorton sont pris à la gorge. Montréal est coincé, ligoté, et regardera les Panthers, les Stars et les Golden Knights s’enrichir pendant que le CH, Toronto et les autres clubs canadiens sombreront dans l’impuissance.
La source? Un reportage rigoureux et explosif signé Marco D’Amico sur RG Media. Et les conclusions sont sans appel : Gary Bettman vient de cimenter l’inégalité fiscale entre les équipes de la LNH. Pire encore, il a fait passer ça pour une réforme équitable.
Premier clou dans le cercueil : la fameuse règle des « 75 jours ». Ce qui était autrefois un stratagème indispensable pour contourner le plafond salarial, la double rétention, devient désormais pratiquement inutilisable.
Avant, un joueur pouvait être échangé deux fois dans la même journée, avec une partie de son salaire absorbée par un club intermédiaire.
Cette mécanique permettait à des formations ambitieuses comme Montréal d’aller chercher un joueur de 10 ou 11 M$ avec un cap hit artificiellement réduit à 5 ou 6 M$ grâce à ces « courtiers salariaux » (Arizona, Chicago, San Jose).
Mais selon la nouvelle convention collective, il faut maintenant attendre 75 jours de saison régulière entre deux rétentions salariales.
En d’autres mots : fini les montages intelligents à trois équipes. Adieu la créativité. Et tant pis pour les formations qui tentaient de bouger malgré les contraintes.
Et attention : l’intersaison ne compte pas dans les 75 jours. La période est gelée durant les séries, l’entre-saison et les camps d’entraînement.
Résultat? Une transaction comme celle de Patrick Kane à New York, ou celle de Max Domi à Dallas, ne serait tout simplement plus possible.
Pour Kent Hughes, c’est catastrophique. Il perd un levier essentiel qui lui permettait de manipuler sa masse salariale pour conclure des transactions gagnantes.
Il ne pourra plus « acheter » des choix de repêchage en prenant des mauvais contrats, ou faire absorber 50 % d’un contrat par deux équipes. Le marché devient rigide, fermé, malade.
Le deuxième changement qui fera mal sera la limitation des bonis à la signature à 60 % du contrat total.
C’est un tremblement de terre.
Pourquoi? Parce que les bonus à la signature étaient l’arme secrète des équipes canadiennes. Elles pouvaient offrir de grosses sommes garanties, versées dès le 1er juillet, et ainsi atténuer l’impact fiscal d’un contrat.
Mieux encore : grâce aux lois fiscales et à certains accords de résidence, ces bonus pouvaient être imposés aux États-Unis si le joueur y avait sa base d’opérations, même s’il jouait au Canada.
Prenons l’exemple d’Auston Matthews. En 2025-2026, il recevra un salaire de seulement 775 000 $, mais un boni de 14,43 M$!
Résultat : il paie ses impôts en Arizona et économise des millions. Toronto, malgré son taux d’imposition provincial étouffant, réussissait à rivaliser grâce à ces montages. Montréal aussi.
Avec la nouvelle convention, ce tour de magie est pratiquement terminé. Le boni ne pourra plus dépasser 60 % du contrat total. Et ça, c’est une claque en pleine figure pour les équipes canadiennes.
Selon Marco D’Amico, les Panthers de la Floride ont signé dix contrats au-dessus de 5 M$ avec plus de 80 % en bonis de signature.
Ils ont déboursé 420 M$ en bonis… 81 % de leurs ententes totales! Montréal n’a jamais pu suivre ce rythme, mais pouvait jouer dans la même cour grâce aux astuces fiscales. Ce ne sera plus le cas.
Et pendant que les équipes canadiennes hurlent à l’injustice, Gary Bettman rit. Littéralement.
« C’est un enjeu ridicule », a-t-il dit à NHL on TNT avant le match #3 de la finale de la Coupe Stanley.
« Quand les équipes de la Floride étaient nulles pendant 17 ans, personne ne s’en plaignait. »
Il poursuit en niant l’impact fiscal :
« Les joueurs veulent jouer pour une bonne organisation, un bon entraîneur, un bon propriétaire… Ils ne regardent pas les taxes. »
C’est du mépris pur. Une gifle à Toronto. Une gifle à Montréal. Une gifle à Vancouver. Une gifle à tout le Canada.
Et pendant ce temps, quatre des cinq dernières coupes Stanley ont été remportées par des équipes situées dans des États sans impôt sur le revenu. Tampa, Vegas, Floride, Dallas… La tendance est claire. Mais Bettman, aveugle volontaire, refuse de l’admettre.
Pire : il refuse d’en parler dans les prochaines négociations.
« On ne va pas subventionner les équipes de New York ou Los Angeles non plus », a-t-il ajouté avec un sourire baveux.
Troisième clou dans le cercueil : la fin des contrats "front-loadés".
Ces ententes qui versaient 80 % du salaire dans les premières années, avec un déclin progressif, sont maintenant interdites. Les équipes ne pourront plus structurer les salaires de manière agressive pour faciliter une éventuelle revente en fin de contrat.
Les nouvelles règles imposent un écart maximal de 20 % entre deux années consécutives, et chaque année devra contenir au moins 71 % du montant le plus élevé versé.
Encore une fois : c’est un désastre pour Kent Hughes.
Le directeur général du CH, qui avait prévu de front-loader plusieurs contrats pour les rendre échangeables à moyen terme, voit sa stratégie anéantie.
Il avait aussi l’intention d’attirer des joueurs en leur offrant de la sécurité immédiate (6 ou 7 M$ la première année) pour compenser les taxes du Québec. C’est terminé.
Montréal ne peut plus utiliser sa richesse pour compenser ses désavantages fiscaux. Ni par les bonus. Ni par la structure. Ni par la rétention multiple. C’est un étranglement légal.
L’évasion fiscale est devenu légalisée... et un privilège américain...
Les équipes de la Floride, du Texas, du Nevada, du Tennessee, de l’État de Washington et de l’Alaska continueront de bénéficier d’un avantage structurel impossible à compenser. Et maintenant, les outils qui permettaient aux autres de niveler le terrain sont bannis.
Appelons ça par son nom : de l’évasion fiscale légalisée.
Quand les Panthers versent 80 % de leurs salaires en bonis non imposables et signent Aleksander Barkov, Sam Reinhart, Matthew Tkachuk et Sergei Bobrovsky avec ce modèle, ce n’est pas du génie. C’est du contournement.
Et le fait que la LNH ait laissé faire pendant des années, puis interdise la riposte canadienne aujourd’hui, est une honte institutionnelle.
Jeff Gorton a beau affirmer qu’il y a « des moyens de contourner les problèmes d’impôts au Québec », la vérité est cruelle : il n’a plus d’outils.
Le plafond augmente, mais les règles fiscales, elles, restent les mêmes. Et avec ces nouvelles contraintes, Kent Hughes devra composer avec une réalité déséquilibrée et injuste.
Le rêve d’un grand marché canadien compétitif est en train de s’effondrer.
Avec la nouvelle convention collective, le Canadien de Montréal vient de perdre son dernier levier stratégique. La Ligue nationale, sous l’œil complice de Gary Bettman, a fermé toutes les portes de l’innovation contractuelle. Les bonus? Limités. La double rétention? Gelée. Les structures front-loadées? Éliminées.
Et les équipes américaines sans taxes? Toujours aussi avantagées.
Kent Hughes a tout perdu. Et Gary Bettman, lui, s’en lave les mains. C’est une trahison froide, bureaucratique, légale. Mais c’est aussi une déclaration de guerre à toutes les équipes canadiennes.
Et pour le hockey au Canada, ce pourrait bien être le début de la fin.