Il y a parfois des soirées qui changent une carrière. Et celle que vient de vivre Joshua Roy, contre les Flyers de Philadelphie, pourrait bien être la dernière de son aventure avec le Canadien de Montréal.
Il avait promis la lune. Il avait juré avoir compris le message. Après un été passé à perdre du poids, 15 livres exactement, et à se remettre en forme pour répondre aux exigences de Martin St-Louis, Joshua Roy voulait prouver qu’il était prêt à devenir un attaquant régulier de la LNH.
Il l’a dit en entrevue, il l’a répété dans les corridors de Brossard : « Je vais être en feu. »
Mais ce soir, sur la glace du Centre Bell, c’est tout le contraire qui s’est produit. Roy a été fantomatique.
Aligné avec Alex Newhook et Zachary Bolduc, dans ce qui devait être son audition ultime sur un trio de calibre LNH, Roy n’a pas livré la marchandise.
Maladroits en transition, incapables d’établir une présence soutenue en zone offensive, les trois n’ont jamais cliqué. Mais c’est Roy qui semblait le plus déphasé. Ses lectures étaient lentes, son exécution hésitante, son jeu défensif… inexistant.
Il y a tout de même eu une étincelle en première période. Joshua Roy patinait avec une intensité nouvelle, capable de suivre le rythme d’Alex Newhook et Zachary Bolduc.
On s’est dit : tiens, peut-être qu’il tient enfin sa chance. Mais après vingt minutes, le mirage s’est dissipé. Le jeune homme est allé volontairement hors-jeu sur un jeu de transition, a brisé une chance à deux-contre-un avec une décision précipitée, s’est enfermé deux fois dans des impasses en zone offensive, a lancé la rondelle dans des coins morts, tenté des passes désespérées à l’aveugle, et surtout : il n’a jamais complété ses mises en échec.
Il a perdu l’écrasante majorité de ses batailles à un contre un. C’est comme s’il avait lâché prise. Une performance non seulement décevante… mais inquiétante.
Et le problème est plus grave encore : c’était son test.
Celui qu’on voulait lui donner avant de trancher sur sa place dans l’organisation.
Il l’a échoué. Et tout le monde le sait.
Le verdict est tombé dans les coulisses avant même la fin de la rencontre : Joshua Roy retournera à Laval... ou sera échangé d'ici la fin du camp d'entraînement.
Le Canadien a tenté de l’envoyer à Boston avec Oliver Kapanen et Jayden Struble dans le cadre de négociations pour Pavel Zacha. Il pourrait maintenant l’offrir ailleurs.
Ce soir, Joshua Roy n’a pas seulement perdu sa place à Montréal.
Il a probablement perdu la confiance de Kent Hughes… définitivement.
Et que dire de Joe Veleno?
Le centre québécois était censé représenter une acquisition à faible risque mais à bon potentiel. À 900 000 $ pour une saison, plusieurs voyaient en lui un possible 12e attaquant fiable, capable de jouer au centre ou à l’aile.
Mais on comprend mieux aujourd’hui pourquoi le Kraken l'racheté.
Veleno a été transparent. Aucun impact physique, aucune énergie, aucune menace offensive. Il a été dominé dans toutes les facettes du jeu. Et surtout : il semblait perdu, incapable de s’adapter au tempo du match.
Ce soir, il n’a rien fait pour justifier son contrat.
Et si le Canadien coupe court, il pourrait bien être rétrogradé malgré ses 900 000 boulettes garantis.
Rien, absolument rien, n’indique qu’il a sa place.
On ne peut pas passer sous silence la performance très inquiétante de Samuel Blais. On le savait lent. Mais pas à ce point-là.
Dans un match où l’intensité montait d’un cran à chaque présence, Blais n’a jamais pu suivre. Il semblait traîner un frigo sur le dos. Son patin manquait de mordant, ses changements de direction étaient laborieux, et chaque fois qu’il avait la rondelle, le jeu mourait.
Lui qui se battait pour une place comme 13e attaquant, vient peut-être de la perdre.
Pendant ce temps, un nom émerge avec force : Florian Xhekaj.
Déjà lors des scrimmages, il avait été le joueur le plus constant et le plus combatif. Ce soir, il a poursuivi sur sa lancée. Xhekaj a frappé, provoqué, défendu ses coéquipiers, et créé des chances offensives. Il a été partout.
On parle d’un joueur de soutien, mais ce soir, il ressemblait à un vétéran établi.
Le contraste avec Veleno et Blais donne des frissons dans le dos.
Et aux yeux de Martin St-Louis, ce genre de joueur ne passe pas inaperçu.
Florian Xhekaj vient de faire un pas de géant vers un poste à Montréal.
N’oublions pas non plus Owen Beck.
Même s’il ne jouait pas ce soir, sa performance de la veille contre Pittsburgh est encore dans toutes les têtes.
Il a été brillant, intense, fiable défensivement et créatif offensivement.
Et surtout : il a montré qu’il avait appris de son échec aux scrimmages.
Beck sait que son nom a été proposé aux Islanders dans la transaction qui a amené Noah Dobson. Il sait aussi qu’il est observé par les Bruins, les Penguins, et les Kraken.
Mais ce qu’il a fait hier pourrait bien l’avoir remis dans la discussion pour un poste.
Et dans ce contexte de luttes acharnées pour des postes, Brendan Gallagher continue de pomper l’huile.
Il n’a pas joué ce soir, mais les échos de son camp sont alarmants. Lents replis, passes erratiques, vision de jeu déficiente. Même sur l’avantage numérique, il freine l’unité qu’il partageait hier avec Demidov, Laine, Dach et Dobson lors de l'entraînement.
Joshua Roy doit avoir la rage car il possède la vitesse, l’explosivité… mais il sera renvoyé à Laval. Gallagher a la lenteur, les limites techniques, la fatigue… mais il est protégé par son statut de vétéran.
C’est ce qui crée de la tension dans le vestiaire. Et ce n’est pas terminé.
Le Canadien est à un tournant.
Et ce match contre les Flyers aura permis de faire une chose : séparer les candidats sérieux des passagers.