Le 9 novembre 2024 sera une journée historique dans le paysage médiatique québécois.
Ce soir-là, le match tant attendu entre le Canadien de Montréal et les Maple Leafs de Toronto sera diffusé sur le réseau TVA au grand complet.
Mais au-delà d’un simple événement sportif, cette décision culottée de Pierre Karl Péladeau marque un test ultime pour l’avenir de son empire médiatique, particulièrement pour TVA Sports, une chaîne sportive qui accumule des pertes astronomiques depuis sa création en 2011.
Cette diffusion en clair sur une chaîne généraliste n’est pas anodine. Pour Péladeau, c'est un pari décisif : si les cotes d’écoute sont au rendez-vous, cela prouvera que TVA Sports n’a plus de raison d’être.
Vous avez bien lu. Si ce pari réussit, ce sera la fin de TVA Sports, un trou financier qui a déjà englouti près de 300 millions de dollars depuis 2011.
Le 9 novembre pourrait donc marquer le début d’une nouvelle ère pour TVA, mais aussi la fin définitive de sa chaîne sportive spécialisée.
La stratégie de Péladeau est vraiment brillante : diffuser le hockey sur une chaîne non câblée
Le choix de diffuser un match du Canadien sur une chaîne généraliste comme TVA est un coup de maître stratégique.
Contrairement à RDS, limité par ses abonnés au câble, TVA est accessible à l’échelle provinciale sans nécessiter d’abonnement payant.
Péladeau voit dans cette manœuvre un double avantage : attirer une audience massive et prouver à la LNH qu’il est capable de fournir une vitrine de premier plan à ses matchs.
Pour Péladeau, la fin du contrat exclusif de la LNH en 2026 représente une opportunité en or. Avec cette diffusion massive, il veut convaincre la Ligue de lui octroyer une part plus importante des droits de diffusion lors du renouvellement.
Il rêve de recréer l’ambiance magique des grandes soirées de hockey, comme à l’époque où les matchs du Canadien étaient diffusés en clair à travers tout le Québec.
En couplant cette couverture à un nouveau talk-show sportif diffusé sur TVA, il espère non seulement captiver le public, mais aussi prouver que son modèle est viable à long terme.
Si ce test audacieux du 9 novembre fonctionne, les conséquences pour TVA Sports seront irréversibles. Une audience record prouverait à Péladeau que maintenir une chaîne sportive 24 heures sur 24 n’est plus nécessaire.
Il pourrait alors réduire drastiquement les coûts, éliminer une partie importante de son personnel, et concentrer l’essentiel de ses ressources sur les événements sportifs phares diffusés directement sur TVA.
Car selon ce qu'on nous dit, Péladeau veut commencer par le hockey. Mais si les résultats sont au rendez-vous, ne soyez pas étonnés que d'autres évènements sportifs soient diffusés sur TVA, à l'échelle de la "province non-cablée).
Ce changement permettrait à Québecor de vendre de la publicité à des tarifs beaucoup plus élevés, étant donné que les matchs attireront une audience plus large.
Certes, il perdra les revenus d’abonnement de 10 dollars par mois (par abonné) que TVA Sports générait, mais l’absence de déficits chroniques liés aux coûts beaucoup trop élevés de la chaîne spécialisée compensera largement cette perte.
En mettant fin aux activités de TVA Sports, il pourrait également réduire la pression financière sur Québecor, qui est contraint depuis des années de maintenir à flot une chaîne qui croule sous les dettes.
Pour Péladeau, ce plan représente également une réponse directe à Prime Video, Netflix, Apple TV et autres géants du streaming.
Ces plateformes grugent de plus en plus l’audience des chaînes traditionnelles, captant une part importante du temps d’écran et des revenus publicitaires.
En ramenant le hockey sur un réseau accessible à tous, Péladeau espère offrir une expérience sportive unique, capable de rivaliser avec ces géants du numérique.
Il n'y a rien qui fidélise davantage un client qu'un évènement sportif en direct.
Ce modèle pourrait lui permettre de reconquérir une part du public québécois et de redonner un souffle nouveau à son réseau généraliste.
En diffusant régulièrement chaque samedi soir les 22 matchs du Canadien les plus attendus sur TVA, Péladeau pourrait recréer un rendez-vous incontournable, une tradition qui unirait les Québécois autour de leur équipe favorite.
Toutefois, ce pari n’est pas sans risque. Si les cotes d’écoute ne sont pas au rendez-vous le 9 novembre, ce sera un échec retentissant pour Péladeau.
La LNH et le Canadien de Montréal pourraient y voir la preuve que TVA n’a pas la capacité d’attirer une audience suffisamment large, et cette tentative pourrait marquer la fin des ambitions de Québecor dans le domaine du sport.
Après l’échec du retour des Nordiques de Québec, Péladeau ne peut pas se permettre un autre revers aussi monumental.
La pression est immense sur Félix Séguin, Renaud Lavoie Patrick Lalime et Élizabeth Rancourt, qui devront livrer une performance sans faille lors de cette soirée décisive.
Chaque erreur sera scrutée, chaque faux pas amplifié sur les réseaux sociaux et la pression sera énorme. En même temps, ce sera cruel et paradoxal pour les employés concernés, car une belle performance au niveau des cotes d'écoute pourrait signifier la fermeture d'une chaîne...qui représente leur pain et leur beurre.
Oui, telle est la dure réalité. Le 9 novembre 2024 pourrait marquer le début de la fin pour TVA Sports.
Si Péladeau parvient à prouver que le hockey sur un réseau généraliste est plus rentable que sur une chaîne spécialisée, il n’hésitera pas à fermer TVA Sports et à concentrer ses efforts sur TVA.
Ce serait un tournant historique, mettant fin à plus d’une décennie d’efforts infructueux pour maintenir en vie une chaîne sportive déficitaire.
Péladeau le sait trop bien. Il est temps de débrancher TVA Sports du respirateur artificiel, afin de rentabiliser enfin le sport par TVA, sa vache la plus riche.
Il y a des limites à nourrir la vache maigre ad vitam eternam. Et la vérité est que TVA Sports a beaucoup trop grugé de temps, d'énergie et d'argent à Quebecor.
Ce qui devait être un moteur de croissance et une vitrine incontournable pour le sport au Québec est devenu un gouffre financier qui fragilise l’ensemble du Groupe TVA.
Après une décennie d’efforts infructueux et de pertes cumulées avoisinant les 300 millions de dollars, Péladeau pense clairement à se débarrasser de TVA Sports pour sauver ce qui reste de son empire médiatique.
Lors de son lancement en 2011, la chaîne avait de grandes ambitions et a connu un pic d’abonnés en 2014 avec 1,8 million de foyers branchés sur la chaîne.
Mais cette ascension n’aura été qu’éphémère. En 2024, le nombre d’abonnés est tombé à moins d’un million, selon les données du CRTC, illustrant un effondrement dramatique de son audience.
Ce déclin constant reflète un désintérêt croissant du public pour une chaîne spécialisée, à une époque où la concurrence du streaming et des services à la carte ne cesse de croître.
La chute des abonnements a également privé TVA Sports de revenus essentiels. Incapable d'attirer suffisamment d'annonceurs et de téléspectateurs pour compenser, la chaîne a vu son modèle économique s'écrouler.
Et malgré des droits de diffusion prestigieux, les cotes d’écoute sont en berne – le match d’ouverture des Canadiens de Montréal n’a attiré que 524 000 téléspectateurs, une caatstrophe par rapport au million attendu.
La situation de TVA Sports est devenue un fardeau insupportable pour le Groupe TVA. Sans cette chaîne, TVA aurait été rentable, mais les pertes sans fin de sa division sportive constituent l’entièreté du déficit du groupe.
Pour équilibrer ses finances, TVA a été contrainte d’emprunter 91 millions de dollars auprès de son actionnaire principal, Québecor Média, une béquille financière qui souligne à quel point l’avenir de la chaîne est compromis.
Par ailleurs, la marge de crédit bancaire de TVA, autrefois comprise entre 75 et 150 millions de dollars, a été réduite à seulement 20 millions.
Vous comprenez maintenant pourquoi le 9 novembre prochain devient une date tellement cruciale pour Péladeau.
Péladeau sait que ce test est sa dernière chance de prouver à Gary Bettman et Geoff Molson qu’il peut offrir une plateforme de diffusion puissante afin de conquérir une audience de masse.
Si son plan fonctionne, cela marquera un renouveau pour TVA et pourrait réécrire les règles de la diffusion sportive au Québec. Mais si ce pari échoue, ce sera probablement la fin des ambitions sportives de Québecor.
La balle est désormais dans le camp du public. Les Québécois décideront du sort de TVA Sports, du futur de la diffusion sportive et du rôle que Pierre Karl Péladeau jouera dans cet univers compétitif.
Le 9 novembre, ce n’est pas seulement un match de hockey entre le Canadien et les Maple Leafs.
C’est la dernière bataille d’un homme déterminé à ne pas échouer une seconde fois.