C’est peut-être la bombe culturelle la plus inattendue depuis l’arrivée de Nick Suzuki à Montréal : selon plusieurs échos en coulisses, le capitaine du Canadien s’apprête enfin à s’exprimer en français devant les médias cette saison.
Pas une phrase apprise par cœur pour un événement protocolaire, pas un sourire gêné en murmurant « merci beaucoup » en conférence de presse : un vrai effort, concret, régulier, devant les caméras.
Pour certains, c’est une évidence qui aurait dû arriver depuis longtemps. Pour d’autres, c’est une révolution. Et au centre de ce virage, un nom revient comme un fil conducteur : Sidney Crosby.
Retour à l’automne 2022, lors de la tournée médiatique de la LNH à Las Vegas. Suzuki, comme plusieurs vedettes de la ligue, s’y rend pour enchaîner les entrevues, les séances photo et les obligations marketing.
Mais voilà : sa valise se perd en chemin.
Ce jour-là, c’est le tailleur Domenico Vacca qui le dépanne, en lui prêtant un pantalon… qui n’était pas destiné à Suzuki, mais à un certain Sidney Crosby.
Un vêtement coupé pour des cuisses de vétéran aguerri, un peu trop large pour le jeune capitaine du CH. Anecdote amusante… mais qui va changer bien plus que sa garde-robe.
De retour à l’hôtel, Suzuki croise Crosby dans le lobby. C’est la première fois qu’ils se parlent. Parfait pour briser la glace : « Merci pour les pantalons. »
Crosby rit, le ton est donné. Et très vite, la conversation prend une tournure plus sérieuse. Chantal Machabée, vice-présidente communications du Canadien, avait déjà conseillé à Suzuki de prendre Crosby en exemple pour sa manière de gérer les médias. Crosby, lui, y ajoute une recommandation personnelle : apprends le français.
Le conseil qui change tout.
Ce n’est pas un hasard si Crosby aborde ce sujet. Lui-même, à l’époque du Rimouski Océanic, avait appris le français pour échanger avec ses coéquipiers et le public québécois.
Il n’a jamais oublié cette expérience, même s’il a progressivement cessé de donner des entrevues dans la langue de Molière.
Pour Crosby, dans un marché comme Montréal, parler français n’est pas qu’un geste symbolique : c’est une arme. Une façon de se rapprocher de plus de la moitié de la base de partisans. Une façon de montrer qu’on respecte l’histoire et la culture du club.
Suzuki, qui a étudié le français à l’école, n’est pas un novice. Il comprend des phrases simples, peut en prononcer plusieurs… mais il a toujours été freiné par une timidité naturelle et par la peur de mal faire.
Ce que Crosby lui dit ce jour-là résonne :
« Si tu veux vraiment connecter avec cette ville, fais-le. Même si ce n’est pas parfait. »
Il faut dire que ce sujet le poursuit depuis qu’il porte le “C”. Michel Bergeron, le « Tigre », ne lâche pas. À chaque intervention publique, il martèle que le capitaine du Canadien doit parler français.
Koivu a vécu la même pression, mais l’ère médiatique actuelle, amplifiée par les réseaux sociaux, rend la critique plus instantanée et plus tranchante.
Pour Bergeron, le fait que Suzuki comprenne le français mais ne le parle pas est une faute professionnelle.
« C’est un manque de respect », répète-t-il. Et plus Suzuki tarde, plus la pression monte.
Le CH a mis en place un plan clair : embaucher un professeur de français pour les joueurs, avec un format beaucoup plus convivial et informel que par le passé. L’idée est d’éviter les séances rébarbatives et d’encourager l’apprentissage naturel, dans le vestiaire, au quotidien.
Suzuki, lui, aurait pris la décision de faire un pas public. L’objectif? Être capable de répondre à quelques questions simples en français devant les caméras d’ici la fin de l’année. Pas un discours politique, mais suffisamment pour envoyer un signal fort.
Et c’est là que le lien avec Crosby revient en force…
Depuis plusieurs mois, les rumeurs persistent : Sidney Crosby pourrait finir sa carrière à Montréal. Le timing probable? Après les Jeux olympiques de 2026.
D’ici là, il restera à Pittsburgh, fidèle à Evgeni Malkin, avec qui il a juré de finir son parcours… mais ouvert à un nouveau chapitre si les Penguins sont hors des séries à la date limite des transactions.
Pour les partisans, savoir que Crosby a influencé Suzuki dès leur première rencontre alimente les fantasmes. Et pour ceux qui craignaient que l’arrivée d’un monument comme Crosby fragilise l’autorité de Suzuki comme capitaine, les faits prouvent le contraire : Suzuki parle de Crosby avec des étoiles dans les yeux. Aucune crainte, aucun ego blessé. Seulement de l’admiration.
Le débat sur la langue n’est qu’une facette de la pression que Suzuki subit depuis qu’il est capitaine. Sa voix, jugée trop douce par certains commentateurs, a été moquée. Son ton calme, souvent interprété comme un manque de passion, est scruté à la loupe.
Dans ce contexte, prendre le risque de s’exprimer en français devant les médias est un pari. La moindre erreur de prononciation, le moindre mot mal choisi sera disséqué. Mais l’impact positif potentiel est énorme.
On parle d'un geste qui peut marquer l’histoire
Si Suzuki réussit ce virage, il deviendra le premier capitaine du CH depuis des décennies à entreprendre volontairement d’apprendre et de parler français, sans y être forcé par une crise médiatique. Ce serait un geste d’ouverture qui pourrait marquer durablement son héritage.
Et pour Crosby? C’est la preuve qu’il reste, même à distance, un leader influent dans la ligue.
Imaginez la scène : après Milan 2026, Crosby signe à Montréal. Suzuki, déjà capitaine, l’accueille dans un vestiaire où il a gagné en aisance médiatique, capable de s’adresser à ses partisans dans les deux langues. Crosby, en mentor discret, trouve sa place dans un groupe jeune et bilingue.
Ce scénario, aussi hypothétique soit-il, donne déjà des frissons à une partie du public montréalais. Et il s’inscrit parfaitement dans la continuité de cette conversation de Vegas, où un simple pantalon trop grand a ouvert la porte à un changement culturel profond.
La saison qui s’en vient sera déterminante. Suzuki devra gérer les attentes sportives, maintenir son rôle de leader dans un groupe en pleine évolution, et relever ce défi linguistique sous les projecteurs.
Mais s’il réussit, il pourrait bien transformer son image : de capitaine discret et parfois critiqué, il deviendrait le symbole d’un pont entre deux cultures, entre tradition et modernité, entre l’héritage du CH et son avenir.
Oui... nous avons des frissons dans le dos...