Depuis le début de sa carrière à Montréal, Juraj Slafkovsky était perçu comme un projet de développement à long terme.
Un joueur au gabarit imposant, doté de certains instincts offensifs, mais qui semblait hésitant sur la manière dont il devait jouer dans la LNH.
Ce flou dans son identité hockey a culminé avec une confrontation verbale intense avec Kent Hughes, qui n’a pas hésité à lui remettre les pendules à l’heure.
Si le jeune Slovaque a connu un réveil depuis quelques semaines, c’est parce que son directeur général l’a littéralement secoué, et pas de la manière douce qu’on attribue habituellement aux dirigeants du Canadien.
Hughes a confirmé dans une entrevue avec Mathias Brunet et Simon "Snake" Boisvert, lors du balado Processus, qu’il avait perdu patience envers son attaquant.
Et le message n’aurait pas pu être plus clair :
"Slaf, on t’a pas repêché pour devenir le prochain Jack Hughes."
@processushockey « On ne t’a pas repêché pour devenir le prochain Jack Hughes! T’as des atouts que Hughes n’aura jamais et il a des atouts que tu n’auras jamais! » - Kent Hughes à Slafkovsky 🔵⚪️🔴 L’entrevue complète disponible sur le Patreon de Processus demain et partout le vendredi suivant. #ch #Habs #processus ♬ son original - Le Processus
Kent Hughes ne voulait pas tourner autour du pot. Le Canadien n’a pas sélectionné Slafkovsky pour qu’il joue comme un petit attaquant de finesse.
S’il avait voulu ce type de joueur, il aurait tout simplement repêché quelqu’un d’autre.
"T’as des atouts que Jack Hughes n’aura jamais. Mais il y a aussi des atouts que tu n’auras jamais. Alors si tu essaies de jouer comme Jack Hughes, on aurait dû repêcher quelqu’un de différent."
Cette phrase, brutale et directe, a résonné comme une gifle pour Slafkovsky.
Depuis son arrivée à Montréal, il semblait vouloir évoluer en finesse, en cherchant à manier la rondelle comme un joueur plus petit et agile. Mais ce n’est pas ce que le Canadien attendait de lui.
Kent Hughes ne voulait pas simplement l’encourager ou le rassurer. Il fallait changer radicalement son approche.
Dans le fond, Hughes voulait passer le message suivant:
"On t’a repêché pour devenir un power forward, pas une ballerine sur la glace. Il faut que tu commences à frapper, à te salir le nez et à arrêter de jouer du bout du bâton."
Slafkovsky, jusque-là, n’avait jamais été confronté à une remise en question aussi brutale.
Lors de sa première saison, le Canadien l’avait laissé jouer sans trop lui mettre de pression, le laissant s’ajuster tranquillement.
Mais la patience a ses limites, et avec son énorme contrat de 7,6 millions $ qui entrera en vigueur la saison prochaine, il était temps d’exiger plus de lui.
Si l’échange entre Hughes et Slafkovsky a fait autant parler en Slovaquie et à Montréal, c’est qu’il ne s’agissait pas d’une simple conversation entre un DG et un joueur.
C’était une altercation, un moment de tension où le DG a dû hausser le ton.
Hughes a admis qu’il avait tenté, au début, d’adopter une approche plus douce avec Slafkovsky :
"Des fois, on lui disait : 'C’est correct, ne t’inquiète pas, tout va bien aller.' Mais en même temps, quand tu remarques des choses inacceptables, tu ne peux pas avoir peur de lui dire : 'Non, ça, ça ne marche pas ici.'"
Autrement dit, la patience était épuisée. Slafkovsky ne pouvait plus se cacher derrière son statut de jeune joueur en développement. Il devait s’adapter, et vite.
Les mots de Hughes ont été durs, mais ils étaient nécessaires. Et ils ont eu un effet immédiat.
Depuis cette altercation, Slafkovsky a commencé à jouer avec plus d’intensité. On le voit frapper plus souvent, aller au filet, se battre pour la rondelle au lieu d’attendre que les choses se passent d’elles-mêmes.
Ce moment pourrait bien marquer un tournant dans la carrière de Slafkovsky. Un point où il a enfin compris ce que l’organisation attendait de lui.
Dans une ville comme Montréal, les partisans ne tolèrent pas la mollesse, encore moins pour un joueur aussi médiatisé.
Si Slafkovsky veut gagner le respect des fans et de ses coéquipiers, il doit continuer sur cette lancée et prouver qu’il peut être le power forward que le Canadien imaginait en 2022.
Avec un contrat colossal de 60,8 millions $ sur huit ans, il n’a pas le luxe d’échouer.
Les paroles de Kent Hughes résonneront longtemps dans son esprit.
C’est maintenant à lui de décider s’il veut être un joueur d’impact ou tenter d'être quelqu'un qu'il n'est pas.
Il joue bien mieux depuis un bout. Le fait que Hughes ait sauté une coche a tout changé.
Si l’on veut bien comprendre l’impact du DG sur Juraj Slafkovsky, il faut regarder la séquence des événements avec un œil de stratège.
Hughes n’est pas un DG traditionnel. Il est avant tout un agent, un homme d’affaires froid et calculateur. Sa gestion de ce dossier est une démonstration magistrale de l’approche sans pitié qui distingue les grands gestionnaires des amateurs d’émotions.
La façon dont Hughes a géré le dossier Slafkovsky est inédite dans l’histoire récente du Canadien. Habituellement, un DG va attendre qu’un joueur prouve sa valeur avant de lui accorder un contrat lucratif. Hughes, lui, a fait l’inverse.
Il a d’abord signé Slafkovsky à un contrat de 60,8 millions $ sur huit ans, ce qui, en théorie, aurait pu le conforter dans une position de sécurité.
Un jeune joueur, protégé par son statut de premier choix au total, qui sait qu’il va encaisser des chèques massifs pendant près d’une décennie.
Mais ensuite, Hughes a frappé.
Une fois le contrat signé, il a immédiatement sorti le bâton. Il ne s’est pas contenté de dire à Slafkovsky qu’il devait être meilleur. Il l’a ramassé verbalement, directement en face, lui lançant la vérité brutale en plein visage.
Ce moment est capital, car c’est là où Hughes a montré pourquoi il est un DG différent de tous ceux qui l’ont précédé à Montréal.
Si l’on compare Kent Hughes à Marc Bergevin, on comprend tout de suite pourquoi l’ancien agent est en train de bâtir quelque chose de solide là où Bergevin avait fini par perdre le contrôle de son vestiaire.
Marc Bergevin était trop attaché émotivement à ses joueurs. Il avait une relation de grand frère ou de papa avec eux, ce qui l’empêchait de prendre des décisions difficiles au bon moment.
Il leur donnait trop de chances. Il les protégeait trop. Il les maternait presque.
Avec Kent Hughes, c’est une tout autre histoire.
Hughes n’a aucun attachement émotif envers ses joueurs. Pour lui, c’est une question de performance et d’investissement.
Il ne traite pas Slafkovsky comme un fils ou un protégé. Il le traite comme un actif qui doit donner des résultats.
Et quand ce n’est pas le cas, il passe un savon, sans remords.
Il faut lever notre chapeau à Kent Hughes, parce que c’est grâce à lui que Slafkovsky joue enfin comme un "power forward."
Il n’a pas eu peur de dire à son premier choix au total qu’il jouait comme un enfant fragile, qu’il passait son temps à se retrouver sur le derrière, qu’il voulait jouer en finesse au lieu de dominer physiquement.
Depuis cette fameuse conversation avec Hughes, on voit la différence sur la glace.
Slafkovsky ne tente plus de jouer en finesse comme un Jack Hughes "wannabe". Il frappe. Il va au filet. Il protège sa rondelle avec son corps. Il ne craint plus le contact et on ne le voit plus tomber à la moindre poussée.
Cette transformation est le résultat direct de l’intervention de Hughes. Ce dernier a vu où les choses allaient déraper et il a immédiatement corrigé le tir, sans attendre que la situation devienne incontrôlable.
C’est exactement ce qui sépare un DG comme Hughes d’un DG comme Bergevin.
Bergevin aurait laissé traîner la situation en espérant que Slafkovsky s’améliore par lui-même. Hughes, lui, a réglé le problème en une discussion.
Froid comme la glace, efficace comme jamais.
Il est désormais évident que Kent Hughes ne dirige pas cette équipe avec son cœur. Il dirige avec sa tête.
Quand il a vu que Slafkovsky dérivait, il n’a pas attendu. Il l’a ramené sur le droit chemin immédiatement.
Ce n’est pas une question d’être cruel. C’est une question de résultats.
Et avec cette approche froidement calculée, Hughes prouve qu’il est prêt à faire ce que Bergevin n’a jamais osé faire :
Remettre les jeunes vedettes à leur place, sans complaisance.
Ne pas avoir peur d’engueuler un joueur, même si c’est un premier choix au total.
Exiger une transformation immédiate et voir les résultats.
Slafkovsky, qui paraissait perdu sur la glace, joue maintenant avec la mentalité qu’on attendait de lui depuis le début.
Le Canadien avait besoin d’un DG qui pouvait prendre des décisions difficiles sans être freiné par ses émotions.
Il a vu un Slafkovsky en dérive, il lui a mis la pression, il lui a dit ses quatre vérités en pleine face, et aujourd’hui, le joueur qu’on voit sur la glace est complètement différent.
Le message est passé : ici, ce n’est pas une garderie.
Si tu ne performes pas, on va t’arrêter net et te dire exactement ce que tu fais de travers.
Marc Bergevin aurait probablement attendu des années avant de secouer Slafkovsky.
Kent Hughes, lui, l’a réglé en un meeting privé.
Froid comme la glace. Impitoyable. Mais diablement efficace.