C’est avec un mélange de consternation, de honte et de frustration que de nombreux partisans du Canadien de Montréal ont regardé L’Antichambre après le match contre les Islanders de New York.
Une défaite crève-cœur en prolongation, certes, mais un match dans lequel le CH a livré une performance inspirée, combative et franchement encourageante.
Plus de 40 tirs au filet, un retour de l’arrière spectaculaire en troisième période, et une domination quasi totale en possession de rondelle. Et pourtant, que s’est-il dit à RDS après ce match?
Que le Canadien avait joué un match atroce.
Oui, atroce. C’est le mot utilisé par Benoît Brunet, avec le ton dramatique qu’on lui connaît. Une déclaration tellement déconnectée de la réalité qu’on se demande franchement s’il regardait le même match que nous.
Et comme si ce n’était pas assez absurde, Brunet a conclu son segment par un glacial et totalement incohérent
"On s’essuie et on recommence".
On s’essuie… quoi exactement, Benoît? Le derrière? La dignité? La passion des partisans?
Cette phrase résume parfaitement le niveau de superficialité, de vide analytique et de cynisme qui règne aujourd’hui sur le plateau de L’Antichambre.
Mais Brunet n’a pas été seul à sombrer dans le ridicule. Bob Hartley, qui s’impose comme l'un des meilleurs de RDS d'habitude, a renchéri en affirmant que le CH est "dans la bouette".
La bouette? Une équipe qui tire de l’arrière 1-3, qui refuse d’abandonner, qui pousse le jeu jusqu’en prolongation contre une formation bien établie comme les Islanders, c’est ça être dans la bouette?
Heureusement, Gaston Therrien, souvent critiqué à juste titre pour le fait d'être passé date, a été le seul à montrer un brin de lucidité, soulignant que le Tricolore avait fait preuve de courage et d’intensité.
Mais cette rare lumière a vite été éteinte quand il a planté Lane Hutson, le jeune prodige responsable sur le but gagnant en prolongation, comme s’il fallait absolument trouver un coupable pour enterrer le bon effort collectif.
Ce qu’on a vu à L’Antichambre, c’est plus qu’un simple mauvais moment de télé. C’est un révélateur de la crise profonde dans laquelle RDS s’enlise.
À force de donner la parole à des analystes usés, amers et incapables de reconnaître le bon dans la progression d’une équipe jeune, le réseau devient l’incarnation même d’un hockey d’un autre temps.
On aurait dit une réunion de mononcles désabusés, incapables de sourire, incapables d’encourager, incapables de voir la beauté dans l’effort.
Ce n’est pas du journalisme. Ce n’est même plus de l’analyse. C’est du défaitisme chronique, de la mauvaise foi, de la nostalgie toxique.
Et le pire? Le public s’en rend compte. Sur les réseaux sociaux, les réactions étaient violentes, claires, sans appel. Les partisans ont eu honte de ce qu’ils ont entendu. Ils veulent des commentaires honnêtes, pertinents, modernes. Pas un concert de gérants d’estrade surpayés qui méprisent le moindre effort de l’équipe.
RDS ne peut plus se cacher. La patience du public est à bout. On ne veut plus entendre Benoît Brunet déformer la réalité parce qu’un joueur n’est pas né au Québec.
On ne veut plus écouter Gaston Therrien et ses sottises. Et on ne veut surtout plus voir les jeunes joueurs du Canadien se faire démolir par un réseau qui devrait les soutenir.
Le CH a joué avec cœur, avec intensité, avec caractère. Mais à RDS, il faut que ça chiale. Toujours. C’est la ligne éditoriale par défaut.
Et cette ligne-là, elle use le public à petit feu.
Il serait peut-être temps pour L’Antichambre de s’essuyer aussi… mais pas la mémoire. Parce qu’on ne l’oubliera pas, ce moment de honte télévisée, où le mépris a remplacé l’analyse. Où l’amertume a tué la passion.
RDS n’a pas seulement perdu le fil du match.
Il est en train de perdre son public.
Ce qui rend la situation encore plus accablante, c’est qu’il ne s’agit plus d’un incident isolé. L’indignation des partisans après L’Antichambre n’est que le dernier exemple d’un malaise bien plus profond qui ronge RDS de l’intérieur.
Le public n’en peut plus.
De semaine en semaine, les commentaires pleuvent sur les réseaux sociaux, et c’est toujours la même rengaine :
« À quand le renouveau? ».
« Pourquoi toujours les mêmes têtes? ».
« Où sont les jeunes analystes? ».
Les partisans crient à l’unisson, mais personne n’écoute dans les bureaux feutrés de Bell Média.
Les Benoît Brunet, Gaston Therrien, Norman Flynn, tous devenus les symboles d’un réseau incapable de se renouveler, s’accrochent à leur micro comme des dinosaures refusant de disparaître, pendant que les jeunes voix passionnées, compétentes et branchées sur le hockey moderne sont tenues à l’écart.
Pendant ce temps, TVA Sports, malgré tous ses défaut, ose, tente, se trompe parfois, mais au moins essaie de rajeunir son produit.
À RDS? Rien ne bouge. Le même ton, les mêmes clichés, les mêmes grimaces désabusées face à tout ce qui ne date pas des années 1990.
Et ce refus obstiné de modernisation n’est pas sans conséquences.
Les jeunes amateurs de hockey ont déserté RDS. Demandez à n’importe quel partisan de moins de 30 ans : aucun ne regarde L’Antichambre.
Aucun ne tolère les interventions de Brunet. RDS est devenu une chaîne de baby-boomers parlant à d'autres baby-boomers.
Un réseau déphasé, qui s'accroche à une époque révolue comme à une bouée qui prend l’eau.
Et maintenant, les chiffres financiers suivent cette tendance inquiétante.
RDS est dans le rouge. Les pertes s’accumulent. Les revenus plongent. Le contrat régional du Canadien, qui prend fin en 2026, pourrait ne pas être renouvelé – un désastre stratégique potentiel pour Bell Média.
Et au lieu de se réinventer pour reconquérir le public, RDS choisit la voie du déni.
La direction ignore les plaintes, comme si le public n’existait pas. Les critiques sur les réseaux sociaux sont traitées comme du bruit de fond, alors qu’elles sont le signal d’un naufrage imminent.
À force de s’entêter à donner le micro aux Brunet, Therrien et Flynn de ce monde, RDS creuse sa propre tombe.
Le hockey évolue. Le public aussi.
Mais RDS est figé. Prisonnier de son âge, de ses réflexes et de ses visages fatigués.
Il n’y a plus de place pour la jeunesse, ni devant la caméra, ni derrière. Aucun programme ne donne la parole à la relève. Aucune émission ne vise les 18-35 ans.
Et les conséquences sont là, claires et sans pitié,.
Les jeunes ont tourné le dos à RDS. Et s’ils ne réagissent pas rapidement, ce n’est pas juste leur pertinence qu’ils perdront.
C’est leur existence.