Il y a des carrières marquées par les rebondissements, puis il y a celles qui ressemblent à une série de collisions en chaîne.
Alex Galchenyuk, lui, est devenu une sorte de phénomène à part : chaque détour de son parcours soulève un malaise, chaque “comeback” déclenche une controverse.
Et le dernier en date ne fait pas exception.
Selon le site russe Championnat.com, Galchenyuk a été nommé capitaine de l’Amur de Khabarovsk dans la KHL… par son propre père, Alexander Galchenyuk, récemment promu entraîneur-chef de l’équipe.
Oui, t’as bien lu. Le fils est joueur. Le père est coach.
Et le “C” va directement sur le chandail du fils.
Pas besoin de scrutin. Pas besoin de leadership reconnu.
Juste un choix familial, assumé, et complètement déconnecté de la logique d’un vestiaire professionnel.
Pour ceux qui ont suivi la carrière de Galchenyuk, ce genre de scénario n’est même plus surprenant.
Depuis qu’il a quitté la LNH en 2024, après avoir été trimballé dans sept équipes en sept saisons, on pensait que le “show Galchenyuk” avait tiré sa révérence.
Mais non. Il s’accroche.
Il revient dans la lumière.
Et jamais par la grande porte. En 2023, il avait signé un contrat avec les Coyotes de l’Arizona (équipe désormais relocalisée à Utah depuis 2024).
Mais moins d’une semaine plus tard, il était libéré après une arrestation retentissante à Scottsdale.
Ce n’était pas une simple incartade. C’était un dérapage complet.
D’après le rapport de police obtenu par ESPN, Galchenyuk, en état d’ébriété, aurait proféré des menaces graves envers les agents.
Parmi les citations inscrites dans le rapport, on retrouve notamment :
« Un seul appel, et vous êtes tous morts. Toute votre famille. Votre lignée au complet. »
Et aussi : « Je vais découper ta femme et ta fille. »
Ces propos ont été captés par la caméra corporelle des policiers, dont les images ont ensuite été diffusées par plusieurs médias américains, dont AZFamily.com et Fox News.
Le tout a conduit à une rupture immédiate de son contrat par les Coyotes. Fin de son aventure en Amérique du Nord.
Alors, comment on passe de cette scène à un rôle de capitaine dans une ligue professionnelle internationale?
En Russie, visiblement, tout est possible.
Mais ce qui choque dans cette histoire, ce n’est pas juste la réhabilitation.
C’est la façon dont elle est orchestrée.
Le père devient entraîneur-chef. Son premier geste? Donner le “C” à son fils.
Un geste rapporté par Championnat.com le 30 août 2025.
Le problème ici, c’est le message. On parle d’un capitaine. Pas d’un joueur de soutien. Pas d’un vétéran discret. D’un capitaine.
Le gars censé incarner les valeurs du groupe.
Porter l’effort collectif. Parler au nom du vestiaire.
Représenter l’équipe publiquement.
Et là, ce capitaine est nommé par son père, un coach qui n’a encore rien prouvé à ce niveau, et qui décide d’instaurer une structure monarchique dès son arrivée.
C’est plus un vestiaire, c’est une réunion de famille avec chandails numérotés.
Et si tu crois que le passé envahissant d’Alexander Galchenyuk est derrière lui, détrompe-toi.
À Montréal, dans les années CH, son ingérence était bien connue.
Il intervenait constamment dans la gestion de son fils, questionnait les décisions des entraîneurs, appelait les journalistes, et créait un climat délétère autour de l’équipe.
Le tout sans jamais porter de responsabilités. Et aujourd’hui, il a la main sur tout. Et il place son fils au sommet dès le jour 1.
Imagine être un coéquipier. Tu rentres au camp, tu veux prouver ta place, tu veux te battre pour gagner un rôle… et tu réalises que ton capitaine est le fils du boss.
Tu veux remettre en question une décision? Oublie ça.
Ce n’est pas juste un manque de professionnalisme. C’est une dynamique viciée, et tout le monde le sait.
Et pour ceux qui diraient que Galchenyuk a peut-être changé, qu’il mérite une autre chance, rappelons que ses performances l’an dernier étaient bonnes, sans plus : 38 points en 59 matchs avec l’Amur.
Une fiche correcte, mais loin des standards d’un capitaine d’élite.
Et surtout, aucun signe que le gars a pris du recul ou qu’il assume publiquement ses erreurs.
Il n’a jamais vraiment exprimé de remords sincères pour l’épisode de Scottsdale.
Il s’est contenté d’un mea culpa écrit, rédigé par relationnistes, et n’a jamais affronté les médias de front. Rien de crédible. Rien de solide. Voici ce qui avait été publié à l'époque:
« Mon comportement la semaine dernière était profondément offensant, inacceptable, horrifiant… J’ai déçu tout le monde et je suis vraiment désolé. […] Aujourd’hui, je m’inscris au programme d’assistance afin d’obtenir l’aide dont j’ai besoin et j’espère ne plus jamais faire une erreur comme celle-ci. Encore une fois, je suis désolé de vous avoir laissés tomber, et j’espère qu’avec le temps et beaucoup de travail, je pourrai vous montrer que je suis quelqu’un de meilleur que ce moment horrible »
Et aujourd’hui, il revient en mode “leader désigné par papa”.
C’est un mauvais film.
Et ce qui est encore plus inquiétant, c’est que cette décision semble passer comme une lettre à la poste.
Personne ne réagit.
La KHL ne commente pas. L’équipe ne s’explique pas. Le monde du hockey fait semblant de ne pas voir.
Parce que c’est loin? Parce que c’est en Russie? Parce que “ce n’est plus notre problème”?
Mais c’est exactement ça, le problème.
Quand un joueur comme Galchenyuk, avec un historique aussi lourd, se retrouve propulsé capitaine par un proche, sans transparence ni mérite, c’est le sport au complet qui prend une claque.
C’est le message envoyé à tous les jeunes. Tu peux rater ta carrière, insulter des policiers, te foutre de l’éthique… et quand même te retrouver avec le “C”, tant que ton père est bien placé.
Et ce n’est pas une exagération. Ce n’est pas du sensationnalisme. C’est la réalité brute.
Documentée. Publiée. Et rendue publique.
Une réalité qui mérite d’être questionnée. Pas parce qu’on a quelque chose contre Galchenyuk personnellement.
Mais parce qu’il y a des centaines de joueurs dans le monde qui se battent tous les jours pour avoir une chance, une vraie.
Et pendant ce temps-là, certains héritent d’un rôle qu’ils n’ont pas gagné, juste parce que leur nom de famille figure sur la porte du bureau du coach.
Bienvenue dans la KHL, où le vestiaire peut devenir une dynastie privée.
Où un geste familial devient un symbole de malaise.
Et où, encore une fois, le nom Galchenyuk déclenche un orage.
Misère...