Ivan Demidov écarté: Martin St-Louis joue avec le feu

Ivan Demidov écarté: Martin St-Louis joue avec le feu

Par David Garel le 2025-10-07

On peut sentir la déception à Montréal... et dans le Québec en entier.

Le CH a dévoilé la composition de ses unités d’avantage numérique en vue du match d’ouverture à Toronto, et la conclusion est brutale : Ivan Demidov n’est pas sur la première vague.

Alors que tout le Québec rêvait de voir le jeune prodige russe dicter le tempo à la ligne bleue avec Suzuki, Caufield et Hutson, Martin St-Louis a préféré… reconduire exactement les mêmes combinaisons que lors du camp d'entraînement.

Logique... mais décevant...

Le public voulait une révolution. Le coach a offert de la continuité. Et la déception est immense.

La première unité demeure composée de Juraj Slafkovsky, Cole Caufield, Nick Suzuki, Lane Hutson et Zachary Bolduc au poste de “bumper”.

Une configuration sécuritaire, presque conservatrice, qui reflète la philosophie de St-Louis : on ne touche pas aux hiérarchies établies tant qu’elles n’ont pas été « méritées ».

Slafkovsky reste solidement ancré malgré son manque de créativité. Suzuki et Caufield sont intouchables. Et Hutson contrôle la ligne bleue.

Pour ce qui est de Zachary Bolduc, la décision de l’intégrer immédiatement à la première unité d’avantage numérique s’explique aisément quand on se replonge dans son passage à Saint-Louis.

L’ailier québécois a connu une véritable éclosion sur le jeu de puissance l’an dernier, en s’imposant dans le rôle de “bumper”, ce poste clé au centre de l’enclave, là où le jeu se resserre et où la prise de décision doit être instantanée

Bolduc a excellé dans l’art d’ouvrir des lignes de tir en se positionnant entre les défenseurs adverses, capable de pivoter pour décocher des tirs sur réception d’une puissance dévastatrice.

Les Blues l’ont utilisé comme une arme tactique centrale, et il a répondu présent avec une constance remarquable.

À Montréal, l’état-major croit qu’en lui redonnant ce rôle immédiatement, on peut à la fois capitaliser sur ce savoir-faire précis et lui permettre de bâtir rapidement sa confiance dans un nouveau marché exigeant.

C’est une façon de le mettre en valeur dès le départ, de le placer dans une dynamique positive, tout en profitant de son tir lourd et de sa lecture de jeu rapide pour compléter la chimie Suzuki–Caufield–Hutson.

Sur la deuxième unité, Ivan Demidov et Patrik Laine sont associés à Kirby Dach et Brendan Gallagher, avec Noah Dobson à la pointe. Une belle combinaison… sur le papier. Mais pour les fans, pour les analystes et surtout pour Demidov lui-même, ce n’est pas suffisant.

Le Québec voulait Demidov, pas Slafkovsky.

Ce n’est un secret pour personne : depuis ses débuts explosifs au Centre Bell en avril dernier, Demidov est devenu l’espoir le plus attendu depuis Guy Lafleur. Sa vision, sa vitesse d’exécution, sa précision chirurgicale et son instinct créatif ont fait de lui le joueur que tous voulaient voir au cœur de la première unité.

Sur les réseaux sociaux, la réaction a été instantanée. X, Facebook, Instagram, forums spécialisés : partout, la même incompréhension.

« Comment peut-on laisser Demidov sur la deuxième unité ? »

« Slaf n’a rien montré, Demidov est prêt maintenant ».

« On dirait que St-Louis veut le casser »…

Les commentaires affluent par centaines.

Comment ne pas croire que St-Louis veut "casser" Demidov, qui a dominé à 5 contre 5 en présaison.

Il a brillé dans chaque séquence où il a touché la rondelle. Pourtant, il jouera avec Oliver Kapanen et Alex Newhook. St-Louis veut vraiment lui faire la vie dure.

Pendant ce temps, Slafkovsky a traversé le camp dans l’indifférence. Mais dans le monde de Martin St-Louis, la hiérarchie ne se renverse pas si facilement.

Interrogé sur ce choix, Martin St-Louis a répété la même justification qu’il utilise depuis deux ans : il n’y a pas une première et une deuxième unité, mais deux vagues « A » et « B ».

Un discours qui ne convainc plus personne. Dans les faits, la première unité joue systématiquement 70 à 80 % des minutes en avantage numérique.

La deuxième vague, elle, hérite des miettes. Le statut n’est pas qu’une question symbolique : il dicte qui aura les rondelles les plus importantes, qui touchera la glace dans les moments critiques, qui récoltera les points et la reconnaissance.

Et tant Laine que Demidov étaient persuadés qu’ils allaient percer la première unité. Les deux joueurs ont affiché une belle chimie pendant le calendrier préparatoire. Ils ont dynamisé la deuxième vague dans les matchs sans enjeu, et tout le monde s’attendait à ce que St-Louis récompense leur contribution.

Mais au lieu de récompenser le mérite, il a récompensé… le statu quo.

Depuis plusieurs jours, Ivan Demidov a fait sentir sa frustration à l’entraînement. Dès les premières séances où il a été écarté de la première unité, ses commentaires en point de presse étaient révélateurs :

« Ce n’était pas fluide. C’était un peu lent. On a besoin de plus de répétitions pour que ça clique. »

Derrière cette phrase mesurée se cache une insatisfaction claire. Le prodige russe veut la rondelle. Il veut jouer avec les meilleurs. Il ne veut pas patienter sur une unité secondaire.

Et quand il a levé la main pour pointer la lenteur de ses partenaires, c’était une façon polie de dire :

« Je n’ai pas ma place ici. »

Aujourd’hui, en voyant la composition finale, Demidov sait que St-Louis ne lui donnera rien. Et le public sait qu’il vient de rater une occasion en or de lancer sa carrière sous les projecteurs.

Patrik Laine, lui aussi, est sur la deuxième unité. Le Finlandais, connu pour son tir dévastateur, croyait lui aussi avoir une place garantie sur la première vague.

Son absence traduit une décision claire du staff : on mise sur le développement de Bolduc comme bumper plutôt que sur la combinaison Laine–Caufield en double tireur.

Lui non plus n’a pas affiché son enthousiasme à l’entraînement. Les images montrent un joueur peu souriant, parfois effacé.

St-Louis tente d’apaiser les tensions en expliquant que « les deux unités sont importantes ». Mais dans le vestiaire, tout le monde sait qu’il y a une hiérarchie tacite.

Ce choix n’est pas isolé. Depuis son arrivée, Martin St-Louis a souvent préféré « casser » ses jeunes talents pour tester leur patience.

Lane Hutson a dû attendre plusieurs semaines avant d’être promu sur la première unité l’an dernier, malgré des performances éclatantes. Slafkovsky a été trimballé sans jamais être véritablement menacé.

Demidov, aujourd’hui, est la nouvelle cible. Comme l’ont noté plusieurs observateurs, St-Louis semble vouloir le « mettre à sa place » avant de lui donner les clés. Une méthode risquée dans un marché où la pression populaire est intense.

Le mécontentement est généralisé. 

Les fans accusent St-Louis de s’entêter, de ne pas écouter la réalité du jeu, de préférer protéger ses vétérans plutôt que de construire autour de ses jeunes prodiges.

À Montréal, tu n'as pas le luxe d’attendre trois mois pour installer ton meilleur joueur sur la première unité ».

Martin St-Louis joue gros avec cette décision. S’il a raison et que la première unité fonctionne à plein régime dès le départ, il pourra dire qu’il a suivi son instinct. Mais si elle piétine, et que Demidov continue de briller dans l’ombre, la grogne va devenir incontrôlable.

Dans un marché comme Montréal, la pression populaire peut forcer des changements rapides. Le public voulait Demidov. Le coach a dit non. S’il se trompe, il en paiera le prix dès octobre.

L’annonce des unités de powerplay aurait dû être un moment d’excitation. Elle est devenue un point de rupture. Les partisans québécois, qui s’étaient identifiés à la fougue et au génie de Demidov, voient leur espoir mis sur pause par la rigidité d’un coach.

St-Louis peut bien parler de vagues A et B. La réalité, c’est que le Québec voulait Demidov sur la première unité. Et aujourd’hui, il est sur la deuxième.

Le public est déçu. Demidov est frustré. Laine est vexé. Et Martin St-Louis, lui, s’expose à une tempête médiatique s’il n’obtient pas des résultats immédiats.

Il veut casser Demidov... mais c'est bien le coach qui pourrait finir par se casser... les dents...