Montréal a trouvé son nouveau roi.
Avec son numéro 93, clin d’œil à la dernière Coupe Stanley du Canadien, Ivan Demidov est en train de faire du CH un prétendant aux grands honneurs.
Et si certains l’appellent déjà Ivan Demi-god, ce n’est pas qu’un surnom de partisan surexcité : c’est une réalité chiffrée.
Car selon les données exclusives de Sportlogiq, le jeune prodige russe est déjà le roi incontesté de la possession de rondelle à Montréal.
Et dans les faits, ce sont les statistiques avancées qui viennent d’enterrer les doutes de Martin St-Louis.
Pendant des semaines, l’entraîneur-chef répétait qu’il voulait voir Demidov « s’améliorer sans la rondelle », « gagner plus de batailles », « simplifier son jeu ».
Le discours classique des entraîneurs prudents, incapables de lâcher la laisse à un artiste. (maudit qu'on est tanné de la niche de Martin St-Louis).
Mais le problème, c’est que les chiffres, ceux que la LNH et les dirigeants consultent désormais religieusement, racontent une toute autre histoire : Demidov est déjà un joueur d’élite.
Les chiffres qui font taire les sceptiques... qui font taire Martin St-Louis...
Sportlogiq, la firme montréalaise qui alimente plusieurs équipes de la LNH en données fines, a publié des statistiques internes renversantes.
En avantage numérique, Demidov réussit 5,7 feintes par tranche de 20 minutes, premier chez le CH, troisième dans toute la Ligue.
Il est aussi premier à Montréal pour les passes tentées vers l’enclave, septième dans toute la LNH pour le temps de possession en zone offensive.
Et il est déjà le joueur autour duquel tous les jeux passent quand il est sur la glace.
Chaque présence de Demidov change la structure du jeu. C’est lui qui dicte le tempo, qui manipule la défense adverse, qui attire les regards. Il tricote, il attend, il improvise, et soudain, une ouverture s’offre à Matheson, à Suzuki. à Caufield, à Hutson et compagnie.
Samedi à Vancouver, on l’a vu : dès qu’il a été promu sur la première vague du jeu de puissance, l’attaque du CH s’est transformée. Ce n’est plus le power play hésitant et prévisible des premières semaines : c’est devenu un véritable concert symphonique. Et à la baguette, le maestro russe.
St-Louis n’avait plus le choix.
L’an dernier, le coach avait attendu la fin novembre avant d’oser placer Lane Hutson sur la première unité d’avantage numérique. Par respect pour Mike Matheson, vétéran et capitaine silencieux de la défense.
Mais cette saison, le contexte est différent. Le CH joue pour des points, pour une identité, pour prouver que sa reconstruction avance. Et St-Louis n’a plus le luxe d’attendre que le talent s’impose : il doit l’utiliser maintenant.
Demidov a forcé sa main.
Ses statistiques avancées parlent d’elles-mêmes :
premier du club pour le temps de possession en zone offensive ;
premier pour les passes dangereuses ;
deuxième pour la création d’occasions de tir ;
et même cinquième dans toute la LNH pour les rondelles harponnées en zone adverse.
C’est simple : Demidov fait gagner le CH.
Le faux procès du jeu défensif devient une blague.
On a souvent reproché à Demidov de « flotter », de « manquer d’implication physique », de ne pas « comprendre le jeu nord-américain ».
Mais là encore, les chiffres contredisent la légende.
Sportlogiq classe Demidov cinquième dans toute la LNH pour les rondelles harponnées, et quatrième chez le CH pour les rondelles libres récupérées.
Autrement dit, il travaille.
Il se bat pour la rondelle, mais intelligemment, sans gaspiller son énergie dans des charges inutiles.
Oui, il gagne moins de batailles à un contre un (182e rang LNH). Mais il compense par son anticipation : il coupe les lignes de passe, il lit le jeu avant les autres.
À 19 ans, c’est un profil comparable à ceux des grands créateurs de jeu, les Kucherov, Panarin, Kaprizov, lors de leurs débuts.
Ce qui frappe, c’est la contradiction frontale entre la vision de St-Louis et la réalité statistique.
Le coach voulait « de la constance défensive », « de la maturité », « de la responsabilité ». Mais ce sont précisément les qualités de Demidov : patience, lecture du jeu, maîtrise technique.
La différence, c’est que St-Louis a toujours privilégié l’ordinaire avant l’extraordinaire. Il le répète souvent :
« Les habiletés individuelles viennent des actions ordinaires. »
Or, Demidov incarne l’inverse : il part de l’extraordinaire pour inspirer le collectif. Quand il est sur la glace, tout le monde autour de lui devient meilleur. Suzuki trouve des corridors, Hutson ose des passes à travers trois adversaires. Même Matheson a retrouvé une précision offensive à la ligne bleue.
Ce n’est pas un hasard si, depuis que Demidov a été promu sur le premier jeu de puissance, le CH marque plus. Les statistiques offensives explosent : 30 tirs par match au lieu de 25 ; 21 lancers bloqués par match ; et surtout, une fluidité nouvelle dans la zone offensive.
À Montréal, les surnoms mythiques ne se donnent pas : ils se méritent.
De Flower à Le Capitaine, la ville a toujours honoré ses héros. Et Demidov est déjà en train d’entrer dans cette catégorie.
Sur les réseaux sociaux, le mot-clic #IvanDemigod s’est imposé. Les partisans en parlent comme d’une révélation.
Ce qui est fascinant, c’est que le joueur lui-même a disparu de la sphère publique.
Son agent, Dan Milstein, a révélé qu’il avait supprimé toutes ses applications de réseaux sociaux pour se concentrer uniquement sur le hockey et sur sa famille. Pas de distraction. Pas de mise en scène.
Juste du hockey pur.
Et le résultat, c’est un jeune homme qui ne calcule pas ses statistiques.
Pendant que son entraîneur cherchait à « le responsabiliser », lui jouait simplement pour gagner. Dans la face du coach: les statistiques qu’il ignore sont aujourd’hui celles qui lui sautent au visage.
Ce que St-Louis voulait, Demidov le fait, mais à sa manière.
Il s’améliore chaque match sans renier son style. Il écoute, il apprend, il observe. Mais il ne se transforme pas.
Et les chiffres prouvent que cette constance finit par payer.
À 5 contre 5, il est déjà 18e dans toute la LNH pour le temps de possession en zone offensive.
Ses passes vers l’enclave sont premières au CH et 24e dans la Ligue.
Et malgré un temps de jeu encore limité (moins de 15 minutes en moyenne), il influence directement la majorité des buts de son trio.
Ce n’est plus un espoir. C’est une valeur sûre.
Pour Martin St-Louis, le message est clair : le talent doit jouer.
On peut encadrer, orienter, protéger, mais pas briser un prodige.
Les joueurs comme Demidov sont des exceptions : ils ne se plient pas à un système, ils le transcendent.
Et s’il veut amener le CH à un autre niveau, St-Louis devra cesser d’avoir peur du génie.
Parce qu’à force de vouloir enseigner l’ordinaire, il risque de se priver de l’extraordinaire.
Après dix matchs seulement, Ivan Demidov est déjà le moteur du Canadien.
Martin St-Louis, lui, n’a plus vraiment le choix : Ivan Demi-god a gagné le débat.
