Incompréhension dans la chambre: Ivan Demidov ignoré par Mike Matheson

Incompréhension dans la chambre: Ivan Demidov ignoré par Mike Matheson

Par David Garel le 2025-10-27

C’est une scène qui a fait sourciller tout le monde dans le vestiaire et qui, depuis samedi soir, circule à toute vitesse sur les réseaux sociaux.

Après une victoire renversante du Canadien à Vancouver, portée presque entièrement par Ivan Demidov, c’est Kirby Dach qui a reçu… les lunettes du joueur du match.

Oui, vous avez bien lu. Pas Demidov, le héros incontestable de la soirée. Pas celui qui a inscrit un but, deux passes, et littéralement orchestré le but gagnant en prolongation avec une passe d’une précision chirurgicale. Non. C’est Dach, avec ses 11 minutes 40 secondes de jeu, deux mises en échec, deux tirs bloqués et trois lancers, qui a eu droit à l’honneur symbolique du vestiaire.

Sur le coup, la scène a eu quelque chose de maladroit. Le rituel du « joueur du match » après une victoire est habituellement un moment d’unité, un clin d’œil entre coéquipiers, souvent teinté d’humour ou d’affection.

Mais cette fois, c’était plutôt un malaise. Mike Matheson, détenteur précédent des fameuses lunettes (reçues après sa performance dominante contre Calgary), a appelé Dach au centre de la salle en lui tendant le trophée symbolique, pendant que tout le monde applaudissait poliment.

@agatacitowicz VICTORY glasses for Kirby Dach #montrealcanadiens #habs #gohabsgo🔴⚪️🔵 #kirbydach77  #kirbydach ♬ original sound - Agata Citowicz

Or, ce qui aurait dû être une célébration joyeuse a ressemblé à un effort collectif pour… faire semblant que Demidov n’existait pas.

Ce qui rend le tout encore plus absurde, c’est que même Matheson, lors du match précédent, avait pris soin de glisser un « Great dish », un hommage implicite à Demidov, après avoir marqué grâce à une passe lumineuse du jeune Russe.

Ce soir-là, tout le monde avait reconnu le geste, même si Matheson n'avait jamais nommé le nom de Demidov. Mais à Vancouver, rien. Pas un mot. Pas même une tape dans le dos. Dach a pris les lunettes, a souri, et a lancé un petit « let’s keep it rolling » de circonstance.

Et dans le fond de la salle, Demidov, stoïque comme toujours, souriait à peine, visiblement trop professionnel pour se soucier de ce genre de cérémonie.

Mais il faut dire les choses comme elles sont : c’est lui qui a gagné le match.

Alors oui, la décision de donner les lunettes à Dach passe mal. D’autant plus que la tradition veut que le joueur précédent les remette à celui qui les « mérite » le plus.

Matheson a-t-il voulu encourager Dach après des semaines difficiles ? Sans doute. Il faut se rappeler que l’ancien des Blackhawks revient d’une blessure grave, qu’il a souvent été la cible de critiques, et que l’organisation semble tout faire pour le remettre en confiance. Mais symboliquement, ce choix envoie un drôle de message.

Parce que pendant qu’on cherche à “remonter” Dach, on ignore la contribution d’un joueur qui, lui, n’a plus besoin qu’on le protège. 

Demidov s’impose déjà comme le moteur offensif de l’équipe, celui que même Suzuki cherche du regard quand il entre en zone offensive lors d'un avantage numérique.

Il faut comprendre : dans la culture du hockey, ces petits gestes comptent. Recevoir les lunettes du match, c’est être reconnu par ses pairs, c’est un signe d’appartenance, un moment de validation interne.

Quand un joueur dominant comme Demidov est passé sous silence dans une telle circonstance, c’est plus qu’une simple omission : c’est un malaise qu’on choisit d’ignorer.

Sur les réseaux sociaux, les partisans n’ont pas tardé à réagir. Plusieurs publications sur X et Reddit soulignent l’injustice : 

“C’est Demidov qui a tout fait, et c’est Dach qui reçoit les lunettes ?”

“C’est quoi cette farce ?”

“On dirait qu’ils ont peur que Demidov vole trop la vedette.” 

Des propos qui traduisent un sentiment diffus : celui qu’on tente peut-être un peu trop de ménager les anciens fragiles, au détriment du mérite pur.

Et il faut dire que la performance de Dach, bien que courageuse, n’avait rien d’héroïque. Oui, il a joué dur. Oui, il a été intense. Mais sur le plan de l’impact, il n’a pas changé le cours du match. C’est Demidov qui l’a fait. C’est lui qui a créé l’étincelle, qui a mis le feu à l’aréna, qui a fait se lever les fans du CH à Vancouver. Dach a joué un rôle complémentaire, honnête, sans plus.

Mais dans une équipe où on veut éviter les chocs d’ego, où on veut protéger les joueurs revenant de blessure et maintenir une hiérarchie fragile, il arrive qu’on fasse des choix politiques.

Et c’est probablement ce qui s’est passé. Une récompense de vestiaire pour motiver Dach, un geste de leadership de Matheson, une forme de diplomatie interne. Mais sur le plan du hockey pur, sur celui du mérite, il n’y avait pas débat : le joueur du match, c’était Demidov.

Au fond, cette scène résume bien la tension actuelle au sein du Canadien : celle entre la reconnaissance du talent brut et la gestion de la psychologie collective.

St-Louis, on le sait, valorise la croissance, la résilience, la constance. Mais parfois, à force de vouloir ménager les sensibilités, on finit par banaliser l’excellence.

Demidov, lui, n’a rien dit. Pas un mot. Il est passé devant les caméras, l’air calme, comme toujours. Quand un journaliste lui a demandé s’il aurait aimé recevoir les lunettes, il a simplement répondu :

« Non… on a gagné. C’est ça qui compte. »

C’est la réponse d’un futur leader. D’un joueur qui comprend déjà qu’à Montréal, les vraies récompenses ne se donnent pas dans le vestiaire, elles se gagnent sur la glace, soir après soir.