Honte publique à Toronto: Auston Matthews va battre le record d’Alex Ovechkin

Honte publique à Toronto: Auston Matthews va battre le record d’Alex Ovechkin

Par Marc-André Dubois le 2025-04-07

À peine quelques heures après qu’Alexander Ovechkin ait officiellement détrôné Wayne Gretzky comme meilleur buteur de tous les temps dans la LNH, les médias torontois, fidèles à leur ADN, ont trouvé une façon bien à eux de faire dérailler le moment historique : projeter Auston Matthews sur le trône… avant même qu’Ovechkin ait eu le temps de célébrer.

C’est typique. TSN, Sportsnet, The Athletic version Toronto, les panels de SportsCentre, les radio sportives: tous ont emboîté le pas à une question aussi absurde que prématurée — est-ce qu’Auston Matthews peut maintenant battre Ovechkin?

Le record vient d’être battu.

La page de l’histoire est encore humide.

Ovechkin est toujours en uniforme.

Et eux, ils prédisent déjà la suite avec leur “homerism” torontois. Tellement énervant...

On ne devrait pas être surpris.

À Toronto, le monde du hockey tourne autour des Maple Leafs.

Qu’on parle des séries, du repêchage, des trophées, des records ou même de la météo sur la patinoire, il faut toujours que le nom des Leafs soit placé en plein milieu de la table.

Le Canadien de Montréal, équipe historique, en lutte pour les séries? Silence radio.

Nick Suzuki, Lane Hutson, Cole Caufield, Juraj Slafkovsky? Absents des ondes.

La course à l’Ouest? Aucune mention.

Mais Auston Matthews? Un match de deux buts contre Columbus et c’est une éruption médiatique digne d’une conquête de la Coupe Stanley.

Et là, parce que Matthews a marqué 398 buts en 623 matchs, les analystes torontois s’excitent en affirmant qu’il est sur un rythme pour en marquer 952 s’il joue autant de matchs qu’Ovechkin ou Gretzky.

Mais dans le Toronto sports media bubble, le ridicule ne tue pas. Il nourrit.

Auston Matthews, de son côté, n’a pas voulu embarquer dans la mascarade. Lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il croyait qu’il pouvait battre le record de Ovechkin, il a esquivé la question avec un sourire en coin :

« Tout est possible, mais ce soir, c’est à Alex de recevoir les honneurs. »

Une réponse polie. Calculée. Mais aussi… révélatrice.

Parce que Matthews sait très bien que ces questions viennent d’un chauvinisme maladif qui habite la couverture médiatique des Leafs depuis des décennies.

Et même lorsqu’il tente d’être humble, ce petit sourire en coin qu’il laisse échapper trahit une certaine confiance, une certaine arrogance tranquille, typiquement torontoise.

Le fond du problème, ce n’est pas Auston Matthews.

C’est la bulle torontoise dans laquelle baignent les médias nationaux.

Une bulle où le mot “national” veut dire “Maple Leafs”, et où tout ce qui n’est pas bleu et blanc est soit ignoré, soit rabaissé.

C’est la même machine médiatique qui, année après année, prédisait les Leafs en finale de la Coupe après chaque victoire en octobre.

Celle qui célébrait Mitch Marner comme le prochain Crosby, qui comparait Morgan Rielly à Bobby Orr, et qui faisait de Sheldon Keefe un génie tactique comparable à Scotty Bowman.

Alors qu’au même moment, la couverture de Cole Caufield, Samuel Montembeault ou Kaiden Guhle au Québec est jugée “trop passionnée” ou “trop locale”.

La passion à Toronto est du “coverage”.

À Montréal, c’est du “biais”.

La vérité?

Personne ne battra Ovechkin de sitôt.

Matthews a une belle moyenne de buts.

Mais il faudrait qu’il joue plus de 10 saisons à un rythme effréné, sans blessure, sans baisse de régime, et sans s’exiler en Europe à 34 ans comme plusieurs vedettes américaines.

Est-ce possible? Peut-être.

Est-ce probable? Non.

Mais surtout : est-ce que c’est le moment d’en parler? Absolument pas.

Laissez Ovechkin savourer.

Laissez le hockey respirer.

Laissez les chiffres se déposer.

Et surtout, laissez le chauvinisme torontois à la porte pendant cinq minutes.

Mais non.

À Toronto, on préfère détourner la gloire de l’un pour propulser un autre, simplement parce qu’il porte le bon chandail.

C’est ça, le vrai visage des médias sportifs torontois : prêts à tout pour alimenter leur machine à illusion, quitte à manquer complètement le moment historique.

Et c’est aussi ça, Auston Matthews aujourd’hui : le nouveau roi désigné… dans un royaume imaginaire.

À force de vivre dans une bulle, les médias de Toronto finissent par croire à leurs propres légendes.

Mais pendant qu’ils spéculent à voix haute sur la possibilité que Auston Matthews devienne le plus grand buteur de tous les temps, une rumeur bien plus savoureuse court dans les coulisses de la LNH : certaines équipes feraient exprès de perdre… pour affronter les Leafs en séries.

Les Panthers de la Floride choisiraient volontairement de glisser au classement pour éviter Tampa Bay et tomber plutôt sur les éternels chokers de Toronto. C’est devenu un “strategy move”, comme disent les analystes anglophones.

Perdre pour affronter les Leafs. Voilà où on en est.

Cette situation serait grotesque si elle n’était pas si crédible.

Car soyons honnêtes : qui a peur des Maple Leafs en séries éliminatoires?

Depuis l’ère post-lockout, Toronto est la seule franchise de l’Est qui rend ses adversaires plus confiants à l’approche du printemps.

Les Bruins? Ils les mangent tout cru. Le Lightning? Ils les ont éliminés en dormant. Les Panthers? Ils les ont humiliés l’an dernier.

Et pourtant, les médias torontois continuent de nous parler d’Auston Matthews comme d’un héritier de Gretzky, de Mitch Marner comme d’un Patrice Bergeron 2.0, de William Nylander comme d’un futur Conn Smythe.

Pendant ce temps, dans les vraies coulisses de la ligue, on rigole.

Les directeurs généraux s’échangent des textos.

On calcule les probabilités.

Et on souhaite tomber sur Toronto en première ronde comme on souhaiterait tirer un adversaire en congé.

Le plus ironique dans tout ça?

C’est que le Toronto Hockey Media Complex ne voit rien de tout ça.

Trop occupés à spéculer sur combien de buts Matthews marquera d’ici 2037.

Trop distraits à bâtir des narratifs absurdes sur “l’ascension des Leafs”.

Trop déconnectés de la réalité des séries.

Parce qu’au lieu de regarder les faits — un historique de défaites, d'effondrement, de frustration et de panique — ils préfèrent alimenter une version fantasmée où tout le monde craint Toronto.

En vérité, les équipes veulent affronter les Leafs.

Pas pour le défi.

Pour la facilité.

Alors, avant de fantasmer sur Matthews qui détrône Ovechkin…

Avant de comparer Marner à Lemieux…

Avant de présenter Morgan Rielly comme un héros de guerre…

Peut-être que les médias torontois devraient s’occuper de l’urgence réelle :

Redonner un semblant de crédibilité à une équipe que tout le monde veut affronter en séries.

Parce qu’on le sait tous…

Quand les séries commencent, la “Leafs Nation” devient “Leafs Déception”.