Hystérie au Michigan: le phénomène Michael Hage frappe encore une fois

Hystérie au Michigan: le phénomène Michael Hage frappe encore une fois

Par André Soueidan le 2025-11-08

Michael Hage est en train de devenir un problème… dans le meilleur et le pire sens du terme.

Pendant qu’à Montréal on cherche encore comment donner 12 minutes à Ivan Demidov sans provoquer une crise identitaire, un autre talent du Canadien fait tranquillement exploser les statistiques à des centaines de kilomètres du Centre Bell.

À l’Université du Michigan, Hage a inscrit deux buts hier soir dans une victoire de 7 à 4 face au Wisconsin, portant sa fiche à 17 points en 11 matchs cette saison.

Huit buts, neuf passes, une moyenne de 1,54 point par match.

Et surtout, une impression persistante qu’il se passe quelque chose. Pas un mirage, pas un feu de paille : un joueur qui dicte le rythme d’un match, même lorsque son équipe est en difficulté.

Le premier but qu’il marque hier soir n’est pas qu’un chiffre de plus.

C’est un tir précis, sous pression, dans un moment où son équipe tire de l’arrière. Il égalise, change l’élan du match et prouve encore une fois qu’il n’est pas qu’un compteur de points, mais un joueur de momentum.

Le deuxième, dans un filet désert, ne fera pas les manchettes, mais il confirme tout de même qu’il prend les décisions justes, qu’il est sur la glace dans les moments qui comptent et qu’il a gagné la confiance de son entraîneur.

Son entraîneur qui, d’ailleurs, n’essaie même plus de tempérer les attentes :

« Il joue avec maturité. On lui donne des responsabilités parce qu’il les mérite. »

Et c’est là qu’un autre débat commence à Montréal.

Parce que oui, Hage impressionne.

Mais non, il n’a encore rien prouvé dans la LNH. C’est du hockey universitaire.

Fort, rapide, structuré, mais encore à des années-lumière de la brutalité quotidienne de la Ligue nationale.

Il n’affronte pas Victor Hedman, ni Adam Fox, ni les trios fermés de Rod Brind’Amour.

Il affronte des jeunes de 19 à 22 ans, pas des hommes de 30 ans qui protègent leur gagne-pain à coups d’épaule.

Il est dominant, mais il évolue dans un environnement conçu pour développer, pas pour détruire.

Ce qu’on peut dire sans exagérer, c’est que Hage possède déjà trois choses impossibles à enseigner : le flair offensif, l’instinct dans les moments-clés et la capacité de dicter une séquence au lieu de la subir.

Et ce qu’on peut affirmer sans s’enflammer, c’est que Montréal n’a pas eu un centre droitier de ce style-là dans sa filière depuis Nick Suzuki.

Mais contrairement à Suzuki, il n’est pas d’abord un passeur. C’est un finisseur. Et ça change tout.

Et qu’on soit bien clair : ce n’est pas pour enlever quoi que ce soit à Nick Suzuki.

Personne ne remet en question son tir ni sa capacité à marquer dans la LNH.

Mais cette saison, quand on regarde les chiffres, on voit qu’il est en mode “playmaker”.

Trois buts, seize passes. C’est sa saison de fabricant de jeux. Il distribue, il orchestre, il fait briller les autres.

Et pourtant, Suzuki n’est pas qu’un passeur.

On n’a qu’à regarder ses deux dernières saisons pour s’en souvenir : 30 buts l’an dernier, 33 l’année d’avant.

Il sait finir, il sait marquer. Il va encore le faire cette année, surtout sur le jeu de puissance avec des passes millimétrées d’Ivan Demidov.

Mais ce qui distingue Michael Hage, c’est que lui pense tir avant tout.

Son premier réflexe, c’est d’attaquer le filet, de surprendre le gardien, de décoller un lancer dès qu’il voit un trou.

Il ne cherche pas la passe parfaite, il cherche à tuer le match.

Ce qui rend le cas Hage encore plus fascinant, c’est qu’il arrive exactement au moment où le Canadien commence à se demander qui sera son vrai deuxième centre l'an prochain.

Kirby Dach doit prouver qu’il peut rester en santé. Alex Newhook plafonne. Oliver Kapanen progresse, mais à l'aile.

Et pendant ce temps, Michael Hage alimente l’idée dangereuse qu’il pourrait peut-être sauter des étapes.

Qu’il pourrait peut-être, dès 2026, atterrir à Montréal sans passer par Laval.

C’est là que la prudence devient essentielle. C’est là que le travail doit remplacer l’euphorie.

À Montréal, on a déjà vu ce film. On s’est déjà emballé trop vite avec Jesperi Kotkaniemi.

On a déjà ruiné des attentes avec Ryan Poehling.

La LNH ne pardonne pas à ceux qu’on installe trop vite sur un piédestal.

Hage, lui, n’a rien demandé. Il n’a pas déclaré qu’il se voyait déjà au Centre Bell.

Il n’a pas commencé à parler de “prendre la place de quelqu’un”. Il marque, il patine, il se taise et il laisse les autres parler.

La réalité, c’est que le Canadien tient peut-être là une pièce centrale de son futur top-6.

Mais ce qui compte aujourd’hui, ce ne sont pas ses buts dans un chandail bleu de Michigan.

Ce qui compte, c’est sa progression dans les détails invisibles : support défensif, lecture sans la rondelle, engagement physique, endurance mentale.

Parce que la prochaine étape, ce n’est pas Montréal. C’est de dominer encore. De prouver que ce n’est pas un bon mois, mais une habitude.

Hier soir, il a donné une nouvelle raison de croire qu’il est sur cette trajectoire.

Pas une garantie. Pas une solution miracle. Mais une certitude : il oblige Montréal à réfléchir.

Et pour un jeune de 19 ans, c’est peut-être la plus grande preuve de son importance.

Hystérie au Michigan ou pas, Michael Hage vient d’envoyer un autre message.

Et cette fois-ci, personne ne peut prétendre ne pas l’avoir entendu.

AMEN