Champagne à volonté: Ivan Demidov refuse de répondre à TVA Sports

Champagne à volonté: Ivan Demidov refuse de répondre à TVA Sports

Par David Garel le 2025-10-26

C’est une soirée que tout vestiaire attend avec impatience, et que chaque recrue redoute à moitié.

Le fameux party des recrues, rituel incontournable dans le monde du hockey, ce moment où les plus jeunes joueurs d’une équipe passent officiellement du statut de “nouveau venu” à celui de membre à part entière du groupe.

Et hier soir, ce fut au tour d’Ivan Demidov, Oliver Kapanen et Jakub Dobeš de vivre leur baptême montréalais... à Vancouver...

Une tradition bien établie : les recrues paient la facture, peu importe le montant. Et quand on sait que le Canadien a pris l’habitude d’organiser cette soirée dans les établissements les plus chics de la ville où ils se trouvent, on peut déjà imaginer que la note sera salée.

Mais avant le champagne et les blagues d’anciens, Demidov a offert un moment inattendu de télévision à TVA Sports.

Quelques minutes après son match sensationnel, Ivan Demidov a dû affronter un autre type de pression : les questions en anglais de Dave Morissette, Maxim Lapierre et Antoine Roussel sur les ondes de TVA Sports.

Une scène aussi cocasse qu’improbable. On a vite compris que le jeune Russe, 18 ans à peine, faisait de son mieux pour comprendre un anglais… teinté d’accent québécois.

Il a souri, hoché la tête, cherché ses mots. À chaque question, il jetait un petit regard à côté de la caméra. Regardait-il Chantal Machabée pour lui donner de la confiance? Mais il a tenu le coup, avec le calme qu’on lui connaît.

Lapierre lui a demandé s’il avait eu l’impression d’avoir joué son meilleur match jusqu’ici. Demidov, humble, a secoué la tête :

« Non… pas vraiment. Je peux mieux faire défensivement. »

Cette réponse, simple mais révélatrice, a tout dit du personnage. Ce soir-là, tout le monde l’avait vu dominer. Il avait été étincelant sur le powerplay, incroyable dans ses passes, et pourtant, il s’en voulait encore.

On lui a ensuite demandé s’il ressentait l’amour des partisans montréalais. Il a souri timidement, hésité, puis lâché :

« Je me concentre sur le hockey, sur moi-même. » a-t-il affirmé en utilisant la fameuse expression anglaise "I'm locked in", voulant dire qu'il bloque tout le bruit extérieur autour de lui.

Une phrase qui a fait le tour du vestiaire.

Parce que ça résume parfaitement le jeune prodige : fermé, concentré, obsédé par la performance.

Pendant que d’autres s’éparpillent entre les mentions, les stories et les likes, lui se ferme au monde extérieur. Pas par arrogance, mais par discipline. Il veut se protéger de la pression qui dévore tant de jeunes avant lui.

Qu'un jeune de 19 ans ferme ses réseaux sociaux pour se concentrer sur le hockey est incroyable.

Et puis, la question que tout le monde attendait.

Dave Morissette, crampé, lui a demandé s’il allait “prendre un drink ou deux ce soir”, allusion directe au party des recrues qui l’attendait après le match.

Demidov a esquissé un sourire, a regardé la caméra, puis a décroché son micro et ses écouteurs pour les enleber et partir sans rien direl

Un moment de télévision instantanément viral.

Dans le studio, Lapierre, Morissette et Roussel éclataient de rire.

Le jeune Russe n’a pas dit un mot, mais il avait tout compris : le silence, parfois, est la meilleure réponse.

Quelques heures plus tard, la délégation du Canadien s’est mise en route pour le souper des recrues. Une table réservée depuis des semaines, un menu hors de prix, de l'alcool à volonté et une seule règle : les recrues paient.

Selon les rumeurs, les vétérans auraient déjà prévu quelques “activités” pour pimenter la soirée, rien d’exagéré, mais assez pour marquer la mémoire de ceux qui passent par là.

Pour Oliver Kapanen, discret mais apprécié dans le vestiaire, ce sera un premier vrai moment d’intégration... salarial...

Pour Jakub Dobeš, toujours considéré comme une recrue malgré ses 16 matchs l'an dernier, va devoir sortir son portefeuille.

Et pour Demidov, ce sera la découverte d’une tradition nord-américaine à laquelle aucun joueur, aussi talentueux soit-il, n’échappe.

On a beau parler de jeunes millionnaires, la réalité est souvent moins dorée qu’on l’imagine. Oliver Kapanen touche 925 000 $, Ivan Demidov 940 000 $, et Jakub Dobeš 965 000 $.

Sur papier, ça semble énorme. Dans la vraie vie, beaucoup de cet argent s’envole aussitôt qu’il est gagné. Entre les impôts, les agents, les nutritionnistes, les entraîneurs personnels et les spécialistes qui gravitent autour d’eux, chaque dollar est calculé.

Demidov, lui, sait qu’un contrat à plus de 10 millions $ par année l’attend dès l’été prochain, mais pour les deux autres, cette réalité n’existe pas encore.

Le hockey, c’est une carrière courte, fragile, où tout peut basculer sur une blessure ou une mauvaise saison. Alors oui, ils paieront la facture du party des recrues sans broncher, mais derrière les rires, il y a toujours un fond d’anxiété

Pendant ce temps, Lane Hutson rêve éveillé de jouer avec le prodige.

Même Lane Hutson, interrogé plus tôt dans la journée, n’a pas pu cacher son enthousiasme :

« C’est tellement amusant de jouer avec lui. »

« Je commence à avoir une assez bonne idée de ce qu’il veut faire, a lâché Hutson. Je sais ce qu’il recherche et comment il utilise l’espace. J’essaie juste de me démarquer pour lui. Il cherche toujours une ligne de passe, un bâton mal positionné, il veut trouver des gars qui ont de l’espace, donc j’essaie d’en trouver. »

Disons que Hutson n'était pas le seul.

« À ce stade-ci, ça nous épate encore, mais on s’y attend davantage, a estimé l’attaquant Kirby Dach. On l’a vu aller à l’entraînement tout l’été, on a vu ses faits saillants de la KHL avant qu’il arrive. Les joueurs spéciaux font des jeux spéciaux. Ce sera plaisant de le regarder se développer, et ce sera terrifiant pour les autres équipes. » affirme Kirby Dach.

« Il m’a fait une passe incroyable. C’est bien de marquer dans un filet désert ! » a affirmé Nick Suzuki.

Ce soir, il sera celui qui ramasse la facture, celui qu’on taquine, celui qu’on force à faire un petit discours maladroit en anglais.

Mais tout le monde dans la pièce sait qu’à la prochaine mise au jeu, c’est lui qui fera briller les autres.

Ce mélange d'éthique au travail, d’humilité et d’innocence séduit Montréal.

On l’a vu dans ses réponses, dans sa manière de détourner la gloire, dans son refus d’alimenter le cirque médiatique. Il n’a pas besoin d’en faire trop. Il n’a pas besoin de s’excuser d’être bon.

Et ce soir, même entouré de champagne à volonté et de rires, il restera probablement fidèle à lui-même : sobre, attentif, un peu à part.

Il n’aura peut-être aucune idée de combien coûtera la note, ni de la blague que lui préparent les vétérans, mais il comprendra l’essentiel : qu’il fait désormais partie d’une famille.

Celle du Canadien. Celle qui rit, qui perd, qui gagne... et qui fait payer les recrues.

Demidov n’a peut-être pas répondu à la question du drink, mais il a déjà gagné autre chose : le respect.

Et demain matin, quand la facture du restaurant tombera, il rira comme tout le monde. Parce qu’au fond, il aura compris que c’est ça aussi, être un Canadien de Montréal.