Joe Veleno n’a peut-être pas encore gagné une place dans l’alignement du Canadien de Montréal, mais il a déjà gagné quelque chose de beaucoup plus précieux : la confiance de Martin St-Louis.
Dans une guerre à trois qui oppose Veleno à Owen Beck et Sammy Blais, tout pointe vers un seul verdict : c’est Veleno qui a pris les devants.
Silencieusement. Stratégiquement. Efficacement.
Les chiffres parlent. Les décisions de l’entraîneur aussi.
Contre Toronto, dans une rencontre qui, pour bien des jeunes, avait des allures de jugement dernier, c’est Joe Veleno qui a été l’un des plus utilisés.
Pas Owen Beck. Pas Sammy Blais. Joe Veleno.
Sur les feuilles officielles de la LNH, il a été envoyé sur la glace 23 fois, pour un total de 15 minutes et 36 secondes.
Il a terminé le match avec quatre tirs au but, deux mises en échec, et surtout, un brillant 69 % d’efficacité au cercle des mises au jeu.
Même s’il a terminé la soirée à moins-1, tout comme Owen Beck et Sammy Blais qui complétaient son trio, Joe Veleno a quand même été le troisième attaquant le plus utilisé par Martin St-Louis.
Ce n’est pas un hasard. Quand un coach te garde sur la glace malgré un différentiel négatif, c’est qu’il voit autre chose : l’énergie, la présence physique, la confiance dans le cercle des mises au jeu.
Bref, un signe clair que Veleno monte dans la hiérarchie, peu importe ce que dit la feuille de statistiques.
C’est d’autant plus significatif que l’autre candidat direct à un poste, Owen Beck, a aussi bien joué… mais a été un cran derrière : 18 présences, 14 minutes de jeu, 50 % d’efficacité sur les mises en jeu.
Sammy Blais? Il a récolté une passe, oui. Mais seulement 12 minutes de jeu.
Et ce regard, on l’a vu pendant la conférence de presse. Lorsqu’on a demandé à St-Louis de commenter la performance de Joe Veleno, il n’a pas hésité à souligner son impact dans un rôle précis :
« Il a bien patiné. Il a joué une game très responsable. Il a amené une présence physique. Il a été bon sur les draws aussi, pis ça, on en a besoin. »
Pas besoin de paragraphes fleuris ou d’éloges grandiloquents.
Cette phrase veut tout dire. Dans une ligue où chaque joueur essaie de survivre en montrant des flashs offensifs, Joe Veleno a misé sur le jeu simple. L’efficacité. La maturité.
Il sait ce qu’il est. Il sait ce que veut Martin St-Louis. Et ça tombe bien : les deux sont parfaitement alignés.
Veleno lui-même, quand on l’a rencontré dans le vestiaire après le match, était d’une lucidité chirurgicale.
Il ne cherche pas à impressionner par la parole. Il sait que le verdict final se donne sur la glace. Mais il a quand même laissé échapper cette phrase lourde de sens :
« J’essaie d’être un joueur que tu peux faire confiance. Jouer simple, amener de l’énergie, jouer physique… gagner mes mises en jeu. Je pense que je peux aider. »
C’est exactement ce que Martin St-Louis cherche à bâtir : une équipe de joueurs fiables.
Pas de vedettes éphémères. Pas de surdoués qui brillent deux matchs et disparaissent ensuite. Des soldats. Des gars qui savent pourquoi ils sont là.
Et c’est là que Veleno gagne du terrain.
Parce que pendant que tout le monde avait les yeux rivés sur Owen Beck, c’est Joe Veleno qui s’est faufilé dans l’ombre.
À 25 ans, l’ancien choix de première ronde des Red Wings de Détroit sait que le temps commence à presser.
Montréal est peut-être sa dernière vraie chance de s’imposer dans la LNH. Et il joue comme un gars qui le sait.
D’ailleurs, dans le système actuel du Canadien, il n’y a de la place que pour 12 attaquants.
Il y en a 14 sous contrat, sans compter Patrik Laine, dont le statut demeure flou.
Joshua Roy, lui, a déjà été coupé. Alexis Belzile? Un vétéran respecté, mais pas de menace réelle. Sammy Blais?
En danger?
Oui, Blais gagne 775 000 $, et Veleno 900 000 $, mais ce n’est pas l’argent qui dictera la hiérarchie.
Ce sont les chiffres, les performances, les présences. Et dans cet univers-là, Joe Veleno a devancé tout le monde.
La question n’est plus de savoir s’il a sa place. La question est maintenant : qui sera écarté pour qu’il soit dans l'alignement?
Il suffit de regarder le temps de glace.
Alex Newhook a été le plus utilisé à l’attaque avec 19:06. Ensuite? Oliver Kapanen avec 17:49.
Et Joe Veleno vient juste après. Pas Sammy Blais. Pas Beck. Non....
Quand tu es le troisième attaquant le plus utilisé dans un match de pré-saison contre Toronto, dans un moment critique pour les décisions de personnel, ça veut dire quelque chose.
« Je veux juste montrer que je peux être utile. Peu importe le rôle, peu importe la ligne. J’ai eu des opportunités à Detroit, mais c’est ici que je veux me stabiliser. Je sens que j’ai une vraie chance. » ... Joe Veleno
Et il a raison. Parce que cette fois, ce n’est pas juste une autre équipe qui l’essaie. C’est un coach qui sait exactement ce qu’il cherche. Et Veleno semble être l’un des seuls à l’avoir réellement compris.
Le plus beau dans tout ça? Il n’a pas eu besoin de marquer.
Il a joué à la manière d’un Phillip Danault : en gagnant des mises au jeu, en bloquant des lignes de passes, en se sacrifiant dans les coins.
Le genre de hockey qui ne fait pas la une… mais qui fait gagner.
Martin St-Louis l’a vu. Il l’a senti. Et même s’il ne l’a pas proclamé devant les caméras, sa gestion du banc l’a crié haut et fort.
Alors que certains joueurs tentaient de sauver leur peau avec des feintes, des passes risquées et des jeux spectaculaires, Veleno a joué au hockey d’automne. Celui qui reste en avril.
Il n’a pas besoin qu’on lui dessine un jeu en avantage numérique. Il n’a pas besoin d’une tribune. Il veut juste une chaise.
Et il est en train de s’asseoir dessus.
Désolé, Owen Beck. Désolé, Sammy Blais. La guerre à trois a peut-être commencé avec vous, mais c’est Joe Veleno qui est en train de la gagner.
Et quand Martin St-Louis décidera dans une semaine qui monte dans l’autobus pour commencer la saison, ne soyez pas surpris si Veleno est le premier à embarquer.
Le coach a tranché.
Et pour une fois, ce n’est pas celui qui parle le plus fort qui l’a emporté. C’est celui qui a su écouter.
AMEN