Il fallait que ça arrive. Dans un marché aussi bouillant que Montréal, chaque souffle d’un joueur ou d’un dirigeant du Canadien devient une bombe médiatique.
Le 1er septembre, date clé dans le dossier Carey Price, a été transformé en spectacle par Jean-Charles Lajoie.
Avec son aplomb habituel, JiC a lancé son « scoop » : Carey Price va être échangé. Et pour donner du poids à sa prédiction, il a ajouté que Kent Hughes était prêt à inclure un choix de première ronde pour acquérir un deuxième centre.
En d’autres mots, rien que tous les observateurs, blogueurs et insiders répètent depuis des mois. Mais JiC, fidèle à sa réputation, a tenté de transformer une évidence en révélation apocalyptique.
Le problème? La patience du public est usée. Sur les réseaux sociaux, la réaction a été immédiate, cinglante et sans pitié. Non pas parce que Lajoie a dit une énormité, mais parce qu’il n’a rien dit de neuf.
Tout le monde savait déjà que le 1er septembre est la date charnière. Ce jour-là, un bonus massif est versé à Carey Price, et les assurances prennent ensuite en charge la majorité de son salaire.
Résultat : le contrat devient attrayant pour les équipes qui veulent gonfler artificiellement leur masse salariale sans se ruiner.
Chicago, San Jose, Pittsburgh… les scénarios sont connus. Les noms circulent depuis des mois. Des insiders crédibles en parlent depuis le début de l'été.
Mais Lajoie, après un silence estival complet, est revenu en grandes pompes pour « annoncer » ce que tout le monde savait déjà.
Les commentaires sur Facebook et X ont fusé. Certains exemples, nettoyés des insultes les plus crues, en disent long :
« JiC essaie encore de faire croire qu’il a des infos, mais on sait tous que c’est sa dernière année. Il veut juste sauver son émission en déclin. »
« C’est rendu un personnage de cirque. »
« On dirait qu’il veut faire son tour d’honneur, comme s’il savait déjà que TVA Sports allait fermer et que c’était sa dernière saison. »
« JiC fait semblant de détenir des secrets, mais en réalité il répète ce que tout le monde lit sur les blogues depuis des semaines. »
« C’est triste parce que c’est clair qu’il joue ses dernières cartes. Même lui doit savoir que ça achève. »
« Le problème de JiC, ce n’est pas qu’il se trompe. C’est qu’il nous prend pour des idiots. »
« Quand il annonce quelque chose, c’est déjà vieux. Comme un clown qui arrive en retard au spectacle. »
« JiC, c’est la métaphore parfaite de TVA Sports : du bruit, des pertes, et plus rien de crédible. »
La sévérité du public peut sembler exagérée, mais elle illustre un problème bien réel : Jean-Charles Lajoie ne bénéficie plus d’aucun capital de crédibilité.
Chaque sortie est perçue comme une tentative désespérée d’attirer l’attention, pas comme une information.
Et c’est là que le cas JiC se confond avec celui de TVA Sports. Car cette intervention, plus marketing que journalistique, ressemble à une ultime manœuvre pour sauver une émission qui tire à sa fin.
Les chiffres sont catastrophiques : à peine 15 000 à 20 000 téléspectateurs par épisode, des cotes d’écoute dignes d’une télévision communautaire. À titre de comparaison, même les rediffusions d’émissions de variétés dépassent largement ces chiffres.
Pendant ce temps, TVA Sports cumule les pertes : entre 230 et 300 millions de dollars depuis sa création. Chaque année, la station engloutit des dizaines de millions supplémentaires. Et la fin du contrat de diffusion avec la LNH, prévue à l’été 2026, sera le coup fatal.
Soyons honnêtes : Jean-Charles Lajoie n’est pas responsable à lui seul de l’effondrement de TVA Sports. Mais il est devenu son visage, son symbole. Chaque fois que les chiffres sortent, chaque fois qu’un « scoop » tourne au ridicule, c’est son nom qui revient.
Lajoie et son faramineux salaire est aujourd’hui perçu comme une dépense inutile dans une station qui n’a plus les moyens de ses ambitions.
Ses détracteurs le rappellent sans cesse : pendant que des centaines d’employés de TVA sont licenciés, Lajoie continue d’occuper une case horaire en perte totale de vitesse.
Pendant que TVA Sports se noie, Bell et RDS préparent déjà la suite. Les négociations avec Rogers semblent pratiquement terminées : RDS et Crave, la plateforme de streaming de Bell, hériteront d'une énorme partie de la sous-licence francophone.
Autrement dit, TVA Sports sera exclu. Plus de hockey, plus de raison d’exister. La « bombe » de JiC sur Carey Price ressemble alors à une tentative pathétique de rappeler l’existence d’un réseau qui, dans un ans, n’aura plus rien à diffuser.
Les partisans du CH ont vraiment été sans pitié envers Lajoie. Au point que nous avons mal pour lui.
TVA Sports, c’est aujourd’hui un navire sans gouvernail. Les employés sont démoralisés, les licenciements se multiplient, les rumeurs de fermeture circulent. Même Pierre Karl Péladeau, à l’assemblée annuelle des actionnaires, a reconnu l’évidence :
« Il ne faudrait pas s’étonner que TVA Sports cesse ses activités. Après avoir investi plus de 230 millions de dollars, comme nous le disons en latin : don’t throw good money after bad. »
Un aveu brutal, qui laisse ses animateurs et chroniqueurs dans l’incertitude.
Jean-Charles Lajoie voulait relancer la discussion avec sa prédiction sur Carey Price. Il n’a fait que confirmer son isolement. Une grenade à blanc, qui a explosé à vide.
Mais au-delà de son cas personnel, c’est l’image de TVA Sports qui s’effondre. Une chaîne incapable d’innover, prisonnière de ses dettes, et qui voit Bell, RDS et Crave lui voler son ultime actif : le Canadien de Montréal.
Lajoie a cru en faire un spectacle. Il n’a fait que rappeler l’agonie d’un réseau.
Il y a un précédent qui colle à la peau de cet homme, et les partisans ne l’ont jamais oublié. Tout le monde se souvient que JiC avait affirmé hors de tout doute que Martin St-Louis allait démissionner avant Noël.
Selon lui, l’entraîneur du Canadien ne supportait plus la pression et préparait son départ « d’un commun accord » avec l’organisation. Une bombe médiatique… qui s’est révélée totalement fausse.
Depuis, cette déclaration hante sa crédibilité. Chaque fois que JiC tente de faire passer une rumeur pour une information béton, les réseaux sociaux lui rappellent cette prédiction ratée.
Pour plusieurs partisans, cet épisode prouve qu’il est prêt à tout pour gonfler artificiellement l’intérêt autour de son émission, même au prix de son sérieux journalistique.
Et c’est là qu’entre en jeu le paradoxe Lajoie : aussi maladroit soit-il dans ses prédictions, il persiste. On peut critiquer son style, son égo, son obsession à jouer les insiders, mais il faut lui reconnaître une chose : il ne lâche pas. C’est un battant, un orgueilleux qui refuse de se taire, même quand la tempête médiatique s’abat sur lui.
Mais cette persistance a un prix. L’annonce prématurée de la démission de St-Louis a abîmé de manière irréversible la confiance du public envers lui.
Chaque nouvelle « exclusivité » est accueillie avec sarcasme. Pour plusieurs, JiC n’est plus un informateur crédible, mais un personnage de spectacle qui surjoue le rôle du prophète de malheur.
Et pendant que TVA Sports s’enfonce dans ses pertes infinies, Lajoie tente le tout pour le tout. Il joue sa dernière à l’antenne, convaincu qu’un dernier coup d’éclat pourrait sauver son émission. Mais la réalité est brutale : dans un marché saturé par de vrais insiders, ses « scoops » sonnent de plus en plus creux.
Nos pensées doivent tout de même aller vers lui. Car aussi polarisant qu’il soit, aucun être humain ne mérite une telle animosité constante.
Lajoie fait face à un torrent de critiques, parfois disproportionnées, et cela doit être très difficile à vivre.
Derrière l’égo et la carapace, il y a un homme qui, coûte que coûte, refuse de se rendre. Et ça, il faut lui donner.