Ivan Demidov oblige Martin St-Louis à s'incliner

Ivan Demidov oblige Martin St-Louis à s'incliner

Par David Garel le 2025-10-25

Montréal découvre enfin son demi-dieu.

C’était un de ces soirs où tout s’aligne. Même à Vancouver, la foule remplie de chandails du tricolore, Ivan Demidov a tout simplement pris le contrôle du spectacle:

Un but, deux passes, une mainmise totale sur le tempo du match. Le jeune prodige russe a livré le genre de performance qu’on n’oublie pas, celle où le talent pur transcende le système, les chiffres et les doutes.

À Montréal, on l’appelle désormais « Demi God ». Parce qu’il n’est pas simplement un joueur prometteur, il est une vision de ce que le Canadien pourrait devenir si, pour une fois, on laissait le génie s’exprimer.

Les commentateurs, Félix Séguin et Patrick Lalime, de TVA Sports parlaient de « main de chirurgien. Même Martin St-Louis, pourtant avare en éloges, n’a pu s’empêcher de sourire en conférence de presse :

Ce gars-là voit le jeu à deux secondes d’avance. C’est un instinct qu’on ne peut pas enseigner. 

Il fallait le voir, ce regard froid après son but, ce calme dans l’euphorie. Demidov ne célébrait pas. Il envoyait un message.

Pendant des semaines, certains observateurs, notamment à New York et dans les cercles médiatiques anglophones, avaient déjà couronné Matthew Schaefer des Islanders comme le grand favori au trophée Calder.

Défenseur complet, jeu fluide, énorme minutage, des points à la pelletée: Schaefer incarnait le profil “sûr”, celui qu’on récompense par réflexe. (le futur Cale Makar).

Mais hier soir, Demidov a rappelé à tout le monde que le talent brut, la créativité et le flair offensif font aussi partie de l’équation.

En une soirée, il a effacé dix matchs de débats. Son intelligence de jeu, sa fluidité, son sang-froid, tout rappelait les grands soirs de Nikita Kucherov ou de Kirill Kaprizov à leurs débuts.

Et la vérité, c’est qu’il a dû gagner tout ça à la dure.

Depuis le début de la saison, Martin St-Louis l’a ménagé, parfois trop. On se souvient des premières semaines : dix minutes de glace par match, peu ou pas de temps sur la première unité d’avantage numérique. Le coach voulait “le protéger”. Résultat : Demidov stagnait, et le Canadien perdait son plus grand atout sans le savoir.

Trop tard ? Non. Juste à temps.

« Mieux vaut tard que jamais », dit le proverbe.

Martin St-Louis a fini par comprendre que Demidov n’avait pas besoin d’être protégé, mais libéré. En lui donnant les clés du premier powerplay, le coach a provoqué un déclic.

Depuis cette décision, Demidov joue avec confiance, prend les commandes, dicte le rythme. Il est maintenant le moteur de l’attaque.

Ce soir, ce fut l’aboutissement.

Chaque présence était une démonstration : une relance propre, une accélération dévastatrice, un regard latéral qui gèle les défenseurs, une passe à travers trois bâtons. Il ne joue pas au hockey ; il compose une symphonie tel un artiste.

Avant ce match, la conversation semblait close.

Matthew Schaefer, avec sa constance défensive et ses 7 points en 8 matchs, était déjà présenté comme le favori logique, lui qui joue parfois 26 minutes dans un match.

Mais à Montréal, on commençait à se dire qu’on avait peut-être enterré Demidov trop vite.

Après son explosion de ce soir, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 9 points en 10 matchs.

Et surtout, un impact sur le jeu impossible à ignorer. Quand il est sur la glace, le CH marque plus, patine mieux, et respire différemment. Son ratio de possession dépasse les 60 %, et il est déjà premier de l’équipe pour les entrées de zone contrôlées.

Ce n’est plus seulement un jeune talent. C’est un monstre.

Le duel Demidov–Schaefer est en train de devenir le feuilleton de la saison. Et attention à Jakub Dobes qui est aussi éligible pour le Calder, lui qui est devenu le gardien numéro un incontesté du Canadien de Montréal.

Le défenseur des Islanders, solide et discipliné, est un modèle de constance. Mais Demidov incarne autre chose. Il est le feu. Il est le risque. Il est ce que Montréal n’a pas eu depuis Kovalev : un artiste.

Et dans une ligue saturée de systèmes, il rappelle que le hockey reste un jeu de créativité.

Quand Demidov a marqué son but, la caméra de TVA Sports s’est tournée vers le banc du Canadien.

On y voyait St-Louis souffler un “wow” discret, puis un hochement de tête lent.

Oui, il avait tardé. Oui, il avait douté. Mais il savait désormais : le Canadien appartient à Demidov.

Cole Caufield l’a dit:

« Quand il a la rondelle, tout le monde sur la glace devient plus dangereux. Il nous rend meilleurs. »

Nick Suzuki, d’ordinaire réservé, a ajouté :

« Il comprend le jeu à un niveau qu’on ne voit pas souvent. C’est fluide, c’est naturel. »

Et même Mike Matheson, vétéran de 30 ans, a résumé l’ambiance :

« Il nous fait lever du banc. Tu veux jouer quand il est sur la glace. »

Ce n’est pas juste une recrue. C’est un moteur émotionnel.

Le vestiaire l’adore, les fans l’adorent, et la Ligue commence à s’incliner.

Martin St-Louis a eu peur, au départ. Peur de brûler son joyau, peur de briser la dynamique de l'avantage numérique. 

S'il n'avait pas autant attendu... Demidov n'aurait pas à rattraper Schaefer. Il serait déjà devant...