Martin St-Louis n’a pas haussé le ton. Il n’a pas claqué la porte. Mais ce matin, il a envoyé un message aussi clair que tranchant à toute la galerie médiatique montréalaise : assez, c’est assez.
Alors que l’arrivée imminente d’Ivan Demidov fait vibrer tout le Québec, que les partisans campent littéralement à l’aéroport Trudeau et que les journalistes traquent ses déplacements d’Istanbul à Toronto, l’entraîneur-chef du Canadien, lui, refuse catégoriquement de se laisser aspirer dans le tourbillon.
Et ce jeudi matin, en conférence de presse, il a dévié toutes les questions sur la nouvelle coqueluche russe avec une fermeté inhabituelle.
« Je n’ai pas encore Demidov sous la main. Je ne l’ai pas vu. Il n’a pas patiné avec nous. Alors, je ne suis pas prêt à en parler. »
Les séries, pas les spéculations
Dans un vestiaire bouillant, à deux doigts d’une qualification surprise pour les séries, l’ambiance n’est pas à l’expérimentation. Et Martin St-Louis le sait mieux que personne. Il l’a martelé ce matin, plus que jamais en mode “mission”.
« La mission actuelle du Canadien, c’est de se qualifier pour les séries. Point. Il ne faut pas regarder plus loin qu’aujourd’hui et demain. »
Le coach refuse de tomber dans le piège des projections, des trios hypothétiques et des débats inutiles sur qui jouera avec qui. Le temps viendra, mais pas aujourd’hui. Pas quand l’équipe joue sa saison match après match.
Le message est simple : arrêtons de rêver, on a une guerre à gagner.
Demidov est en route… mais St-Louis n’en a rien à faire (pour l’instant)
Pendant que les fans refresh Twitter pour suivre le vol TK17 parti d’Istanbul à 16 h 02 et attendu à Toronto vers 19 h, Martin St-Louis, lui, a les yeux rivés sur les Maple Leafs, et rien d’autre.
Demidov, ce sera pour plus tard. Oui, il devrait arriver au Canada jeudi soir. Oui, il sera avec l’équipe à Toronto samedi. Et oui, tout le monde sait que son premier match devrait avoir lieu lundi au Centre Bell contre les Blackhawks. Mais pour l’instant, il n’existe pas encore dans la tête du coach.
« Je suis certain qu’il nous en parlera plus une fois qu’il sera là, qu’il l’aura vu à l’entraînement, et qu’il saura comment il veut l’utiliser. »
En d’autres mots : arrêtez de me fatiguer avec ça.
Un effet de trop plein dans les médias
Depuis quelques jours, l’arrivée de Demidov est partout. Trop partout. Et St-Louis commence à sentir l’étau médiatique se resserrer sur un vestiaire qui ne demandait qu’un peu de paix.
Les journalistes posent les mêmes questions, les caméras traquent chaque mouvement, les spéculations dérapent sur les réseaux sociaux. Pour un coach comme St-Louis, qui croit à la cohésion, au moment présent, au groupe avant l’individu, c’est une perturbation qui frise l’indécence.
Il ne dira pas que la pression médiatique nuit au groupe. Mais il le pense.
Et aujourd’hui, son ton, ses silences, ses soupirs en disaient bien plus long que ses réponses.
L’arrivée de Demidov : un cadeau empoisonné?
Le contraste est frappant. D’un côté, une ville entière qui trépigne d’impatience. De l’autre, un entraîneur qui semble presque dérangé par l’arrivée du sauveur annoncé. Parce que c’est ça, le fond du problème : Martin St-Louis ne croit pas aux sauveurs.
Et il ne veut pas que Demidov devienne le héros avant même d’avoir joué un seul match.
C’est ce que José Théodore a souligné cette semaine : il faut faire attention à ne pas briser l’équilibre du vestiaire. Des gars se sont battus toute l’année pour gagner leur place, et on s’apprête à tout chambouler pour un jeune venu de Moscou.
Martin St-Louis partage cette crainte. Il ne le dit pas, mais il le ressent. Le moment est trop critique pour improviser.
Conclusion : le silence est une stratégie
Ce matin, Martin St-Louis n’a pas perdu patience avec les médias. Il a simplement envoyé un signal clair. Il refuse de tomber dans la facilité. Il protège son groupe, protège son vestiaire, et se protège lui-même contre les dérapages médiatiques. C’est un acte de leadership.
Demidov arrive, oui. Mais les séries, elles, sont là. Tout de suite.
Et tant que l’équipe ne sera pas officiellement qualifiée, il n’y aura pas de cirque autour d’un seul joueur.
L’attente touche à sa fin.
Mais pour St-Louis, le vrai spectacle, c’est la série contre Toronto.
Et tant qu’Ivan Demidov n’aura pas chaussé les patins à Brossard, il ne mérite pas encore la tribune.
Voilà pourquoi Martin St-Louis a tiré un trait sur les spéculations.
Parce que la seule chose qui compte aujourd’hui, c’est le prochain match.
Ce jeudi matin, Martin St-Louis n’avait aucune envie de parler d’Ivan Demidov. Ce n’est pas une question de stratégie. Ce n’est pas une question de langue de bois. C’est un refus catégorique, assumé, tranchant.
Devant les caméras, le coach a figé. Le regard ferme, les bras croisés. À la première question sur Demidov? Il a regardé ailleurs. À la deuxième? Il a levé les yeux au ciel. À la troisième? Il a coupé court :
« On parle du match contre Ottawa. Pas d’un joueur qui n’est même pas ici. »
Le message est sans détour : Demidov n’est pas encore un Canadien dans sa tête. Il ne sera intégré qu’en temps et lieu, selon le rythme de l’équipe — pas celui des journalistes, ni celui des partisans.
On sentait même une tension dans la voix de St-Louis, comme s’il retenait un « lâchez-moi avec ça ». Comme s’il avait envie de crier que la vraie histoire, ce n’est pas Demidov… mais l’effort monumental du groupe actuel.
Et il a raison sur ce point. Car depuis deux mois, cette équipe s’est retroussé les manches. Elle est passée du fond du classement à la porte des séries, avec Montembeault qui se dresse comme un mur, Hutson qui électrise la ligne bleue, et Suzuki-Caufield-Slafkovsky qui dominent les meilleures défensives du circuit.
Et pendant que les caméras sont braquées sur l’aéroport de Toronto, le vestiaire de Brossard, lui, vit au jour le jour. À l’image de leur entraîneur.
Martin St-Louis n’a pas crié. Il n’a pas frappé. Il n’a pas insulté personne. Mais ce matin, il a posé une frontière. Il a tracé une ligne claire entre le battage médiatique qui entoure Ivan Demidov… et le combat réel que mène son groupe pour survivre jusqu’aux séries.
Ce silence volontaire, c’est sa façon à lui de dire :
« Ne venez pas tout gâcher. Pas maintenant. »
Ce n’est pas qu’il ne veut pas d’Ivan Demidov. Il le sait aussi bien que tout le monde : ce jeune-là va faire des ravages.Mais pas aujourd’hui. Pas dans cette salle. Pas dans cette ambiance.
Demidov, c’est l’avenir.
Mais le présent, c’est la guerre.
Et Martin St-Louis, en homme de guerre, a choisi ses soldats. Ceux qui sont là. Ceux qui se battent. Ceux qui saignent pour le logo.
Alors oui, Demidov arrive. Mais à Montréal, c’est Martin St-Louis qui fixe les règles du jeu.
Et ce matin, il nous l’a rappelé avec toute la fermeté d’un général en pleine bataille.