Hockey Canada commet l'erreur du siècle: les Québécois sont révoltés

Hockey Canada commet l'erreur du siècle: les Québécois sont révoltés

Par Nicolas Pérusse le 2025-09-04

Hockey Canada n’apprendra jamais.

Ce matin, au lieu d’écrire une nouvelle page d’histoire avec éclat, l’organisation a réussi à salir encore une fois son image déjà fragilisée.

Lors d’une conférence de presse censée confirmer que Québec allait accueillir le Championnat du monde junior 2029, un détail est venu tout gâcher. Un détail qui, au Québec, n’est jamais un détail : l’orthographe de notre nom.

Sur l’un des trois chandails présentés, en lettres bien visibles, on pouvait lire… « Quèbec city ». Avec un accent grave, comme si on avait demandé à Google Translate de rédiger la version finale.

Dans un moment qui devait rassembler, on a plutôt offert au public une gaffe qui vire déjà en scandale.

Jean-Philippe Martin, de Radio-Canada, l’a bien résumé en parlant d’un manque évident de sensibilité linguistique dans une institution qui prétend représenter tous les Canadiens. Une observation sèche, mais implacable, qui résonne comme un tir frappé directement dans les gradins. Et qui met la table pour la suite.

Parce que ce n’est pas la première fois que Hockey Canada s’enlise dans ses propres erreurs. Et au rythme où vont les choses, ce ne sera pas la dernière.

La situation est d’autant plus absurde que l’annonce d’aujourd’hui aurait dû être triomphale. Québec accueillera en 2029 le Championnat du monde junior, un événement planétaire qui fait vibrer les amateurs de hockey chaque hiver.

Après avoir obtenu aussi le Mondial féminin 2027, la capitale pouvait bomber le torse et savourer sa reconnaissance internationale.

Mais voilà : au lieu de parler des retombées économiques, de la ferveur des partisans ou du prestige retrouvé, tout le monde discute d’un chandail raté.

Ce n’est pas juste une faute. C’est une gifle à tous ceux qui rappellent depuis des décennies que la langue française mérite d’être respectée. C’est une occasion ratée de montrer au reste du pays qu’on comprend les sensibilités d’ici.

Et c’est une nouvelle balle perdue tirée par Hockey Canada… sur elle-même.

On aurait pu croire qu’après l’explosion du scandale des agressions sexuelles, l’organisation aurait appris à mesurer chacun de ses gestes. On aurait pu croire qu’après avoir utilisé un fonds secret pour étouffer au moins vingt-et-un cas d’allégations depuis 2018, Hockey Canada aurait compris qu’elle n’a plus de marge d’erreur.

On aurait pu croire que, pour regagner la confiance des familles, des bénévoles et des jeunes, l’organisation allait marcher sur des œufs, prendre chaque décision comme une question de survie. Mais non. Elle trébuche encore, et encore.

L’ironie est brutale. On parle d’une institution qui se targue de former les entraîneurs à de nouvelles règles imposées d’en haut, qui oblige tous les acteurs du hockey mineur à suivre des formations sans pouvoir poser de questions.

Une institution qui impose le silence plutôt que le dialogue. Et pourtant, elle n’est même pas capable de relire correctement le nom de la ville hôte d’un tournoi majeur.

À Québec, cette bourde linguistique prend des allures de provocation. Dans les cafés, dans les tribunes, on n’en parle pas comme d’une simple erreur typographique. On en parle comme d’un symbole. Comme une preuve de plus que le français reste secondaire dans un pays qui promet l’égalité des deux langues officielles.

Comme un signe que, peu importe le prestige d’un événement, on nous regarde encore comme une traduction de trop.

Et c’est là que la politique rattrape le hockey. Le Parti québécois, qui vient tout juste de célébrer l’élection d’un nouveau député dans Témiscamingue–Abitibi, trouve dans ce genre de maladresse le carburant parfait pour rallumer la flamme.

Une simple faute de frappe devient une arme dans le discours souverainiste. Et à force de multiplier les bévues, Hockey Canada finit par se transformer en catalyseur de frustrations beaucoup plus grandes que le sport.

Soyons clairs : ce n’est pas le chandail en lui-même qui change la donne. C’est tout ce qu’il révèle. Une organisation coupée de la réalité, qui ne comprend plus le poids symbolique de ses propres gestes.

Une direction obsédée par l’image, mais incapable de réparer les fondations. Une institution qui se croit encore invincible, alors que sa crédibilité s’effrite à chaque annonce.

Et dans les gradins, ce sont toujours les mêmes qui paient : les familles, les entraîneurs, les bénévoles, les jeunes joueurs et joueuses. Ceux qui se demandent pourquoi ils devraient continuer à faire confiance à un système qui n’arrive même pas à écrire correctement le nom de la ville où il veut bâtir son avenir.

On pourrait en rire. On pourrait tourner ça à la blague et parler d’un simple accent mal placé.

Mais au Québec, les accents ne sont pas de simples détails. Ils font partie de l’identité. Et quand Hockey Canada se permet de les bafouer, devant les caméras, c’est toute une communauté qui se sent insultée.

Voilà pourquoi cette histoire prend une ampleur démesurée. Parce que dans le fond, ce n’est pas une faute de frappe. C’est une énième preuve qu’Hockey Canada n’a rien compris. Qu’au lieu de reconstruire patiemment sa crédibilité, l’organisation continue d’empiler des erreurs qui ravivent la colère.

Qu’elle donne des armes à ses détracteurs au moment même où elle prétend vouloir se réhabiliter.

Québec aurait dû être une célébration. Ça commence plutôt comme une farce. Une farce qui, déjà, fait réagir sur les réseaux sociaux, qui circule dans les médias, qui nourrit les soupçons. Et qui démontre que même quand Hockey Canada veut bien faire, elle réussit à s’auto-saboter.

La confiance, c’est fragile. Et dans le cas de Hockey Canada, elle est déjà brisée. Aujourd’hui, il suffisait de présenter trois chandails propres, bien écrits, pour rappeler qu’on peut encore célébrer ensemble.

Mais non. Même ça, c’était trop demander.

Et à partir de là, comment croire que cette organisation est capable de gérer un tournoi international? Comment croire qu’elle peut protéger les jeunes quand elle ne sait pas protéger son propre logo? Comment croire qu’elle peut réconcilier le pays quand elle ne sait même pas écrire correctement Québec?

Ce matin, dans une salle où tout devait être festif, Hockey Canada a encore démontré sa plus grande spécialité : transformer l’or en plomb.

Et tant que personne ne prendra le vrai temps de faire le ménage, profond et définitif, les mêmes erreurs reviendront.

Toujours. Et Encore.