Jeudi soir, au Cathcart, dans le cœur vibrant du centre-ville de Montréal, l’ambiance était à la décompression.
Après une saison au-delà des attentes et une élimination crève-cœur face aux Capitals de Washington, les joueurs du Canadien de Montréal se sont rassemblés pour ce qui ressemblait à un dernier hommage collectif.
Dernier 5 à 7 de l’année. Derniers rires, dernières accolades, dernières bières. Dernier soupir d’une saison qui les a forgés. (merci au balado Stanley25 pour l'information)
Mais au milieu des rires étouffés, de la musique trop forte et des shooters alignés, un homme tranchait. Nick Suzuki.
Le capitaine. Celui qu’on a vu la veille, la tête entre les jambes dans le vestiaire, incapable de lever les yeux vers les caméras. Celui qui portait toute la douleur de cette défaite sur ses épaules.
Et pourtant, il s’est présenté.
Il aurait pu rester chez lui. Il aurait pu envoyer un message à ses coéquipiers pour leur souhaiter une belle soirée, un bon été.
Il aurait pu pleurer seul dans son condo. Mais non. Suzuki, fidèle à lui-même, a choisi la voie du leadership discret.
Il s’est présenté au Cathcart. Pas pour boire. Pas pour faire le party. Pour être là. Pour montrer à ses gars qu’il est encore leur capitaine, même dans l’échec.
C’est rare de le voir dans ce genre de soirée. On le sait : il déteste les bars, ne boit pas d’alcool, fuit les projecteurs dès qu’ils sortent du cadre de la patinoire. Mais hier, il a compris qu’il devait y être.
« Il était assis à son casier avec la tête entre les jambes. Il était profondément déçu du résultat. Je ne dis pas que les autres joueurs n’étaient pas déçus, mais le capitaine du Canadien, c’est venu le chercher solide », racontait Renaud Lavoie avec émotion au micro de TVA Sports.
Les mots sont forts. Et ce n’est pas un hasard si Renaud Lavoie, souvent critiqué pour être trop proche des joueurs, a su toucher juste cette fois.
Il a capté l’instant. Il a vu l’homme derrière le joueur. Il a compris que ce moment de silence en disait plus long que toutes les conférences de presse du monde.
Nick Suzuki n’a jamais triché. Et hier, malgré son apparence sobre et soignée, il portait encore l’odeur du vestiaire. Celle de la sueur, de la frustration, des regrets.
Pendant ce temps, d’autres profitaient pleinement de la soirée. Michael Pezzetta, fidèle à lui-même, était sur le gros party.
Vêtu comme un roi du nightlife, il riait, dansait, serrait des mains. Et c’est bien correct. Il a droit, lui aussi, à son moment de relâchement. Tous les joueurs du Canadien, épuisés, meurtris physiquement, avaient besoin d’une soirée pour faire tomber la pression.
Selon une jeune femme présente au fameux party de fin de saison, les joueurs les plus « allumés » étaient Michael Pezzetta, Christian Dvorak, Arber Xhekaj et Jakub Dobes.
« Honnêtement, Pezzetta pis Dvorak, c’était les deux qui étaient sur le party le plus solide », a-t-elle confié sous couvert d’anonymat.
Selon Stanley25, Arber Xhekaj et Jakub Dobes auraient poursuivi la soirée ensemble au "Names on the way" pour une soirée encore plus arrosée.
Nick Suzuki, lui, s’est contenté d’un sourire timide, de quelques poignées de main, et de regards perdus.
Cette saison, Suzuki a porté le CH à bout de bras. Malgré le peu de renfort au poste de centre, malgré les blessures, malgré la pression constante.
Il n’a jamais bronché. Il a pris la parole dans le vestiaire. Il a défié les vétérans silencieusement. Il a accepté son rôle de meneur. Il a protégé ses coéquipiers dans les médias. Et il a marqué. Souvent. Au bon moment.
Mais quand vient le temps des séries, les attentes montent. Et quand l’équipe tombe, on regarde vers le capitaine.
Lui n’a pas flanché. Il a tenu. Jusqu’à ce que le buzzer final retentisse.
Et hier soir, pendant que les autres faisaient semblant de tourner la page, lui, il restait là. Figé dans le deuil sportif. Parce qu’un vrai capitaine ne fait pas semblant.
Un témoin présent sur place a confié, sous anonymat, que Suzuki n’avait aucun plaisir au Cathcart.
« Il saluait les gars. Il souriait, mais on voyait que c’était forcé. À un moment donné, il est allé s’asseoir à l’écart. Il fixait son verre d’eau. Un moment, quelqu’un lui a demandé s’il voulait un gin tonic, il a juste dit “non merci” avec un sourire triste. C’était un gars brisé, mais qui essayait d’être là pour les autres. Un capitaine. »
Et c’est là que tout prend son sens. Le rôle du capitaine, ce n’est pas juste de marquer des buts en prolongation ou de faire des discours dans le vestiaire.
C’est aussi de se pointer quand ça ne lui tente pas. De rester debout quand il voudrait s’écrouler. De montrer aux plus jeunes, par son exemple, ce que signifie porter le “C”.
Après cette soirée, nul doute que Suzuki cognera à la porte de Kent Hughes. Pas pour se plaindre. Mais pour poser une question simple : « Qu’est-ce qu’on attend pour aller chercher un deuxième centre? »
Suzuki ne veut pas revivre cette douleur. Il ne veut pas traîner l’équipe une autre année sans soutien. Il ne veut pas porter seul les espoirs d’un peuple.
Et Kent Hughes, qui avait demandé à son capitaine de garder le noyau intact au retour des Quatre Nations, devra lui rendre la pareille. Parce que Suzuki mérite de ne plus être seul.
Ce party au Cathcart n’était pas seulement la fin d’une saison. C’était aussi, peut-être, la fin d’une ère.
Certains joueurs quitteront (Dvorak Pezzetta et plusieurs autres). Certains seront échangés (Kirby Dach). Et d’autres, comme Suzuki, devront porter encore plus.
Mais ce soir-là, dans un bar trop bruyant, au milieu des cocktails et des rires nerveux, un homme s’est levé. Sans faire de bruit. Un homme qui avait les larmes aux yeux, mais qui a quand même dit bonjour à tout le monde.
Un homme qui est resté, même quand le cœur n’y était plus.
Il n’y a pas eu de coupe soulevée. Pas de douche de champagne. Pas de cris de victoire.
Il y a eu des larmes. De la fatigue. Et un capitaine seul dans la foule.
Et parfois, c’est dans ces silences-là qu’on reconnaît les plus grands leaders.
Nick Suzuki n’a peut-être pas gagné cette série. Mais hier soir, dans ce bar au cœur de Montréal, il a gagné autre chose.
Notre respect éternel.