Froid entre Montembeault et Montréal : même les victoires ne suffisent plus à le protéger

Froid entre Montembeault et Montréal : même les victoires ne suffisent plus à le protéger

Par André Soueidan le 2025-11-08

Il y a quelques mois à peine, Samuel Montembeault représentait la stabilité devant le filet du Canadien.

Aujourd’hui, même après une victoire, le malaise demeure dans l’air du Centre Bell.

Ce n’est pas une crise ouverte, mais un froid silencieux entre le gardien québécois et la réalité du sport professionnel.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : trois victoires seulement cette saison, une moyenne de buts alloués à 3,67 et un pourcentage d’arrêts de ,855.

Pour un gardien numéro un, ces statistiques ne pardonnent pas.

Montembeault a déjà eu la ville derrière lui.

On se souvenait de celui qui avait résisté au chaos des saisons de reconstruction, accepté des contrats modestes, protégé une équipe décimée par les blessures.

Mais cette année, quelque chose a changé.

Ce ressenti n’est pas une question de manque d’effort ou de mauvaise attitude. Il est lié à ce que tout le monde voit : la pression monte, et la relève frappe à la porte.

Pendant ce temps, à Laval, un autre Jacob fait parler de lui.

Jacob Fowler n’a toujours pas perdu à domicile cette saison.

Quatre matchs, quatre victoires. Sa dernière performance, un match de 25 arrêts dans un gain de 4 à 2 contre le Wolf Pack de Hartford, a encore renforcé l’idée qu’un nouveau chapitre se prépare devant les filets de l’organisation.

Pas un mot plus haut que l’autre, pas d’émotions débordantes, juste un calme confondant.

Pendant que Montembeault lutte contre les attentes, Fowler incarne la sérénité d’un gardien qui, lui, ne doute pas.

Ce contraste est brutal.

D’un côté, Montembeault qui encaisse trois buts, parfois quatre, et qui doit vivre avec les huées lorsque le score tourne trop vite contre lui.

De l’autre, Fowler qui gagne sans éclat, mais sans faille.

Et entre les deux, une vérité que tout le monde comprend mais que personne n’ose encore prononcer publiquement : le Canadien ne pourra pas jongler éternellement avec trois gardiens.

Il y a Montembeault, il y a Jakub Dobeš qui attend toujours son vrai baptême de confiance au niveau supérieur, et il y a Fowler, qui continue de gagner sans rien dire.

Dans ce contexte, ce n’est plus seulement une question de performance sur un soir.

C’est une question de trajectoire. Montembeault a 29 ans. Son contrat se termine en 2026-2027. Il a offert ses meilleures années à un salaire bien en dessous de sa valeur réelle.

Il a porté l’équipe dans des moments difficiles, mais l’organisation est en train de changer d’ère.

Et dans cette nouvelle ère, les décisions ne seront pas basées sur la reconnaissance, mais sur la projection.

Qui sera le gardien du Canadien dans deux ans? Qui pourra grandir avec Demidov, Hutson et Slafkovsky?

Qui pourra suivre le rythme d’une équipe qui veut cesser de survivre et commencer à dominer?

Montembeault n’est pas fini. Il n’a pas perdu son talent ni sa combativité. Mais il n’a plus de marge d’erreur.

À Montréal, on aime protéger, on aime pardonner, mais on n’aime pas ignorer ce qui est en train de se produire sous nos yeux.

Et en ce moment, ce que l’on voit, c’est un gardien qui se bat contre le courant pendant qu’un autre, plus jeune, laisse le courant le porter vers l’avenir.

Il ne s’agit pas d’un manque de respect envers Montembeault. Au contraire.

C’est peut-être parce qu’il a gagné le respect de tous que ce moment est si difficile à regarder.

Voir un gardien québécois, apprécié, professionnel, se faire lentement rattraper par le temps et la logique du sport moderne, ça fait mal. Mais fermer les yeux serait malhonnête.

Oui, les partisans et les médias francophones aiment Montembeault.

Oui, l’organisation respecte ce qu’il a fait.

Mais aujourd’hui, ce sentiment ne suffit plus à effacer la vérité.

Même lorsqu’il gagne, même lorsqu’il fait les arrêts nécessaires pour survivre à un match, le doute reste présent. Le froid aussi.

Et à Montréal, lorsqu’un froid s’installe entre un joueur et le filet, il ne fond presque jamais.

Ce qu’on voit en ce moment, c’est le début d’un glissement silencieux.

Pas un scandale. Pas une trahison. Mais un déplacement de pouvoir.

L’équipe qui, hier, protégeait Montembeault par loyauté, ne peut plus le protéger contre la logique.

Et quand la logique frappe, elle frappe froidement.

Montembeault n’a plus droit à l’erreur. Il peut gagner, il peut voler un match, il peut se relever. Mais il sent, comme tout le monde, que ce n’est plus suffisant pour arrêter le temps.

Pendant ce temps, Fowler accumule les victoires. Dobeš apprend à se blinder. Et le Centre Bell observe tout ça, comme on observe la fin d’une ère sans oser le dire à voix haute.

À Montréal, ce n’est jamais la défaite qui met un joueur en danger. C’est le moment où les gens cessent d’avoir peur de la suite sans lui.

Et c’est exactement ce qui est en train d’arriver.

Ouch...